dimanche 20 février 2022

Plein la panse

Avant que vous ne présentiez votre billet d'embarquement pour Edimbourg, juste un petit rappel : le dernier succès d'un XV de France à Murrayfield dans le Tournoi des Six Nations remonte à 2014. Sur la feuille de match ne reste de cette victoire (19-17) que Brice Dulin. Et encore, n'occupe-t-il aujourd'hui qu'un rôle de figurant - ce qu'il regrette - dans la liste des quarante-deux qui préparent à Marcoussis cette troisième levée qui peut faire basculer le XV de France vers un possible Grand Chelem. Ou pas. 

Effectivement, c'est loin, 2014... Philippe Saint-André entraînait l'équipe nationale depuis deux saisons, Fabien Galthié chroniquait pour L'Equipe, Sébastien Vahaamahina était titulaire en troisième-ligne aile à la façon d'un Benazzi avant lui - le talent en moins -, et ce XV de France l'avait emporté (19-17) au rabais sans fonds de jeu ni leaders. On en a presque oublié que Jean-Marc Doussain, héros malheureux en 2011, avait été cette fois-ci présenté en sauveur, son but de pénalité réussi à la 78e permettant de sauver ce qui apparaissait à l'époque comme l'essentiel.

Deux ans plus tard, Guy Novès tenait entre ses doigts les clés du camion bleu. Il avait presque tout misé sur la vitesse, le grand large, à l'aile la vie est plus belle... Gaël Fickou et Uini Atonio se souviennent de cet épisode car aucun de leurs coéquipiers n'était parvenu à surnager au sein d'un XV de France englouti (29-18) par le réalisme calédonien. Florilège d'en-avants, cette prestation s'était autodétruite, les Tricolores s'avérant incapables de tenir le rythme qu'ils avaient eux-mêmes imposé. Espérons que Fabien Galthié, qui avait si bien analysé à l'époque depuis la tribune de presse l'absence coupable d'alternance large-ras, saura se souvenir samedi, quelques gradins plus bas, des conséquences de cet aveuglement coupable.

En 2018, Jacques Brunel revenu aux affaires pour occuper le poste laissé vacant après l'expulsion de Novès de Marcoussis par le duo Laporte-Simon, nous avions cru que ce XV de France, qui menait 17-7 à la demi-heure de jeu, pourrait remporter le bras de fer qu'il avait magnifiquement initié dès la 3e minute avec l'essai sidérant de Teddy Thomas, conforté par son doublé à la 27e. Hélas, le niveau d'intensité s'avéra trop élevé pour des Tricolores qui encaissèrent six buts de pénalité et finirent asphyxiés, 32-26.

Nous voilà maintenant arrivés à l'ère Galthié. Ce 8 mars 2020 de triste mémoire, François Cros hérita d'un carton jaune dès la 5e minute, Romain Ntamack sortit sur commotion à la 8e - remplacé par Mathieu Jalibert -, et la performance de Mohamed Haouas vira au rouge à la 37e, le pilier héraultais n'ayant pu réprimer la tentation d'un crochet. Pour faire bonne mesure, Adam Hastings, le fils de Gavin, surclassa l'infortuné Jalibert, et c'est sur le score sans appel de 28-17 que s'éteignirent les rêves français de Grand Chelem. Battu au sol et dans les airs, bloqués par les plaquages et les grattages écossais, le XV de France vécut un calvaire.

J'ai demandé à mon ami Scott Hastings, le frère de Gavin, quelle analyse il pouvait nous livrer, pour Coté Ouvert, de la situation. Et d'abord pourquoi la France ne parvenait-elle pas à s'exprimer pleinement une fois à Edimbourg. "Disons que notre passion pour le rugby, pour notre pays, pour notre équipe, atteint des sommets à Murrayfield. Certes, vous pourriez voir cela comme des éléments périphériques au match, mais ça compte, je vous l'assure, quand vous êtes sur le terrain. Même si c'est un tout petit peu, ça compte...

Mais enfin, Scott, Flower of Scotland, deux rasades de single malt, les cornemuses dans le vent et la main sur le chardon, ça n'a jamais fait gagner personne ! Si l'émotion était un facteur de réussite, l'Ecosse serait depuis longtemps championne du monde... "La clé, face aux Français, c'est principalement la défense, précise-t-il, alors, plus spécifique. Elle demande beaucoup de précision à l'impact, dans le choix de l'angle du contact. Il est crucial de ne manquer aucun plaquage, sinon les Français ouvriront notre défense en deux. J'ai la conviction que c'est dans ce domaine où, samedi, nous allons devoir exprimer toute notre compétitivité." Et l'ancien centre écossais d'ajouter : "Il ne faut pas avoir peur d'attaquer la France, d'aller la défier balle en mains, de vouloir lui marquer des essais."

Ah, Ecosse-France, cimetière des prétentieux, tombeau des ambitions, mais surtout match charnière dans ce Tournoi 2022 ! Davantage que le dernier France-Irlande, c'est à Murrayfield que ce XV de France, promis au meilleur, va passer son test de qualité. Et il peut s'attendre à un traitement de qualité. "La France, nous la voyons toujours auréolée d'un talent collectif particulier, une façon différente de toutes les autres nations d'aborder ce jeu, avoue Scott Hastings, qui attaqua sa carrière internationale dans le Tournoi 1986 par une victoire (18-17) face à Blanco, Sella, Berbizier, Garuet, Dubroca et consorts. Nous aimons affronter l'équipe de France car elle nous oblige à exprimer le meilleur de nous-même." On trouvera difficilement meilleur compliment de rugby. Meilleur définition d'un adversaire, aussi.

lundi 14 février 2022

Le titre et l'exil

Avec le succès du XV de France face à l'Irlande, samedi dernier, les superlatifs se bousculent au portillon des comptes rendus. Que restera-t-il dans la boîte à métaphores quand la bande à Dupont décrochera son Grand Chelem ? Certes, cette victoire est épatante, mais est-elle de celles qui scellent un destin ? N'oublions pas que les Irlandais parvinrent à remonter un abime au score à la 50e minute. Comme le nez de Cléopâtre, si leur capitaine Ryan, bon soldat en l'absence de Jonathan Sexton, avait à la 71e minute préféré la pénaltouche pour chatouiller le pack tricolore par un ballon porté à proximité de l'en-but - là même où ils avaient inscrit leur premier essai -, à la sécurité des trois points d'une pénalité bien placée, la face de cette "finale" avant la lettre, ainsi que présentée, en aurait sans doute été changée.

Mais le match terminé, passons à autre chose. S'annonce le déplacement à Edimbourg, en espérant que le fantasque Finn Russell, capable d'agir comme s'il était le meilleur demi d'ouverture du monde et, l'instant d'après, se vautrer comme le dernier des tocards de série régionale, offrira aux Tricolores l'occasion de poursuivre leur aventure... Certes, il restera encore un voyage dans la gueule du dragon à Cardiff et la réception d'un XV de la Rose qui a fait de la prise de Saint-Denis l'objectif de sa dernière croisade, mais nous avons le temps de rêver.

1987, 1999, 2011 : chaque fois que le XV de France s'est hissé en finale d'une Coupe du monde, il était parvenu à obtenir un Grand Chelem dans le Tournoi la même année, ou juste avant. Ce n'est pas une condition sine qua non, mais ça y ressemble quand même beaucoup. Pas pour des raisons romantiques, non, mais parce que remporter cinq matches de suite correspond au cahier des charges d'une équipe qui vise le titre mondial, minimum requis durant toute la compétition, quitte à gagner moche, parfois, s'il le faut.

Il y a quelques années, les Tricolores se seraient inclinés face à l'Irlande, incapables de trouver les ressources mentales, tactiques et techniques utiles pour repartir de plus belle alors même que l'Irlande se montrait à son avantage en début de seconde période et, à la dernière minute, fière et sûre d'elle au point de vouloir remonter quatre-vingt-dix mètres pour inscrire l'essai transformé synonyme de succès. Il suffit de se rappeler du quart de finale lâché à la sirène face aux Gallois en 2019 au Japon pour se convaincre que ce XV de France, modèle 2022, est bâti sur un autre socle.

Les allusions - toujours mal venues - à la guerre n'ont pas manqué d'éclore comme fleur au fusil. C'est une facilité à laquelle il est difficile de résister, je le conçois. Surtout attisée par les joueurs eux-mêmes, l'explosif ailier Gabin Villière en tête. Ces Tricolores sortaient d'un stage commando à Carpiagne auprès de la Légion Etrangère : effectivement, ça leur a réussi. On recommandera donc au staff d'organiser une formation aux Beaux-Arts pour améliorer la fluidité des lignes, puis un séminaire chez Leroy-Merlin, autant pour trouver le chemin du Graal à Cardiff et que pour resserrer la charnière.

La plus impressionnante illustration de la guerre en temps de paix, s'il faut le signaler, n'est pas le dessein de ce France-Irlande, fut-il féroce, mais bien le rugissant Super Bowl. Cette saison, dans l'écrin du SoFi Stadium, devant 70 240 spectateurs à 8 000 dollars (7 000 euros) le ticket d'entrée moyen, et 100 millions d'Américains devant leurs téléviseurs, sans parler du reste de la planète, et Sébastien, et moi, les Los Angeles Rams, victorieux des Cincinnati Bengals dans un finish haletant, ont succédé à Tampa Bay.

Pour visualiser le face à face des quater-backs - le vétéran des Rams, Matthew Stafford, opposé au jeune prodige des Bengals, Joe Burrow - imaginez, toutes proportions gardées, Louis Carbonel sous le maillot orange de Narbonne face à François Trinh-Duc, revêtu de celui de l'ASM. Puisque "l'attaque fait gagner des matches, la défense fait gagner des titres", précisent les coachs de foot US, les sacks, plaquages du quater-back, firent basculer ce Super Bowl enrobé de rap. Dans ces coups de tenaille, Stafford y laissa sa cheville droite et Burrow son genou, ce qui ne les empécha pas, diminués, de rester en bons généraux aux commandes. 

J'évoque Louis Carbonel, et voir l'enfant du RCT quitter la rade, lui le fils d'un des meilleurs trois-quarts centres toulonnais que j'ai eu le plaisir de côtoyer, m'interroge sur les moeurs de notre rugby d'élite. J'ai appelé le professionnalisme de tous mes voeux au début des années 90, et aujourd'hui,  j'ai la douloureuse impression d'avoir porté un monstre sur les fonts baptismaux. Car enfin, s'il n'y a plus de place pour les plus belles pousses des écoles de rugby au sein de leurs clubs formateurs, que reste-il ? Des franchises sans âme seulement construites pour le titre ? 

Au lieu de pousser les jeunes talents vers la sortie - et Toulon s'est fait le champion de cette mauvaise habitude depuis quelques temps déjà, en témoignent Califano, Dominici, Comba, Andreu, Maestri, Fickou..., même s'il n'est pas le seul -, pourquoi ne pas délocaliser les clubs, désormais devenus franchises aux mains de millionnaires ? Les Rams en sont l'exemple le plus frappant : fondés à Cleveland (Ohio) en 1936, les désormais champions ont élu domicile dans la Cité des Anges, dix ans plus tard. Quitte à verser dans l'ultra-professionnalisme, autant de faire à fond, non ?

dimanche 6 février 2022

Des Verts dans le fruit

Je l'avoue sans honte, au bout des quarante premières minutes, j'ai craint que ce XV de France modèle 2022 soit humilié par une chute d'entrée de Tournoi face à un adversaire qui accumule les cuillères de bois depuis maintenant six saisons. Incapables de conserver le ballon, de le jouer debout quand ils l'avaient et de produire des mouvements raisonnés avant que ne retentisse le signal de la pause, les coéquipiers du meilleur joueur du monde ont tristement bafouillé leur rugby avant de se reprendre.

On peut s'inquiéter du contenu, plutôt quelconque, de cette victoire somme toute assez large sur l'Italie à quelques jours de recevoir l'Irlande à Saint-Denis pour la deuxième levée, car les Diables Verts, eux, récitent leur jeu à la perfection, le suivent sur partition et sans fausse note. Le pays de Galles en a fait les frais, samedi dernier, à l'Aviva Stadium. L'impératif catégorique s'impose : aux Coqs de récupérer, vite fait bien fait, leur cahier de combinaisons. Et surtout, qu'ils en retiennent certaines par coeur s'ils ne veulent pas subir de déconvenue. 

Encaisser avant la vingtième minute un essai en coin signé de l'ailier néophyte Tommaso Menoncello, belle graine de finisseur, quand on annonce que seule une victoire bonifiée est une récompense acceptable, a de quoi interroger. Cette entame impropre à la consommation rappelle que la route qui mène aux plus grands accomplissement est encore très longue. Il n'existe pas de note artistique en rugby, mais au regard de l'aboutissement dublinois, le succès français mit beaucoup trop de temps à se dessiner face à un adversaire de faible calibre. Du coup, la perspective d'accueillir Jonathan Sexton et ses hommes verts ramène tout le monde, du côté de Marcoussis et pas seulement là, à davantage d'humilité.

L'équipe de France ne manque pas de ressources. Mais elle serait bien inspirée de ne pas rapporter toute son énergie sur la ligne d'avantage en surjouant de son physique, alors qu'elle génère des espaces au large, comme en témoigne la belle moisson du feu-follet toulonnais. Oui, la bande à Dupont commence par une victoire; oui, ce succès est bonifié ; et oui, l'écart au score, sans être pharamineux, est correct, confiait dimanche soir un confrère. Mais avez-vous entendu Flower of Scotland monter de Murrayfield quand le XV du Chardon brisait l'espoir de toute l'Angleterre ? Une merveille...

Avez-vous aussi perçu l'extraordinaire cohésion humaine et tactique du Trèfle face aux Gallois ? Alors oui, c'est entendu et attendu, samedi, nous saurons. Nous saurons si ce XV de France est armé pour les grands rendez-vous, parce que l'Irlande lui en proposera un de taille ; si, après cette mise en bouche un peu amère, il est capable de hausser son jeu au niveau de son adversaire. Et s'il bénéficie de vrais leaders tactiques ou de simples têtes de gondoles...

En attendant, avec un triplé dans le Tournoi, Gabin Villière s'est hissé à la hauteur de Michel Crauste, Christian Darrouy, Eric Bonneval et David Venditti. Disposer d'un tel finisseur augure du meilleur. Toulon - qui s'enfonce à la dernière place du classement - en aura bien besoin quand ce Tournoi touchera à sa fin. Mais ce sera peut-être trop tard. Notez, il n'y a que le rugby pour imposer des rencontres domestiques lorsque les équipes nationales sont en représentation. Jusqu'à quand les clubs supporteront-ils cette hérésie, voire cette injustice, en acceptant quelques compensations financières qui ne remplaceront jamais leurs meilleurs joueurs ?

On pourrait croire que le Top 14 fait relâche pendant France-Irlande. Pas du tout. Des matches reportés pour cause de Covid-19 auront lieu à Toulouse vendredi soir, à Nanterre, à Brive et à Toulon, histoire d'y voir plus clair dans le classement. Nous regoûterons au Championnat en marge d'Ecosse-France. Un nouveau temps mort prendra fin le 26 mars, après ce que nous considérons tous comme l'officieuse finale du Six Nations : un Crunch ne manque jamais de mordant. Mais quand on analyse la Calcutta Cup que nous venons de vivre et qu'on imagine la dragonnade que ne manqueront pas de nous offrir les Gallois à Cardiff, aucune nation en lice ne peut, aujourd'hui, cueillir la première place de ce Tournoi comme un fruit mûr.

samedi 5 février 2022

Ad trigonum

Un an, déjà. A Rome. Des gauffres défrayaient la chronique sanitaire, sujet contaminé qui éclaboussa le staff technique tricolore, lequel s'en remit vite pour propulser en Australie, quelques mois plus tard, un groupe France renouvelé vers ce qui aurait dû être un succès en série de tests si davantage de maturité s'était invitée aux débats. On découvrit néanmoins à cette occasion que l'arrière perpignanais Melvyn Jaminet était un buteur de classe internationale, ce qui n'est pas peu de chose par les temps qui courent. Ce coup-ci, on conseillera des crèpes, sur le parvis de la basilique.

Jaminet a été titulairisé contre l'Italie, dimanche, pour la première journée d'un Tournoi des Six Nations toujours sous menace du Covid-19, dans une équipe de France à peine remaniée après son gros succès sur les All Blacks (40-25) à l'automne. Forcément, cette continuité nous place d'ors et déjà dans la perspective de la Coupe du monde à venir même si, en dix-huit mois, il est à craindre qu'il ne reste pas la moitié de cette composition en ouverture du Mondial face à laNouvelle-Zélande démythifiée.

Pour commencer, il faudra en terminer avec le chantier de la troisième-ligne tricolore, assemblage qui n'en finit pas d'être démonté et remonté en changeant de pièces, ce qui est tout de même assez symptomatique d'une profonde interrogation à la fois sur le jeu pratiqué et sur les hommes pour le conduire. En effet, si j'en crois Jean Liénard, feu maître tacticien de Grenoble et mentor du regretté Jacques Fouroux, le système de jeu d'une équipe peut se lire, comme l'avenir dans le marc de café, à l'annonce de la composition d'une troisième-ligne.

Qui est le gratteur ? Qui est le coureur ? Le joueur de rupture, le preneur de balle en touche, le lien entre l'avant et l'arrière ? Le plaqueur ? Tout est dit en trois noms, trois profils. Et les grandes équipe de France - celles qui marquèrent les esprits en générèrant des exploits - disposaient d'un bel équilibre dans cette ligne essentielle. En architecture, par exemple, comme le carré et le cercle, le triangle est une des formes géométriques fondamentales puisque mécaniquement indéformable, et toutes les structures qui s'élèvent sont triangulées.

Par quoi attaquer ? Il y a plus d'un siècle, dans le Tournoi 1912, s'alignaient Forgues-Communeau-Boyau, premier triptyque de belle allure. Lorsque la France s'imposa pour la première fois à Twickenham en 1951, René Biènes, Guy Basquet et Jean Prat composaient la troisième-ligne. Et quand pour l'histoire les Tricolores terminèrent seuls en tête du Tournoi, année de ma naissance, François Moncla, Jean Barthe et Michel Crauste formaient un trio indestructible. Nous avons tous en tête notre troisième-ligne idéale, celle qui reste gravée. 

La mienne est ainsi racontée : Jean-Claude Skrela, Jean-Pierre Bastiat et Jean-Pierre Rives. C'était à Twickenham, le 10 septembre 1978, très exactement, sous le maillot des Barbarians britanniques face aux Lions britanniques et irlandais pour le jubilé d'argent de la reine Elisabeth II. J'étais placé juste à la sortie des vestiaires avec mon ami bassiste Joël Ferron (nous venions de former un groupe de hard-rock et quoi de mieux que Londres pour cela), entourés de gentlemen anglais en vestes de tweed qui n'hésitaient pas à brandir une flasque de whisky à chaque action lumineuse, et il y en eut, ce jour-là...

C'est donc face à l'Italie que le XV de France de tous les espoirs va ouvrir son Tournoi. L'Italie, que les Tricolores furent tout heureux d'affronter officellement le 17 octobre 1937 au Parc des Princes pour l'emporter sans péril (43-5), neuf essais à un, dont quatre pour le seul Maurice Celhay, ailier de l'Aviron Bayonnais, dans le cadre du Tournoi de l'Exposition qui réunissait l'Allemagne, la Roumanie, la Hollande et la Belgique, deux ans avant la Deuxième Guerre mondiale, comme quoi le sport, contrairement à la musique, n'adoucit pas forcément les moeurs.

Il y a un an, donc, le Covid-19 rattrapait Fabien Galthié. Il faut croire que le sélectionneur en chef ne court plus aussi vite qu'avant puisqu'il vient de nouveau d'être plaqué par ce fléau, lequel, il faut l'avouer, touche tout le monde, que l'on soit vacciné ou pas, trois fois ou même quatre. Il nous faut vivre avec, malheureusement. Paradoxalement, ce Tournoi débute sans fièvre, du moins à Saint-Denis : visiblement, seule une victoire bonifiée parait acceptable, si l'on écoute les Bleus qui ne craignent pas de se gauffrer. L'excès de confiance n'étant jamais bon conseil, c'est peut-être du côté de Dublin et d'Edimbourg que viendront, ce samedi, les éclats.