mercredi 28 avril 2021

Le monde de Julien

Souvent premiers dans de nombreux domaines, les All Blacks s'organisèrent dès les années 80 pour nettoyer leur vestiaire à l'issue des matches internationaux afin de le laisser dans l'état où ils l'avaient trouvé, et parfois plus propre, quand d'autres équipes s'éloignaient après avoir jeté au sol leurs bouteilles en plastique, leurs bandages et les mottes de terre de leurs chaussures à crampons. Récemment, la vidéo montrant le champion du monde springbok Cheslin Kolbe ramassant les bouts de strapping sur la pelouse du Thomond Park de Limerick à l'issue du quart de finale européen du Stade Toulousain contre la province du Munster n'a pas été sans impact.

Cette prise de conscience fait écho au projet de Julien Pierre devenu réalité en février 2020, juste avant le premier confinement. "Quand j'ai arrêté ma carrière à Pau, j'ai repris les études à la Toulouse Business School et mon mémoire, c'était la création d'un label vert pour les clubs de sports. Tout le monde me disait que c'était une bonne idée. J'ai arrêté d'acquiescer et je me suis mis à la créer." Ainsi est né Fair Play For Planet, société engagée dans le monde sportif pour la protection de l'environnement à laquelle s'est associé la Section paloise, le CA Brive-Corrèze et l'Olympique Lyonnais (football), mais aussi d'autres clubs aux échelons inférieurs et bientôt une grande Ligue nationale.

"A travers Fair Play For Planet, nous voulons mettre en lumière et aider à la structuration du sport éco-responsable par des engagements simples et concrets. Par exemple, que les clubs travaillent avec les producteurs locaux sur des produits bio de saison, avec des fournisseurs d'énergie verte, qu'ils refusent les produits phytosanitaires pour l'entretien de leurs pelouse, et fassent bénéficier leurs supporteurs de réductions tarifaires en synergie avec les transports en commun, souligne-t-il. En fait, tout ce qui peut avoir un impact sur l'environnement."

Au-delà des structures clubs, Julien Pierre apprécie particulièrement l'implication directe des acteurs eux-mêmes, "quand ils refusent l'utilisation du plastique dans l'enceinte du club, par exemple. Mais cela touche aussi la nourriture, les déplacements, de nombreux gestes quotidiens..." Jusqu'à faire de ces joueurs des ambassadeurs pour la protection de l'environnement. "Vu les retours que je reçois, de nombreux sportifs sont sensibles à cette approche. Et pas seulement des rugbymen."

Fair Play For Planet prend sa source aux Sables d'Olonne, en Vendée. "A l'âge de cinq ans, quand je me réveillais le matin, j'entendais le lion rugir dans mon jardin. Nous habitions le zoo créé par mon grand-père Louis, l'un des rares bio-parcs construits en France. J'ai été aussi marqué par l'engagement de mon oncle Pierre pour la protection des espèces et des éco-systèmes à travers le monde en lien avec les populations locales. Le déclic s'est opéré lors de mon voyage à Sumatra en 2009, où j'ai vu des forêts rasées." Le deuxième-ligne international contracta le palu, perdit vingt kilos, faillit arrêter le rugby, mais ramena d'Indonésie des convictions bien chevillées au corps.

"C'est ainsi que j'ai créé une fondation, La passerelle Conservation, dont je suis toujours président et qui, à l'époque où je jouais, m'a pris tous mes mercredi après-midi et mes soirées. Créer m'a permis de penser à autre chose qu'au sport de haut niveau." Propos qui relance le concept de double projet, dont on a vu que le Stade Français s'en faisait le héraut. "Beaucoup de joueurs sont concernés mais peut être pas assez", note Julien Pierre. Désormais, plus loin que les quelques heures de formation par semaine, il s'agit d'inscrire sur le contrat professionnel des joueurs, et donc validé par les clubs, une demi-journée hebdomadaire consacrée à l'immersion dans le monde de l'entreprise ou aux études.

"Ce serait bénéfique pour tout le monde de réussir à généraliser ça. Je ne sais pas si c'est pas mesurable mais que le joueur voit des hommes et des femmes oeuvrer en direct sur des projets ou dans des entreprises ne peut que l'aider, se souvient Julien Pierre. Avoir interrogé les gens autour de moi pour comprendre comment leurs entreprises fonctionnaient durant tous ces mercredi m'a fait sortir de ma bulle de sportif pour m'ouvrir au monde." Ce qui finit par renvoyer, dans une boucle vertueuse, à l'axiome des All Blacks pour lesquels "ce n'est pas le joueur qui fait l'homme, c'est l'homme qui fait le joueur."

mardi 20 avril 2021

Côté fermé

Le sport professionnel n'a jamais eu pour vocation de semer des graines d'humanisme sur les terrains mais plutôt de récolter les fruits mûrs de sa pratique. A cet égard, la tentation a toujours été grande de regarder de l'autre côté de l'Atlantique, et il suffira de constater ce qu'il a été possible de réaliser avec une balle ovale à partir d'un très lointain cousinage avec le rugby des origines, ce football américain dont certaines pratiques prolifèrent autour des rucks et au plaquage. 

A l'annonce de la création d'une ligue fermée composée de douze des plus grands clubs anglais, espagnols et italiens, grande fut la surprise des observateurs des choses du football professionnel européen et terrible leur colère, comme s'ils découvraient soudain que le sport, à savoir ce ballon qui roule de pieds en pieds vers les filets, n'était que l'infime partie d'une économie qui a fait de la vente de maillots floqués une manne bien plus importante que ne l'est un coup-franc dans la lucarne ou une reprise de volée acrobatique dissertés à loisirs. 

Pour retourner aux sources du football, je ne saurais trop vous conseiller la lecture de l'ouvrage signé Basile de Bure intitulé Deux pieds sur terre (éditions Flammarion) qui reconcilie les extrêmes, formation et professionnalisme, banlieue et Ligue 1, jeunesse et histoire, sport et littérature, récit d'engagements et de construction mené avec finesse par un passionné des Lettres et du dribble dont le père, Gilles, fut l'âme d'un petit groupe d'amis qui aimaient se retrouver régulièrement au Bistrot d'Henri, rue Princesse, autour d'un flot de poésie et de quelques nectars.

Nous l'avons écrit ici il y a plus d'un an, qui dit crise - l'actuelle est sanitaire mais pas seulement - dit opportunité, mais il ne nous viendra pas à l'idée pour autant de plaindre le Bayern Munich et le PSG de n'avoir pas sauté en marche dans ce grand train, ne gardant finalement comme viatique que ce fair play si souvent bafoué. A trop miser sur sa puissance financière pour recruter et s'offrir un titre, on finit souvent par trouver plus riche que soi et s'écraser le nez sur un plafond de verre en scrutant le ciel.

Il se murmure que le rugby professionnel français aurait lui aussi dans ses classeurs un dossier de ligue fermée qui ne concernerait, pour le coup, que huit clubs. Une passerelle avec certains clubs anglais, voire sud-africains, aurait même été empruntée. Ce n'est qu'un projet lancé il y a de cela quelques temps mais qui pourrait bien être remis sur le tapis, comme au casino, pour voir, rien que pour voir, histoire de relancer une discussion sous l'éclairage de la Super Ligue.

Cela dit, le rugby d'en France n'a besoin ni du modèle américain ni du marché commun réinventé par les ténors de football de ce vieux continent pour se distinguer. Il vient d'inventer le derby à double détente, la première période sous un maillot, la seconde dans le camp d'en-face, une création bien plus osée que la fusion conçue par le couple Thomas Savare - Jacky Lorenzetti, et je revois encore les suiveurs de tous bords et les lèche-balles courbés à Bagatelle devant le buffet pour s'empiffrer de petits fours en trouvant "tellement génial" ce mariage contre culture, objet non identifiée, ovoîde hétérozygote vite dégonflé.

Pour le cas où des clubs français auraient l'intention de singer le football d'ici dans ce qu'il a économiquement de plus libéral, juste leur rappeler qu'en 1930, devant la menace d'exclusion de la France du Tournoi des Cinq Nations pour faits de professionnalisme - déjà - , dix puis bientôt quatorze clubs créèrent une fédération dissidente, l'UFRA (Union française des clubs amateurs) dont le but, ainsi que l'indique sa raison sociale, était de redonner tout son éclat à l'amateurisme. 

Cette initiative dura deux saisons, comme autant de titres remportés par le Stade Toulousain, mais surtout, elle favorisa le création du Jeu à XIII en France. Je ne résiste pas à la tentation de vous servir la déclaration d'un président des Quatorze au moment de rendre les armes et de rentrer dans le giron de la FFR, dégouté qu'il était de voir la tournure prise par cette secession, : "Dans ces conditions, ce n'était plus possible, ironisa-t-il en parlant des joueurs. Il fallait les payer plus cher pour qu'ils restent amateurs..."

Et si l'enfer est ainsi pavé de bonnes intentions, force est de constater que le rugby français du temps de l'amateurisme "marron", des dessous-de-table et des primes déguisées, n'a jamais vraiment déraillé : il s'est réinventé. Du coup, on aiguisera le double tranchant du constat à la fois goguenard et désabusé de ce dirigeant à l'heure où ceux qui poussèrent de toutes leurs forces dans les années 90 pour que le rugby sorte de sa gangue sont les mêmes qui regrettent amèrement que la boite de Pandore ne se soit pas refermée sur les rebonds un peu traîtres du néo-libéralisme.

lundi 12 avril 2021

Entre les deux tours

Au risque de finir en aporie, cette chronique doit vite évacuer l'incompréhension du week-end dernier : comment quatre des plus belles équipes françaises ont-elles pu livrer aux yeux des téléspectateurs attristés deux prestations chloroformées ? Deux quarts de finale à zéro essai le même jour doivent pouvoir trouver place dans le Guinness Book, cette boisson préférée des Irlandais lesquels se demandent bien ce qui les attend à La Rochelle qu'ils ont vu pulvériser les Anglais de Sale à pourtant forte densité sud-africaine... 
Ainsi va la Coupe d'Europe remodelée pour cause de Covid-19, matches de poules tronqués et phase finale tirée au sort, laissant au destin le soin de déterminer les oppositions. Ainsi la province du Leinster débarquera en Aunis début mai et nous aurons le temps d'y revenir. En attendant, du côté de Dublin, nombreux sont ceux qui se demandent ce que ce diable de Ronan O'Gara, l'ancien roi du Munster deux fois champion d'Europe en 2006 et 2008, peut bien avoir commencé à fomenter entre les deux tours.
Désormais musclé dans toutes ses lignes grâce à un recrutement ciblé - dix-neuf internationaux - depuis quelques saisons déjà, le Stade Rochelais, demi-finaliste du Top 14 en 2017 et en 2019, poursuit son ascension, en témoigne son billet pour le dernier carré de Coupe d'Europe décroché avec panache et virulence, samedi, sur sa pelouse d'un stade Marcel-Deflandre qui fut le théâtre, naguère, d'une prise de position inoubliable. La grande salle de réunion située dans la tribune présidentielle vit, au soir du 28 novembre 1977, joueurs, entraîneurs et dirigeants refuser à la majorité la venue du capitaine des All Blacks, Graham Mourie, au motif qu'il était préférable de privilégier les enfants du club, issus de l'école de rugby. 
C'est ainsi que la troisième-ligne de l'époque composée de "Bébert" Dieu, Thierry Dagusé et Philippe Bonnarme continua d'évoluer dans cette composition en Première Division, hissant l'épisode Mourie au rang de décision exemplaire, vote démocratique salué ainsi par Denis Lalanne dans les colonnes de L'Equipe : "Le problème, pour les clubs de dignité, n'a jamais été de chercher du renfort de l'autre côté des océans mais plutôt de garder ses enfants au bercail. C'est l'honneur du rugby français que de compter encore en son sein des équipes capables de commettre des gaffes grandioses aux yeux de tous les experts du noble jeu.
Gaffe grandiose, donc, diluée un demi-siècle plus tard dans le professionnalisme ovale. Autre temps, autres moeurs... Aujourd'hui, à ma connaissance, sur la feuille de match que présentèrent les dirigeants rochelais face à Sale n'apparaisaient que deux enfants du club, remplaçants : le demi de mêlée Jules Le Bail et le deuxième-ligne Thomas Lavault. Tel est sans aucun doute le prix que doit payer un club enclavé désireux de se hisser vers les sommets. 
Pour avoir porté le maillot du Stade Rochelais jusqu'en juniors avant de rejoindre Poitiers afin d'y suivre des études universitaires et le Stade Poitevin, alors en troisième Division, pour me frotter au rude univers des seniors, je peux témoigner des vertus de la formation rochelaise, cette école de rugby créée par Arnaud Elissalde qui était aussi une école de vie et, n'ayant été qu'un modeste joueur parmi tant d'autres, mes éducateurs - Claude Bas, Robert Puyfourcat et "Loulou" Courthès - surent néanmoins éveiller en moi quelques ressources insoupçonnées dont je sens bien qu'elles me constituent encore aujourd'hui. 
Après avoir refusé au nom de son ADN l'âme des All Blacks, à savoir Graham Mourie, La Rochelle peut aujourd'hui se réjouir de compter dans ses rangs le double champion du monde néo-zélandais Victor Vito, atout vital au coeur d'un dispositif aussi tranchant qu'inventif dont on sent bien qu'il est construit depuis une demi-douzaine de saisons pour décrocher un titre, qu'il soit domestique ou européen. Descendu il y a vingt ans en ProD2, remonté de façon durable en 2014 en Top 14, figure de proue à la lumière de son éclatant succès sur Sale, le Stade Rochelais, solidement toilé, est désormais en passe de remporter son pari hauturier.

lundi 5 avril 2021

Le procès

Il n'y a pas plus important glissement de la réalité que celui enregistré sur une bande vidéo et repassé à l'infini sous tous les angles. Personne n'y trouvera jamais ce qu'il y cherche, tellement la vérité - mais existe-t-elle vraiment sous la forme qu'on aimerait qu'elle prenne : objective et insécable - s'immisce là où on ne l'attend pas, là où on ne la cherche pas. En rugby, et sans doute aussi dans la vie, elle est immédiate, vivante, lové dans l'instant présent. 

Elle n'est pas réponse, cette vérité ovale, puisque la question ne devrait pas s'imposer. Il y a ou il n'y a pas, et c'est au référent des règles, au directeur de jeu, d'arbitrer. C'est-à-dire de soupeser sans peser trop lourdement. Tout un art qui semble aujourd'hui perdu, évanoui, tellement éloigné des préoccupations du corps arbitral contemporain noyé dans les allers-retours avec le car-régie et ce nouveau juge implacable dont l'avis fait loi, avec ses yeux de pack, assis dans le noir face à un écran où défilent les minutes d'un match comme on parle de celles d'un procès.

Si le cinéma est un mensonge magnifié au rang d'un art, le septième, - clin d'oeil à l'ami Seb - l'arbitrage vidéo ressemble davantage, lui, à un fléau chronophage, virus télévisuel qui s'amplifie dans l'embarras de réponses qui, de toute façon, ne trouveront jamais à étancher la soif des interrogations désormais trop souvent posées comme on se débarrasse d'un poids sur la conscience en passant la patate chaude à son voisin. Les apprentis Salomon tranchent parfois dans le tendon de matches au cordeau, rencontres nerveuses qui nous ravissent mais finissent par se terminer en eau de boudin au fil de ces arrêts intempestifs devant la bande passante, lassante.

A l'évidence, et selon nos sources, World Rugby se penche déjà sur un protocole - un nouveau, un de plus - qui aura pour vocation d'éteindre la polémique naissante dont on entend gronder les vagues de mécontentement dans tous les salons de passionnés. Il devra aussi redonner sa place (et toute sa place) à l'arbitre de champ, dont on voit bien qu'à défaut d'être le seul maître à bord - où sont passés les héritiers de Gwynne Walters, Georges Domercq et John West, eux qui donnèrent leur lettre de noblesse à ce rôle si ingrat ? -, il s'en remet à d'autres pour l'harmonie, le tempo et le rubato de ces matches qui parvinrent malgré cette absence de direction à nous ravir le week-end dernier.

Ces huitièmes de finale ont propulsé cinq clubs français - le Racing 92, Bordeaux-Bègles, Clermont, Toulouse et La Rochelle - en quart de finale. Il s'agit bien de l'élite de ce tant décrié Top 14 que certains observateurs affublent régulièrement de tous les maux et qui, même si j'avoue volontiers qu'il m'irrite parfois les soirs d'hiver quand il arrive que certaines équipes alignent des prestations sans relief - demeure la plus féroce compétition de clubs au monde, tellement relevée qu'aujourd'hui ils sont dix à pouvoir se qualifier en phase finale pour seulement six places disponibles, c'est dire le nivellement par le haut qu'il faut bien finir par reconnaître.

Ainsi cet entraîneur m'assurant sur le ton de la confidence que "le niveau des équipes de bas de classement du Top 14 était très nettement supérieur à celui de certaines provinces galloises ou écossaises" a bougrement raison si l'on considère les déroutes d'Edimbourg à La Défense et de Llanelli à domicile, dimanche dernier. Sans augurer de la suite, pour se hisser en demi-finale le Stade Rochelais aura fort à faire avec Sale tandis que pour beaucoup de connaisseurs, l'un des finalistes se trouve dans le quart "exotique" qui oppose Exeter (tenant du titre) au Leinster, multi-titré. Dans l'autre moitié du tableau, quatre des meilleurs clubs français du moment se disputeront afin d'arracher de haute lutte deux places.

Si elle semblait bancale à défaut d'être injuste considérant le peu de journées qui lui furent allouées dans un calendrier chamboulé par la crise sanitaire, avouons que cette Coupe d'Europe a repris vie et, dans l'attente de quarts de finale qui s'annoncent très disputés, nous ne pouvons que savourer le plaisir partagé de performances qui frisent le haut niveau international en terme d'engagement et d'innovations, en témoignent certaines combinaisons de jeu en première main derrière touches et mêlées. Il n'y a plus qu'à espérer que les prochaines confrontations franco-françaises se montreront à la hauteur de ce standing européen.

"Plus un feu jette d'éclat, plus tôt il s'éteint," écrit Sénèque dans ses Consolations (XXIII). Remplaçons une consonne et feu devient jeu. "Il est plus vivace si, aux prises avec un matériau résistant et difficile à brûler, il est étouffé par la fumée et luit faiblement : la raison pour laquelle il se nourrit mal est aussi la raison pour laquelle il reste allumé. De même, plus une nature est brillante moins elle vit ; là où il n'y a plus d'amélioration possible, le déclin est proche." Il faut imaginer que ceux des clubs qui illuminèrent notre week-end passé après avoir brûlé leurs bateaux ont une envie quasi existentielle de s'enfoncer plus avant, tels des défricheurs, dans cette terre inconnue qu'est leur phase finale.