mercredi 24 juillet 2019

L'Etape du Tour (1/2) : quand s'ouvre la quête


Dimanche 21 juillet, mon ami Christophe Schaeffer (51 ans, 1,73m, 62 kg, soit le gabarit de Julian Alaphilippe, l'âge en plus), co-auteur du Dictionnaire des penseurs (Honoré Champion Editeur, 2018), philosophe et sportif émérite (entre autre demi de mêlée du Plaisir RC) a couru L'Etape du Tour, épreuve pour cycliste amateur organisée par ASO en marge du Tour de France qui consiste à emprunter le parcours des champions. Cette fois-ci, il s'agit de la vingtième et avant-dernière étape (135,5 kms, trois cols dont un hors-catégorie pour 4303 mètres de dénivelé positif) entre Albertville et Val Thorens. Il monte un vélo Canyon tout carbone de 7,2 kg (marque choisie par Movistar et Katusha), avec un pédalier Shimano (11 vitesses, plateaux 50/34 et cassette 11/32) et des roues DT Swiss (jantes basses en alu). Pour Côté Ouvert si bien nommé, notre Parménide des alpages livre une chronique aux jarrets feuilletonnée. Episode 1. 
"Pour les beaux yeux de la petite reine, je roule entre 8 000 et 10 000 kilomètres par an, participe à des challenges de type cyclo-sportif, pars chaque été à la montagne pour franchir les cols mythiques du Tour de France. Tout ceci pourrait amplement suffire à ma modeste vie de cycliste amateur… Mais voilà qu’un jour, au cours d’une discussion anodine avec un vélociste (devenu ami), je l’entends dire et à mon attention, un rien provocateur dans la voix : « Si tu n’as pas fait L'Étape du Tour, tu ne peux pas dire que t’es un vrai coureur cycliste ! » Allons donc. Intrigué, piqué au vif dans mon orgueil, moi qui croyais en être un, je veux dire de « vrai coureur cycliste », je lui réponds, sans trop réfléchir : « Ok, très bien ! Je vais m’inscrire, je vais la faire ton étape ! »
L'aventure commence donc ici. Six mois avant le jour J : 21 juillet 2019. Je suis dans le sas 14. « Nous partîmes mille, mais par un prompt renfort, nous nous vîmes quinze mille à Albertville, à nous voir rouler avec un tel visage, les plus épouvantés reprenaient de courage. »  Avant que le départ ne soit officiellement donné, j’attends à côté de mon vélo, parmi d’innombrables frères d’armes qui s’apprêtent à livrer une bataille contre cet adversaire redoutable qu’est la souffrance bien que tout le monde ne parle ici que de « prendre du plaisir ». Une manière de se rassurer peut-être ou d’assumer une forme de masochisme…
Dans un cas comme dans l’autre, je suis prêt. Sous mon dossard 14 055, les trois poches arrières du maillot sont bourrées à craquer : gels et barres énergétiques, une chambre à air de rechange, coupe-vent pour les descentes, quelques outils au cas où… La veille, j’ai essayé de me coucher tôt, mais le sommeil a joué à cache-cache avec moi. Le réveil a sonné à 5h30. À peine debout, je me suis forcé à engloutir deux œufs au plat avec du bacon sur une tranche de pain, plus un yaourt. Pas faim. Peu importe. La plus grande angoisse du cycliste, amateur ou pro, c’est la fringale. Alors, on avale ! Le vrai menu qui m’attend, lui, est XXL : plus de 4 000 mètres de dénivelé avec, dès les premiers kilomètres, une belle bosse à encaisser. Il va falloir être costaud.
8h45. C’est parti ! Comme le dirait Albert Londres, les forçats de la route sont lâchés. Un vrai sentiment de libération… Première sensation extraordinaire : les routes sont exclusivement pour nous et le public est venu nombreux pour nous encourager. Gendarmes, motos de direction de course, médecins, fléchages des îlots directionnels, bénévoles avec drapeaux ou sifflet pour signaler un danger,  tout y est… « Ma parole, je fais le Tour de France pour de vrai ! » L’émotion me submerge, mais c’est déjà la première bosse qui arrive après seulement deux kilomètres. La route s’élève. Je reste très concentré. Rouler en peloton s’apprend. Il y a des règles à respecter. La vigilance est de mise. Le paysage s’annonce magnifique, c’est cependant la roue du gars qui me précède que je ne perds pas de vue.
Kilomètre 21,7 : le pied du Cormet de Roselend, via le col du Méraillet. Première grosse difficulté de la journée. Vingt kilomètres d’ascension, répertoriés en Catégorie 1. C’est du sérieux. « Ne te mets pas dans le rouge ! Vas-y tranquille. Ne cherche pas à prendre la roue d’un mec s’il te dépasse… » C’est ce que je me répète. Sur mon compteur, je contrôle ma fréquence cardiaque, les watts développés et la cadence de pédalage. Ce sont les trois paramètres les plus essentiels. Je connais ma Fréquence Cardiaque Maximale (FCM) et donc le seuil anaérobie avec la zone où je vais commencer à produire du lactique, donc à me mettre dangereusement dans le rouge.
J’ai envie d’appuyer plus sur les pédales, mais je sais que ce n’est que le début des réjouissances. Il faut savoir se préserver, être patient. Je dois juste trouver le bon coup de pédale, la bonne carburation. Ni trop ni pas assez. Dans les premiers kilomètres du col, on entend encore parler. Il y a toujours des bavards dans un peloton. Des mecs qui racontent leur vie. Puis, progressivement, le silence se fait. On entend bientôt plus que les chaînes fredonner sur les pignons et les respirations en crescendo qui l’accompagnent. C’est la musique que je préfère. Un concerto en effort majeur.
J’arrive au sommet de Roselend (photo ci-dessus). Kilomètre 41,6. Mes sensations sont plutôt bonnes. Je sais maintenant que j’ai une vingtaine de bornes en descente qui m’attend. J’appréhende. Descendre est un art périlleux. Dans ce contexte, plus que jamais, car il y a énormément de trafic. De façon générale, descendre n’est pas le moment où l’on se repose (sauf à jouer les touristes). On est à bloc dans la concentration et la tension. Chaque virage doit être anticipé dans sa trajectoire en prenant en compte celle du gars qui est à côté de vous. C’est aussi le moment de s’alimenter : un gel, une barre, une banane, bref, il s’agit de recharger l’organisme en énergie pour les difficultés à venir. Surtout : ne pas oublier de boire ! Je regarde mon compteur, je suis à plus de 75 km/h.
Pas évident de gérer à cette vitesse l’ensemble de ces nécessités. Dans les virages en épingle à cheveux, je me retrouve presque à l’arrêt. Les coups de frein sont puissants et il faut savoir doser entre l’étrier de devant et celui de derrière sous-peine de partir en dérapage ou de bloquer la roue avant, donc de finir par terre ou, bien pire, dans le ravin. Le revêtement est bon, je sens que mes pneus accrochent bien l’asphalte dans les virages. Mais l’ennemi du cycliste, c’est le gravier. La chute peut survenir à n’importe quel moment. Je suis aux aguets.
Kilomètre 74,3. Pied de la côte de Longefoy. Catégorie 2. Environ quinze kilomètres d’ascension. Je déraille au pied ! Ça commence mal… Saut de chaîne dans un trou au moment de passer du grand au petit plateau à pleine vitesse. Un classique du genre. Je repars après deux minutes, les mains noires de graisse et de transpiration. La côte est difficile, mais je garde une bonne cadence de pédalage. Mon cardio est limite au seuil. La chaleur devient assommante. En haut de la côte, on bascule vers une nouvelle descente, beaucoup plus technique que la précédente. La chaussée est mauvaise et très étroite. Avec la fatigue qui pointe le bout de son nez, mes mains commencent à se tétaniser sur le cintre et les leviers de freins ; mes cervicales me rappellent à l’ordre. Je sens un début crampe aux ischio-jambiers.
Pas de panique. Je tente de faire quelques étirements sur le vélo, bois encore davantage. À la suite de la descente, un long faux plat montant d’une dizaine de kilomètres nous attend avant de se retrouver à Moûtiers, au pied de Val Thorens. Les difficultés s’enchaînent à un rythme soutenu. Ce type d’étape dite « courte » est en réalité bien plus exigeant que celles plus longues courues en montagne. La raison tient au fait qu’il n’y a aucune plaine parcourue entre deux ascensions. Or, c’est précisément là où il est possible de reprendre des forces, voire de se reposer, calé derrière la roue d’un équipier occasionnel."
La montée vers Val, à suivre jeudi 25 juillet...


24 commentaires:

  1. Juste l'impression d'être sur le vélo, à vivre en direct ce qu'il écrit. Le coup du saut de chaîne, j'en avais les mains noires pour lui. Mais pas marre, j'ai continue à lire et qu'est ce que j'apprends ? Que c'est finit pour aujourd'hui et qu'il faut attendre jeudi la suite au bord de la feuille de route. Putain, j'étais bien dans le tempo, encore sur le grand plateau. Les pneus adhéraient bien à la plume de Christophe, Et freinage brutal, parti en dérapage sur mon écran tactile. J'ai le cerveau tout trempé. Allez je reprends un grand coup de bibine à la santé d'Antoine Blondin ou de Christophe, j'sais plus, pour pas risquer une nuit blanche. ASO, ils sont fous ces cyclistes. Allez, ben je reprendrai mon android demain pour venir aux nouvelles de la suite qui promet d'ètre relevée. Faut que je prévoie un bon p'tit déj...

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    1. rectification de mon éditeur : "...grand coup de bibine, histoire de ne pas avoir soif de la suite toute la nuit"...

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    2. Assez relevée en effet Sergio ! Pas de faux col... sur un risque de mise en bière.

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  2. Je suis une brêle à vélo, une Brel car ce plat pays n'est pas le mien hélas ... Entourée de montagnes, vivant au sommet d'une côte que seule Jeannie Longo- oui, la vraie Longo ! - avale sans difficulté je me suis longtemps couchée de bonne heure ... ou tard, pour rêver à cette impossible conquête . En revanche je prends n'importe qui sur vélo fixe, ouais ! même Lulure en danseuse ! Inutile de vous dire combien vivre enfin une étape "de l'intérieur" est une sensation indicible .
    C'est marrant mais avec Richard il est souvent question de jarrets ou de cuissots ( cf chronique précédente) donc plus les jambes que la tête . Sauf que pour avoir croisé Christophe un jour, la tête a encore plus d'importance d'où ce bel article qui vous laisse haletant . Philosophe je savais, guitariste aussi, artisan des lumières au théâtre et le voilà donc cycliste . Protée ... oui et Parménide aussi .
    Emouvante présentation de ce duo infernal : à ma gauche le cycliste - mensurations et pedigree complet - à ma droite le vélo - spécificités techniques auxquelles je ne comprends rien mais avec les mots magiques Canyon, Shimano . Les deux ensemble ça va chauffer !
    Tout est bien l'artiste peut entrer en scène ; la lumière sera belle et le décor somptueux . Reste l'intérieur de la tête ; car oui Mesdames et Messieurs le coureur pense ! Et me revient L'invitation au voyage de Baudelaire : Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur...
    Sauf que "mon enfant songe à la douleur" serait sans doute plus exact . L'enchaînement des difficultés, l'absence de plaine entre les ascensions ; qui est assez fou pour imaginer de tels parcours ? Regardez vivre les animaux - chamois, bouquetins ... oui c'est local - tous choisiront le tracé le plus simple et le moins dangereux pour leur survie . Pas Christophe, non lui c'est un casse cou de la bécane, un repousseur de limites du cadre, un jusqu'au boutiste de la pédale . On dirait pas à le voir, il a l'air tout à fait normal . Sauf le regard ; un je ne sais quoi amusé à l'avance, les yeux tournés vers l'intérieur . Le regard frise et les yeux se plissent à l'évocation du prochain projet qu'il a en tête .
    Belle aventure que cet "inside Christophe Schaeffer" , allez une bande son en accord ? https://www.youtube.com/watch?v=ZTzH4he7hP8&list=PL83_AwNxbCm8fFqQzPiI-H0_dG8GpKi_v

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    1. Sylvie, je ne sais plus à quel moment, je crois que c'était au sommet de Longefoy, une sono hurlait du Brel ! Si, pour de vrai ! C'était complètement surréaliste. Ce qui est encore plus étrange, c'est que je ne me souviens plus exactement si c'était justement "Le plat pays" ou "Ne me quitte pas". Dans le premier cas, il s'agissait sans doute d'un souhait inconscient de ma part afin qu'on en finisse enfin avec toutes ces ascensions (entre nous, le plat pays n'est d'ailleurs pas si plat). Dans le second cas, c'était une façon de considérer que l'amour pour le vélo est assez douloureux (sans blague !) mais qu'on refuse cependant de renoncer à sa souffrance... Dans les deux cas, j'ai adoré ce moment ! Merci aussi pour la "bande son"... Je mets moi aussi de la musique partout. Chaque moment de vélo dans l'effort qu'il consacre a d'ailleurs sa partition, sur le plat, en côte, etc.

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  3. En tout cas, merci à Christophe d'avoir répondu si vite et si bien à ma proposition. Ce blog devient alors "Côte Ouverte"...

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  4. Question de charnière ! Merci à toi. Je laisse aux suiveuses et suiveurs du périple jaune prendre connaissance de l’épilogue avant de m’avancer plus en avant sur la vélosophie :)

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  5. "Un concerto en effort majeur" comme je le comprends !
    Bernard Landais

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    1. Effectivement. J'adore cette formule. Si belle sk vraie

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  6. tout d'abord, félicitations à Christophe pour son engagement dans un tel périple. j'aime ces courses de masse, quel que soit le sport, où les pros, semi pros, pseudo pros, amateurs éclairés, amateurs tout court, blaireaux (pas le Bernard d'Yffignac)se cotoient avec force matériel, gadgets, astuces...
    on mélange un peu de soi avec les collègues.
    et puis, c'est la boule du départ, vite se jauger avec la peur d'arriver le dernier (il en faut bien un) et se dire que l'aventure va être belle ou infernale mais ce sera une aventure
    et puis le spectacle de la montagne, effrayante en bas, magnifique en haut ou l'inverse quand on descend.
    et le nivellement naturel où l'on se fait des copains pour la journée, voire plus, en ce promettant de se retrouver l'an prochain, mieux préparé (l'ami Christophe l'est déjà suffisamment), la promesse de se faire un régime pour en avoir moins à trainer la prochaine fois.
    enfin, les noms qui font peur, Croix de fer, Glandon, Vars, Izoard, Galibier, Madeleine, Roselend, Iseran une année, Aubisque, Soulor, Tourmalet, Aspin, Peyresourde l'année suivante.
    tu fais rêver et envie de reprendre sérieusement le vélo, Christophe, plus que les vrais pros, les inaccessibles.
    reste plus qu'à nous reposer à l'ombre à Moutiers (parce qu'ici le soleil, on l'entrevoit de midi à 13h30) et jeudi l'entame des 35 km qui mènent au paradis
    bravo et merci de nous faire vivre cette journée exceptionnelle

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    1. Oui, Philippe, je te rejoins. C'est l'Aventure qui compte ! Et je peux te dire que celle-ci est majuscule. J'ai déjà embarqué des potes sur le porte bagage pour l'année prochaine... Demain, le paradis, le purgatoire ou l'enfer ?

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  7. C'est grisant! Même si on n'est pas cycliste...on y est. Les descriptions sont captivantes, bravo pour l'endurance, le courage et le partage!!
    Bravo Christophe!!!

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    1. Merci cher vous, tu, ami(e)... Un bien n'est agréable que si on le partage, disait Sénèque, un bon capitaine de route.

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  8. Je me souviens de mon premier tricycle.
    Je me souviens de ce hublot au travers duquel un jour, j’envisageai mon Tour à moi.
    Je me souviens de ma première montée du Faron.
    Je me souviens de la beauté du paysage comme un cadeau après l’effort. Altitude/plénitude...parce que pendant !
    Je me souviens m’être offert un ballon, en Alsace, après avoir remonté le cours de l’histoire.
    Je me souviens du “Z” formé par les premières pentes de l’Alpe d’Huez.
    Je me souviens avoir été transcendé par les hurlements de hordes bataves rêvées tandis que solitaire, j’enchaînais les lacets.
    Je me souviens avoir quitté Bédouin gonflé comme un chameau et sec comme raisin au sommet du mont pelé.
    Je me souviens en avoir bavé comme jamais à peine la stèle du Sieur Simpson dépassée.
    Je me souviens de ces cyclistes (je monte en courant) me prenant pour un dingue, compliment que je leur retourne bien volontiers.
    Je me souviens m’être dit “mais qu’est-ce que je fous là ?”
    Je me souviens m’être dit “Je suis vivant !”

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    1. je me souviens quand tu as composé la Ve symphonie ça faisait Pom Pom Pom Pom ; toujours vivant et toujours étincelant ! 😊🍓

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    2. J’me suis pris en main, Gariguette.
      Que veux-tu, la cinquième, c’est mon destin 😉😘

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  9. Je me souviens que le Sieur Schaeffer a, d’un coup d’un seul fait remonter ces souvenirs à la surface :-)

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    1. Jean-Michel, tu ne crois pas si bien dire... Tu verras demain !

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  10. https://www.radio.cz/fr/rubrique/sport/marketa-navratilova-25-ans-de-tour-de-france-et-de-velo-en-photos
    De magnifiques photos dont celle du christ au passage du peloton, les damnés de la terre

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  11. Pas de vélo sans soi !
    La bicyclette celle dont rêve tous les enfants un jour de Noël. Celle qui succède aux premiers pas pour vous faire comprendre que la vie devient un équilibre naturel si l'en est un. Les premiers kilomètres sont empreints de prudence légitime laissant place très vite à l'insouciance fougueuse de vouloir montrer aux autres que l'on maîtrise la bécane sur tous les terrains. Souvenir de mon enfance et de mon adolescence cyclotouriste ou le vélo représentait la liberté. Plus précisément, à l'époque des mobylettes, j'ai le souvenir avec mon course Peugeot, 5 pignons à l'arrière, 2 plateaux à l'avant (52,44) d'avoir eu raison d'une Malagutti 50cc sur une immense ligne droite et de l'avoir grattée pour le prestige. Epoque désuette aujourd'hui ou je me comparais à Pingeon, Poulidor, Merckx, Anquetil ou Van Impe. J'aimais bien aussi Agostino, rude agriculteur et fin grimpeur mort pour un chien en l'absence de service médical. Ce n'était qu'un au revoir au vélo pour mieux y revenir dans ma période d'internat ou je faisais du biathlon (course, vélo), 1m81, 74-76 kg. Je n'ai jamais fait les grands cols alpins, Pyrénéen que je suis ni chez moi hormis à voiture. Voeu pieux de combler cette lacune dans les années à venir contrairement à mon père. Je me suis donc frotté aux pénibles dénivelés lotois ou je faisais 80 à 120 km 4 fois par semaine en plus de la course à pieds et de l'aviron. Le plus important n'était pas la performance quoique mais l'effort accompli et la recherche du surpassement de soi et de connaître ou pas ses limites. Le vélo est un fabuleux juge de paix en soi ou il est impossible de tricher. Le mental se forge au fil des kilomètres, le corps vous donne raison dans la quête du Graal jusqu'au moment où vous basculez dans le vide. Vous êtes exsangue, sans ressources, obligé de rendre les armes face à l'adversaire qui reste votre fidèle compagnon le vélo. Belle leçon d'humilité ou le Soi vous fait comprendre que le vélo est un abysse charnel et spirituel dans lequel il faut savoir aller puiser pour trouver peut être certaines réponses philosophiques qui se dessinent au gré de tours de pédales

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  12. Abysse du ciel aussi. Le vélo est une longue méditation. Chaque pignon, chaque cran est un prolongement de soi dans l’effort. La performance n’est pas chronométrique. Elle est dans la rencontre avec l’indéchiffrable. Je suis dans ta roue Tautor !

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