dimanche 3 mai 2020

Trillo, mots sur maux


Devant son armoire remplie d'ouvrages qui grince quand il l'ouvre - magie du téléphone -, Jean Trillo confiné comme nous tous, ne distingue pas un livre davantage qu'un autre. S'il a beaucoup lu, l'ancien trois-quarts centre et capitaine du XV de France des années soixante-dix n'a jamais été marqué par un auteur en particulier. Si ce n'est un philosophe d'origine indienne, "Jiddu Krishnamurti, que j'ai lu quand j'étais jeune. J'étais en quête sur le plan humain d'une recherche de progrès, ce qui était difficile dans mon contexte éducatif et familial traditionnel. Je n'étais pas socialement inadapté, au contraire même, plutôt très respectueux du collectif, mais je ne me retrouvais dans ce qu'on me racontait sur le sport."
Il y a du Samuel Beckett chez Jean Trillo, sillons creusés à même la mâchoire, même ascétisme, même rejet des compromis, mêmes réflexions existentielles, tous deux hommes des constats amers, ainsi que me le souffle mon complice épistolaire Benoît Jeantet. "Mon exigence par rapport au sport était une obsession permanente, avoue l'ancien entraîneur du XV de France en 1990 et 1991. C'était un terrain d'expression que j'avais choisi parce que j'y trouvais un plaisir lié à la satisfaction proprioceptive, je me nourrissais de la recherche de performance par un rapport au corps qui m'alimentait l'esprit et qui faisait que je me retrouvais toujours à part. Le sportif de haut, c'est un marginal par définition."
Comme un auteur trouvant sa voie à travers cette haute forêt dense et touffue qu'est l'écriture, Jean Trillo établit ici le parallèle avec sa carrière d'international. "Le talent est commun mais les circonstances propres à l'exprimer sont extrêmes rares. Ce sont ces situations extraordinaires qu'il faut susciter pour se connaître vraiment. J'ai eu cette révélation en disputant mon premier match international et le côté émotionnel de l'expérience m'a appris que tout ce que j'avais acquis avait été totalement déstructuré par cette émotion mais que, paradoxalement, j'avais un comportement adapté par rapport à la performance et au souci d'excellence. Ce qui signifie que lorsqu'il y avait une opportunité, je la saisissais parce que j'étais en situation d'urgence. Donc je sortais de ma zone de confort, ce qui est l'enseignement essentiel qu'on peut retirer. Quand on se met en danger, c'est là que les choses arrivent, c'est là où cette expérience peut se traduire en terme de formation. C'est ce que je suis en train de transférer après de nombreuses années de réflexion, d'écrits et d'empirisme."
Il y a vingt ans de ça, le Gersois a en effet créé une société et une association qui utilisent le rugby et le sport, en général, pour la formation et l'intégration professionnelle en lien aujourd'hui avec l'université de Bordeaux-IV, transmission qui s'effectue, entre autres vecteurs, par le langage. "Les mots n'ont pas le même sens au fur et à mesure des cycles d'utilisation qu'on en fait. Au bout d'un moment, on ne partage plus les mêmes choses et c'est une source de malentendus, phénomène humain normal et traditionnel dans tous les domaines. Et on devrait utiliser cette expérience dans l'apprentissage," assure l'ancien attaquant bèglais, champion de France en 1969 sur une interception dont le journaliste-écrivain Denis Lalanne utilisa l'instantané pris au stade Gerland pour illustrer sa chronique hebdomadaire dans L'Equipe.
"Dans le langage, j'ai trouvé des choses qui m'ont accroché à un moment donné et que je garde en mémoire. Par exemple, "Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait", ou bien "Celui qui par souci du voyage oublie la perfection ne peut jamais aller nulle part alors que celui qui oublie le voyage peut aller instantanément n'importe où". Ce sont des phrases qui régulièrement prennent pour moi du sens", conclut ce déchiffreur qui n'a jamais cessé de questionner l'absurdité du monde et la difficulté de s'y acclimater ; sans jamais se satisfaire des réponses entrevues, confinement ou pas.

79 commentaires:

  1. J'aime bien la photo c'est quel uniforme ? On dirait celui des gendarmes sous Napoléon, la pétoire par contre ... Et quelle raison à ce déguisement chez une personne qui semble bien loin de rigoler facilement ? Bon on pourrait gloser longuement sur le goût des uniformes mais il doit probablement y avoir une bonne raison ...
    Le point de vue exprimé est intéressant je retiens que lorsque l'on sort de sa zone de confort, les choses arrivent ... je suis d'accord pour l'avoir vécu quelques fois, nul besoin d'être athlète de haut niveau . Je partais habituellement de la citation célèbre d'Einstein “If you always do what you always did, you will always get what you always got.”"un peu l'idée de changer de focale pour découvrir un nouvel aspect des choses et donc des actions à entreprendre ...
    Sinon c'est un portrait curieux de Jean Trillo, je ne le savais pas si compliqué, il se revendique comme marginal, de quoi ? Du rugby ? De la société plus généralement ? Ca reste à débattre ...
    En me relisant je vois de nombreux points d'interrogation, je sors très perplexe de la lecture de cette chronique . Pas dépitée mais intriguée .

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    1. A l'époque, les photos décalées étaient la chasse gardée de Robert Legros. Aucune idée du contexte, de l'année. C'était souvent loufoque. Je vais peut-être retrouver ça dans les archives mais j'en doute. en tout cas, c'est marrant parce que ça ne correspond en rien à sa personnalité. Mais j'aime ce pied de nez.
      Par ailleurs, ce n'est pas un portrait, Gariguette. Juste une chronique. Un portrait de Jean Trillo ? Peut-être relire Rugby au centre. Et le livre qu'il a écrit avec son fils François en forme de dialogue. Il doit y avoir aussi quelque chose de ce genre dans Flair Play si mes souvenirs sont exacts.
      Tu as raison, Jean Trillo est un personnage intriguant. Attachant car complexe. En 1983, quand nous l'avons rencontré pour la première fois, Jacques Rivière et moi, c'est de tous celui qui nous a le plus désarçonné.

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    2. Et discuter avec lui reste toujours un moment enrichissant.

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  2. De maux en mots, Jean Trillo a su trouver sa voix d'émaux, chargée d'émo tions. Une des plus belles complémentarité au centre de l'attaque française avec Jo Maso le styliste,le créateur qui ne se confiait pas juste à assurer. D'un côté la classe naturelle, de l'autre la capacité à rester de l'avant. Un peu comme 1 PDG novateur et son comptable qui s'arrange avec les chiffres. Trillo tjrs dans l'appliqué, la sûreté, l'absolu, symbole de cette opportunité béglaise qui savait souvent prendre ce qu'il y avait à prendre, et qui crachais pas sur une interception pouvant en faire sa différence. L'affaire luis trio !

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    1. De maux en mots, c'est exactement ça Sergio. Jean Trillo creuse inlassablement tous les sujets, les considère dans tous les sens sans jamais rien concevoir comme acquis, même s'il a quelques convictions.
      Son association avec Jean Trillo ? Des frères siamois, écrivait Christian Montaignac. Auxquels il faut ajouter Jean-Louis Bérot et Pierre Villepreux, le carré magique.

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    2. Je me rappelai plus que son fils François avait fait partie de l'effectif béglais champion de France en 91. Avec aussi Françis N'tamack excellent 3e l. et frère d'Emile et un certain Philippe Etchebest (ayant joué un zest avant l'année de la finale puisqu'ensuite parti dans son cursus de chef étoilé). Et un parcours professionnel intéressant l'amenant sur C+ pour assurer l'après Gilardi (bien introduit certainement par Guazzini), avec des intervenants de rugby comme La Guille sur le terrain. Tout ça sur fond de passage de l'art tisane à professe ionalisme, une époque ayant quand même permis d'amener un peu plus de luminosité sur l'ovale. Où on respirait encore ces valeurs, même si rien n'est pur. Et la tentation est grande quand on passe de l'artisanat à l'industriel. L'éthique en prend un coup face à tous ces tics vénaux addicts de profits. Quand on voit ce qu'est devenu Canal à tous les niveaux, même s'il a été licencié comme d'autres, mieux valait qu'il parte. Curieusement à la même époque,le rugby français a perdu ses repères et son intérêt d'un boum à un autre comme une mauvaise exploration démontrant ses limites en cul de sac, et repris en main fédéralement par d'anciens béglais de l'époque mais largement contestés aujourd'hui dans leur logique politico financière, même si niveau EDF une légère brise relance la course au titre mondial. Et la satisfaction propriospective ? comme extérospective ou intérospective, va falloir à nouveau trouver tout ça aussi après confinement Covid...
      Bref, ça sentait meilleur à l'époque de Jeannot et Jo, enfin, la bonne bouse, quoi. Ah, désolé encore la rubrique c'était mieux avant...

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    3. Avec Jo Maso, non ?
      Pour l'avoir souvent évoqué ici, c'est d'abord son expérience des situations d'urgence,quand tout les voyants sont au rouge et qu'il faut prendre la bonne décision qui m'a interpellé.
      On est pile poil dans le jeu actuel des meilleurs, c'est exactement ce à quoi travaille Galtier pour rattraper notre retard.
      Allez Jeannot.

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    4. Jeannot est un intellectuel au sens noble du terme. Qui fait travailler son intelligence à tout moment pour ne rien considérer comme acquis. Il questionne. En permanence. Parfois difficile à suivre mais toujours stimulant.

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    5. Oui, question jeu ça revient on est bien d'accord. C'est politico/financier que ça sent plus mauvais et que la situation actuelle enfonce sous l'eau.

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  3. Intrigant donc, la recherche de la perfection l'ayant probablement isolé trop longtemps. Permettre à des jeunes "en marge" de retrouver une dynamique sociale et professionnelle par le biais de la pratique sportive, une manière aussi pour lui de retrouver sa place.
    Lors de cette pratique sportive, les jeunes n'ont pas en tête leurs échecs scolaires, mais sont dans la réussite, afin de retrouver de la confiance. La proprioception permet d'aller encore plus loin , ça leur permet de voir que si on s'en donne les moyens, on peut gravir le Ventoux. Ils vont alors pouvoir se fixer un objectif professionnel et chercher les outils, les besoins en formation nécessaires. Ils savaient que c'était impossible, pourtant ils l'ont fait.
    Il est aussi intéressant de voir que la proprioception se présente comme un traitement intéressant de la dyslexie, trouble spécifique des apprentissages. Entendons nous bien,la thérapie proposée ne vise à pas à soigner la dyslexie à proprement parler, mais la pathologie qui cause les anomalies de la proprioception : troubles musculaires, troubles temporo-spatiaux, troubles perceptifs et sensoriels
    Activité sportive, proprioception, sans oublier le traitement des maux par les mots.
    Proprioception, ou perception de son corps dans l'espace, perception de soi, afin de faire un être équilibré, un Etre heureux.

    PS : Je trouve la photo décalée certes, voir même guignolesque dans la façon de tenir son gun.

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    1. C'est l'idée, mon Lulure. Le décalage en bout de lignes, même si là c'est au début.
      Jeannot et la marge. Quand il dit que le sportif de haut niveau est marginal, c'est qu'il s'inscrit à côté du commun. Au-dessus, pour certains, mais certainement pas sur la même ligne. C'est aussi le cas de l'artiste. Marginal, qui évolue dans la marge. C'est toujours la feuille de route mais il écrit en dehors du cadre prévu. Et tout en étant à la marge, et c'est ce que tu relèves très bien, Lulure, il est impliqué dans la vie sociale, celle de l'intégration par le sport, de la formation par le sport. Il faut relire ce qu'il dit au début à travers ce prisme : nous avons tous le potentiel mais nous n'avons pas su, pas pu, pas voulu, pas prévu, de saisir la ou les opportunités qui se présentent. Et lui souhaite permettre à ceux qui ont laissé passer ces occasions d'en saisir d'autres, de nouvelles. Et c'est formidable.

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    2. Juste savoir qu'il a reçu la Légion d'Honneur à ce titre là.

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    3. ben en même temps, sur une feuille qui représenterait la société, la marge est tracée, elle en fait donc partie ; vu ça en philo il y a longtemps ... pas en dehors du cadre, dans le cadre prévu ... comme si la société avait besoin de sa marge/marginalité en sentinelle pour éviter les gros soucis . A ce titre les artistes seraient des sortes de "lanceurs d'alertes" pour mettre le doigt où ça fait mal et éventuellement corriger .

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    4. La marge n'est pas excluante elle est différence.

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    5. C'est bien ce qui est difficile à faire comprendre au lambda, sachant que la société reste globalisante et enseigne généralement à ne pas lâcher des yeux les rails autant que faire se peut....

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  4. Alors je suis allée voir l'itw dans Flair play (snif !) pour retrouver c'était facile je suis partie du dernier numéro et c'était bien sûr dans le premier ... Ca ne fait rien, j'ai feuilleté toute la collection avec plaisir . Et donc entretien le père, le fils et le Saint rugby ... Un peu tourmentés du bulbe, les deux, mais chacun à sa façon . L'un a vécu accroché à un jeu amateur l'autre est de plain pied dans le professionnalisme assumé, en commun la transmission je pense, par des biais différents . Attachants et attachiants car perfectionnistes - je connais bien ...- pas des clients faciles pour le commun des mortels mais dans un sillon qu'ils creusent et à mon avis ils n'ont pas fini de creuser . Tu as vu les mêmes sillons sur le visage de Jean Trillo, Ritchie, pas un hasard .
    Et donc les mots . Perso je n'ai pas compris "la satisfaction proprioceptive" ; pas mon langage moi je serais plutôt français de base, sujet verbe complément et si possible dans le bon ordre . Dans une conversation normale on ne parle jamais comme ça, on peut l'écrire certainement, pas le dire . On utilisera plutôt une périphrase pour expliquer le concept . C'est toujours déroutant le langage des spécialistes . Lu sur un site de kinés "Une bonne proprioception va permettre d’optimiser le comportement du joueur dans sa manière de se déplacer, de courir, de sauter, de se réceptionner, de frapper dans le ballon… comme sa capacité à anticiper et à réagir à diverses situations ." Je suppose que la satisfaction proprioceptive c'est le fait d'être bien dans son jeu, encore que se sentir bien dans la panoplie Trillesque c'est pas vraiment le but .
    Excellence, perfectionnisme, analyse pointue des situations ... c'est ça leur domaine d'exigence . Alors quand Jean Trillo parle de sortir de sa zone de confort on a l'impression qu'il n'a jamais fait que ça être dans l'inconfort, beaucoup plus créatif . Une lecture ? "Le livre de l'intranquillité" de Fernando Pessoa .


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    1. A l'époque où ils jouaient, Trillo et Villepreux creusaient des sillons en accrochant leur charrue à de belles étoiles du monde universitaire, des défricheurs d'éducation physique et sportives. Ils n'étaient pas les seuls à se creuser les méninges (Barrière, Conquet, Appriou, Dufau, Barthez, Poulain, Laffont, etc.) mais ils étaient les plus médiatiquement connus. Ils ont sorti le rugby du monde rural, ancré dans le terroirs (cf Barran) pour le hisser vers le questionnement.
      Après, franchement, Gariguette, tu ne vas pas me dire que le mot "proprioception" te pose de gros soucis, quand même... ;-) Pas plus que kinésithérapeute, constitutionalité ou psychodrame...

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    2. non aucun problème c'est juste que j'ai été frappée par l'aspect éminemment philosophique de votre conversation, là on n'était pas dans les souvenirs de 3e mi temps . Ne pas oublier que transmettre c'est aussi se rendre intelligible par le plus grand nombre - un peu mon dada de prof en fait - mais bon on fera l'effort !

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    3. @gariguette
      À propos d’intranquillité, je recommande la lecture de « L’intranquille » du peintre Gérard Garouste : « Longtemps je n’ai été qu’une somme de questions. Aujourd’hui, j’ai soixante-trois ans, je ne suis pas un sage, je ne suis pas guéri, je suis peintre. Et je crois pouvoir transmettre ce que j’ai compris. »
      Ce n’est pas rugby, certes. On y fleurte même avec la folie, la vraie, mais toujours ces questionnements sur le geste, le dépassement, « le voyage » et la transmission.
      Accessoirement, Garouste a créé il y a 30 ans l’association « La source » à vocation sociale et éducative par l'expression artistique à destination des enfants et des jeunes en difficulté. Passer/Dépasser. Toujours.
      Accessoirement, pour ceux qui ne le connaîtraient pas, la découverte d’un grand peintre français contemporain.
      Fin de la parenthèse.

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    4. La proprioception façon Jean Trillo, finalement, c'est une forme de philosophie: "connais-toi toi-même".

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    5. Je vais sinon jeter quelques réflexions, pardonnez-moi si la structure n’y est pas trop.

      Pour revenir à la chronique, L’introduction me fait penser aux Chroniques de Narnia de Cs Lewis contemporain de Beckett mais proche de JRR Tolkien. Ouvrir les portes de l’Armoire Magique fait passer le héros dans un autre monde de contes de fée, de contes pour enfants. Si j’ai cité CS Lewis, c’est finalement parce que dans les contes, il y a autant de messages qui peuvent s’ancrer, autant de mots ou de maux à venir.

      CS Lewis encore disait : « quand j’avais dix ans, je liais des contes de fées en secret et j’aurais eu honte d’être surpris. Maintenant que j’en ai cinquante, je les lis ouvertement. En devenant un homme, j’ai abandonné des attitudes enfantines comme la peur d’être infantile et le désir d’être très adulte ».

      Je fais le parallèle avec le fait d’être à la marge et finalement de l’assumer en le regardant franchement.

      « J’étais en quête sur le plan humain d’une recherche de progrès, ce qui était difficile dans mon contexte éducatif et familial traditionnel. » La marginalité à mon sens commence là, et plus que la marginalité, la conscience d’avoir un talent, un don, marginalité qui se poursuit dans le développement de l’adulte

      Mais « Les mots n'ont pas le même sens au fur et à mesure des cycles d'utilisation qu'on en fait. Au bout d'un moment, on ne partage plus les mêmes choses et c'est une source de malentendus, phénomène humain normal et traditionnel dans tous les domaines. Et on devrait utiliser cette expérience dans l'apprentissage ». N’est ce pas poser la les bases d’une approche thérapeutique non, une analyse des schémas de pensée, de leur accumulation et des moyens de les corriger.

      Et le lien proposé avec Samuel Beckett qui lui se fit psychanalyser par Wilfred Bion apparemment et finit par mettre le doigt sur les causes de ses maux, une Education trop rigide. En ce sens, il y a la matière possible à un déchirement, une torture permanente, comme être écorché vif.

      Mais dans l’approche de Jean Trillo je le vois comme le choix de suivre une voie, « Do » , plus proche du zen, une forme de complexification du soi dans la recherche associée à l’amélioration de soi plus que simplement la performance physique. C’est s’éloigner de l’imaginaire associé au joueur de rugby en général, fait de force brutal apparente et laissant peu de place à l’analyse. Encore un paradoxe !

      Cette distorsion est encore plus paradoxale à mes yeux quand on le place derrière le filtre de la philosophie bouddhiste, cette écoute du corps c’est aussi une méditation en soit, dont l’une des définitions est « habiter son corps », à l’écoute permanente de ces sensations, le sportif est plus que les autres connectés à l’instant présent et donc plus intense

      Finalement, de marginal, je ne vois que quelqu’un qui a choisi d’être lui, et non conforme au système qui cherche une uniformité dans toutes ces composantes afin de pouvoir mieux les contrôler. Et le système familial n’est pas exempte de ce constat. Et derrière le marginal je me dis qu’il y a plus de Bienveillance qu’autre chose.

      Voilà, j’ai dit

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    6. Excellentissime monsieur Olivier

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  5. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  6. Avant que le concept soit vulgarisé on parlait plus généralement de "réflexes ".
    Nos bons entraîneurs qui n'avaient pour formation que l'exemple de leurs aînés, mais sur plusieurs générations, savaient nous le faire travailler.
    Allez Chevreuse

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  7. De celle du noir à celle d’un premier match international de rugby elle frappe partout à tous les âges et ses premiers modes d’expression peuvent prendre les formes les plus inattendues jusqu’a celles du bicorne et la baïonnette.
    La peur est une émotion, normale, disent les spécialistes. Ceux qui choisissent de s’y confronter, de l’appréhender à chaque fois qu’elle se présente améliorent au fil du temps les réponses qui lui donnent. Ces dernières finissent par être parfaitement adaptées et leur permettent d’être libre pour toute forme de performance.
    Pour eux, cette sorte de vaccination à leurs peurs personnelles les immunisent face à des menaces collectives.
    On ne saurait alors s’imaginer quinze joueurs rencontrant pour la première fois les All Blacks sans avoir au préalable s’être vaccinés.
    Mais c’est sans compter sur le rôle de l’encadrement et de l’entraîneur en particulier. Ce dernier va devoir, tel une mère de famille qui laisse la lumière allumée la nuit venue ou d’un gouvernement qui met à disposition des antibiotiques contre un désastre sanitaire lors d’une guerre, trouver les mots, les gestes pour rassurer ses joueurs. L’autorité a alors revêtu son costume sécuritaire cachant peut être celui d’un certain despotisme visant à l’obligation de se soumettre à elle par crainte de son pouvoir.

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  8. Pour ceux qui se souviennent en 69 , le Stade Toulousain perd car on refuse un essai à Bourgarel ; maintenant avec la vidéo , il y avait il essai ou non ? mais quelle déception pour moi qui supportait déjà le ST a l'époque , et ensuite j'ai eu ma deuxième déception en 71 quand le grand Toulon perd contre le grand Béziers ... ce n'était pas toujours fin en terme de tendresse sur le terrain en ces temps là mais j'avoue que nous découvrions des émotions avec ces matchs retransmis d'abord en noir et blanc et ensuite quand fut venue la couleur..
    On s'écharpait pour savoir qui de Maso - Trillo ou Dourthe-Lux étaient les meilleurs en EDF ..quelle belle époque quand même ...le sieur Christian peut nous en parler ..Bises a tous d'ici où il règne un soleil a ne pas mettre un confiné dehors pour ne pas se bruler ....

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    1. Ah oui la guerre des centres...

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    2. J'aime bien les euphémismes de Marco "ce n'était pas toujours fin en termes de tendresse" ! la finale de 71, j'en ai vu des extraits quand on a fait le jeu ( extrait Montaignac De la belle aube au triste soir) en fait de tendresse, t'es gentil Marco !! André Herrero a joué avec les côtes fracassées ... sans doute une caresse un peu trop appuyée, l'amour vache quoi ! 😉😇🏈

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    3. Oui, pas parfois pas de mot pour ces maux. On dit qu'André Herrero sait qui lui avait estampé les côtes... Senal, Estève... Et que dire de l'incroyable manchette non sanctionnée sur le même match, sur passe cadrée après 3 crochets dévastateurs. Aujourd'hui, vidéo carton rouge pour le défenseur avec plusieurs semaines de suspension et sortie de Cantoni sur KO et protocole commotion. Il est resté sur le terrain. Plutôt bordel que tendresse.

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    4. C'est marrant, je regardais justement il y a peu la finale Narbonne-Béziers de 74.
      C'était une époque différente et donc un rugby différent. Avec des gestes qui aujourd'hui vaudraient des mois de suspension (plus haut c'est la célèbre manchette sur Cantoni, pour cette finale ça aurait pu être Claude Spanghero les crampons en avant dans le dos d'un biterrois, sous le nez de l'arbitre qui l'appelle, lui dit "C'est pas bien, faut pas", et siffle simple pénalité. Histoire de soutien familial (de la fratrie Spanghero, 3 jouaient cette finale), alors que Walter venait de s'en prendre une sur l'action, et qu'au coup d'envoi, tout le pack biterrois lui était passé dessus à sa réception du ballon...
      De toute façon, en ce temps-là, fallait pas trop tomber au sol, surtout du mauvais côté, les coups de latte étaient monnaie courante, et tout le monde trouvait ça normal.

      Je lisais y'a pas longtemps le bouquin de John Daniell, 2ème ligne néo-zélandais venu jouer en France quand son futur horizon All Black s'est refermé, et il rappelle sa grande surprise devant la culture française de la fourchette (fin des années 90 quand même); non pas que le geste lui soit inconnu, mais c'est surtout son usage courant dans les regroupements qui l'étonne. Par suite il s'y fera, et n'étant pas enfant de choeur, pratiquera lui-même la chose, notamment dans un match contre le BO où Jean-Michel Gonzalez avait pris un malin plaisir à venir perturber les groupés-pénétrants des montpellierains; Gonzalez savait très bien qui était l'auteur du "couvert", mais après le match, discutant avec Daniell un peu honteux, lui dit "C'est le jeu, c'est le jeu", étant, comme le dit Daniell, "de la vieille école". Livre très intéressant pour son regard extérieur sur notre rugby de clocher, par moments très drôle (un portrait hilarant de Gorgodzé, un autre au vitriol du président de l'Usap, Dagrenat, etc, etc...). John Daniell a fait carrière ensuite dans le journalisme, Richard le connaît peut-être ?

      Bref le rugby "d'avant" pouvait être sacrément violent, mais par ses acteurs; aujourd'hui c'est le jeu lui-même qui l'est devenu, et parce que ses acteurs sont physiquement devenus ce qu'ils sont: des sur-athlètes, surentraînés, aux mensurations choisies et encore plus développées par la musculation et la professionalisation.

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    5. John Daniell oui m'avait proposé un article sur les Fidjiens dan le rugby français. Il se disait journaliste mais on a eu du mal à vérifier tout ce qu'il avançait. Pour finalement ne rien oublier. J'avais bien aimé son bouquin. Bien ecrit. Drôle.

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    1. En fait une histoire de masques qui tombent après avoir trouvé le vaccin, pour prouver à la horde des uns, la horde des autres et à soi-même, qu'on peut enfin s'approprier son corps, l'habiter style loft et habiter le cerveau des autres par la même occasion en passant à la baïonnette les barricades de la marge et ses limites. En fait dépasser son confiné, se dépasser plutôt que se laisser dépasser, ne pas vendre son âme à Faust pour un peu d'extase hi.

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  10. Ben si Ritchie, c'est tres lié et on parle même de "Proprioceptive reflexes"
    Si j'ai bien compris les nuances se situeraient aux frontières du conscient et de l'inconscient.
    Peut-être à tort ou par soucis de vulgarisation on emploie "réflexe " comme terme générique, du moins dans les clubs modestes et c'est ce qui m'est immédiatement revenu en mémoire.
    Allez, comme M.Jourdain on faisait de la proprio sans le savoir !

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    1. est ce que ça a un rapport avec le schéma corporel, Docteur Janlou ?

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    2. Oui,et les estampes japonaises aussi !😆😆
      Allez,tu peux m'appeler Doc !

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  11. Jan Lou, je ne suis pas complétement idiot quand même. ;-) Un peu mais pas trop. Bien sûr que proprioception et réflexe sont liés mais s'il s'agissait de la même chose, il n'y aurait qu'un mot. Je dis simplement qu'ils ne sont pas dans le même registre.
    Il y a la conscience du corps dans la proprioception, alors que le réflexe est hors de toi. Tu construit la proprioception, alors qu'un reflexe t'échappe. On parle d'ailleurs d'un mauvais réflexe. La proprioception, elle, fait le lien entre toutes les composantes du corps et se travaille.
    Il me semble, mais ce n'est que mon avis, que Jean Trillo évoque soudain le lien soudainement révélé entre tout ce qu'il avait travaillé avant d'avoir cette épiphanie sportive lors de sa première sélection, et ce qu'il a exprimé sur le terrain. Trouvant là la réponse aux questions qu'ils se posaient.
    J'avoue tricher aussi un peu parce que de cela nous en avons parlé à de nombreuses reprises lui et moi à l'époque ;-)

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    1. Entre l'un qui n'est pas complètement idiot et l'autre qui n'est pas la moitié d'un ....talonneur, on devrait se comprendre.
      Surtout qu'on est dans l'épaisseur du trait,on joue un peu sur les maux,quoi 😊
      Ce texte m'a rappelé mon enfance et nos méthodes d'entraînement.
      On travaillait à acquérir le " bon" réflexe, le "réflexe conditionné " même, c'étaient les termes de l'époque.
      Dans le même ordre d'idées, on insistait sur la posture,le geste juste sans s'imaginer faire de la biomecanique .
      Allez Chevreuse

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  12. Picorant de ci de là, je lis les articles d'Anouk Corge dans l'Equipe sur Claude Onesta.
    Celui sur ses débuts toulousains et son prof de sport "mentor" est particulièrement éclairant. Toujours cette histoire de "profs de gym" qui cherchent toujours, au-delà du sport, et vont fouiner en psycho (j'ai pensé à toi Ritchie), en recherche sur la motricité, en sciences cognitives, pour chercher à améliorer la pratique sportive, et finalement, dans une démarche plus largement éducative, la personne elle-même. Et un peu avant Villepreux, Bru travaillaient déjà dans le même esprit.
    Avec pour Onesta un compagnonnage avec d'autres sports et ses condisciples, Christian Lanta et le rugby (qu'il a lui-même pratiqué) ou Elie Baup avec le foot. Comme quoi on entend souvent parler de la spécificité du rugby et de son esprit, mais c'est surtout la dimension collective qui importe; Albert Cigagna ne dit pas autre chose dans l'interview de La Dépêche donnée en lien l'autre jour sur le blog.

    Un peu dans la même veine, une info ce jour sur la prochaine destination de Régis Sonnes en partance du Stade Toulousain; souhaitant rester dans la région (il a dû certainement être sollicité...), lui qui a travaillé avec le meilleur niveau et contribué au retour au premier plan du Stade va entraîner... les cadets de Blagnac dont la Première en Fédérale l'est par Christophe Deylaud (un autre copain de Cigagna). Là encore, les rapports humains, et l'éducation, la transmission...

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    1. Et surtout le besoin de ne pas être enchainé, car ses engagements ne sont jamais très longs. Un réflexe, non, je pense une certaine manière de voir les choses, la vie. Le temps de s'approprier la mise en place après défrichage et de laisser le tuto (ça te parle André ??) aux intéressés et bye bye pour une nouvelle aventure. Il est libre Régis, y en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler...

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    2. Confessions d'un mercenaire kiwi. En 2007 chez Privat. Un choc à l'époque. La Top 14 raconté de l'intérieur. Oups.

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    3. https://www.lemonde.fr/sport/article/2007/09/03/l-esprit-de-clocher-fait-toujours-le-charme-du-rugby-francais_950417_3242.html

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  13. "Tout ce que j'avais acquis avait été totalement déstructuré par cette émotion mais que, paradoxalement, j'avais un comportement adapté par rapport à la performance et au souci d'excellence. Ce qui signifie que lorsqu'il y avait une opportunité, je la saisissais parce que j'étais en situation d'urgence. Donc je sortais de ma zone de confort, ce qui est l'enseignement essentiel qu'on peut retirer. Quand on se met en danger, c'est là que les choses arrivent."
    Plus je relis ce passage de Jean Trillo plus j'imagine mes propres expériences au moment où il ne reste plus rien de conscient, tout ce que j'ai appris a disparu, explosé, mais que c'est à travers l'essentiel - au sens d'essence - que je suis parvenu à bonifier l'instant. "Ce qui reste quand on a tout oublié", en somme. Ce qui nous constitue en tant d'unité, un, individu. Ce soi-même.
    "Tout ce qu'on te reproche cultive-le". C'est ce que j'ai inculqué à mes enfants (entre autres). Soit toi même. Et ne te laisse pas confiner dans un moule.
    Il y a ensuite chez Jean Trillo le souci d'excellence. Reconnaissable entre mille. Si hisser toujours plus haut que ce que l'on croit être capable de faire. Relire "L'ascension du mont Ventoux" de Pétrarque. Quand il s'aperçoit qu'on ne peut atteindre le sommet qu'en prenant le chemin rude, pentu, qui griffe les mollets entre les ronces. Et que toute envie de grimper par un sentier mon escarpé le ramène dans la vallée d'où il est parti.
    Trillo-Pétrarque, même combat ?

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    1. Ton texte me parle (la montagne...), mais je ne suis pas tout à fait sur la même longueur d'ondes.
      Cette notion de mise en danger, quand on pratique la montagne, quand on le fait seul, quand on le fait seul dans des coins paumés, et quand on le fait seul dans des coins paumés sur un terrain escarpé voire plus, elle est forcément constamment présente.
      Mais au contraire de ce que tu dis, tout est justement conscient alors, et c'est justement à ce moment que tout ce que tu as appris, emmagasiné, notamment d'expérience, ressort. Si tu perds cette conscience, c'est là où tu te mets en danger. Revenir à l'essentiel, ce n'est pas oublier ce que tu as appris, c'est perdre tout ce qui est accessoire, garder "ce qui reste quand on a tout oublié".
      Et là (en montagne tout au moins), on revient à cette proprioception dont on parlait plus haut; en intégrant l'émotion, on la surmonte, on la dépasse, on en revient au geste pur, sa conscience ontologique, son économie, sa sûreté, la main qui crispe une prise et ne la lâchera pas, le pied que l'on place avec précision, l'attention au terrain autour, au-dessus, ce schiste pas franc du collier qui risque de se détacher (et donc le prévoir sans tirer trop fort dessus), ou ce granit solide dont on caresse le grain (avec presque le même genre de plaisir tactile à caresser un ballon de rugby). On n'est plus que mouvement, concentration, plaisir de grimper en surmontant les obstacles le plus souplement en économisant les efforts.
      Et on est bien, à ce moment et à sa place.
      On sait que ça ne durera pas éternellement, qu'il faudra bien redescendre en bas, retrouver la société et ses emmerdes (mais ses bons côtés "confortables" aussi), ses chemins balisés et ses horaires définis, mais ce temps passé en haut, personne ne pourra te le prendre, et encore moins son souvenir.
      Mais oui, ce souvenir sera d'autant plus fort que l'ascension a été rude, le chemin ardu, qu'il aura fallu s'"engager", comme on dit dans le milieu, mais aussi que la vue aura été belle, le bonheur d'être là intense ou empreint de plénitude.
      C'est d'ailleurs ce qui peut rapprocher le rugby et la montagne: quand tu démarres un match ou une journée là-haut, tu sais qu'il y aura forcément des efforts, voire de la souffrance. Qu'il faudra courir même si tu voudrais t'arrêter, plaquer même si ça fait mal, marcher longtemps même si tu préfèrerais être déjà arrivé, et arrivé au sommet justement n'en avoir pas fini parce qu'il faut redescendre. A défaut de rendre plus sage, ça apprend en tous cas la patience et le sens de l'effort...


      (Et je ne suis jamais monté sur le Ventoux ! mais c'est dans les cartons...)

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    2. Je plussoie
      Nous randonnons en petit groupe mais sur ces sentiers qui ne sont jamais(ja-mais) plat, avec des gros bouts d'escalade dedans, nous connaissons tous de grands moments de solitude !
      Chacun sa technique,perso tous les vieux souvenirs ovales y passent.
      Finalement l'entraînement c'est d'abord élargir sa zone de confort, non ?
      Allez marcher

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    3. Pour moi il ne s'agit pas vraiment d'un effort physique dont il est question, c'est plutôt une "mise en danger" psychologique qui permet de sortir de sa zone de confort et donc de vivre des choses plus intéressantes . L'ascension du Ventoux par Pétrarque est une allégorie de ce cheminement - et oui bien sûr il a fait cette ascension mais ce qu'il en dit est plus spirituel que physique . Janlou l'entraînement est ce que Senninger appelle "la zone d'apprentissage" je pense, tout est expliqué ici mais en angliche ...https://www.youtube.com/watch?time_continue=67&v=f6uOABlKJeg&feature=emb_logo ...il n'est pas vraiment question d'effort physique, c'est un dépassement mental à mon avis . Il est question de devenir l'acteur de sa vie, améliorer l'estime de soi etc

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    4. Mais si ce n'est pas le cas de Pétrarque, Trillo raisonne lui dans le cadre du sport de haut-niveau. Et là (et même à moindre niveau), tu ne peux pas dissocier le physique du mental. Il y a une inter-action permanente entre les deux. L'effort physique, c'est le mental qui le pilote, voire s'y substitue; le sport de haut-niveau (et encore plus la montagne et l'alpinisme) abonde en histoires où le physique ayant rendu les armes, c'est le mental qui fait tenir debout, avancer, courir, plaquer, etc..., voire réaliser des choses difficilement explicables.

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    5. Tu dis donc la même chose que moi : c'est bien une question de mental ! Que tu le diriges sur l'effort physique ou la gestion de ta carrière ou l'envie dun nouveau partenaire c'est chaque fois le même process qui se met en route . Tu restes dans ta zone de confort ou pas .

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    6. Vous vous rejoignez et le corps n'est qu'un support.
      Marrant aussi de savoir que Petrarque na jamais gravi le Mont Ventoux. Comme quoi. ;-)

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    7. Un support qui a quand même sa vie propre, par moments.
      Je parlais plus haut inter-action, il y a des jours, comme ça, où la tête va bien parce que le corps va bien. On ne maîtrise pas toujours tout...

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    8. Ritchie je n'ai jamais dit que Pétrarque n'avait pas fait l'ascension en plus j'ai passé suffisamment de vacances dans le Vaucluse à Fontaine de Vaucluse pour être allée sur ses traces donc je remets la phrase de mon post : "L'ascension du Ventoux par Pétrarque est une allégorie de ce cheminement - et oui bien sûr il a fait cette ascension mais ce qu'il en dit est plus spirituel que physique . " et je maintiens !

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    9. Gariguette, pourquoi tu t'énerves comme ça ? :-)
      C'est exactement ce que j'écrivais - allégorie - pour aller dans ton sens (c'est mieux quand on chemine). J'avoue être las d'avoir à me justifier...

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    10. Ben non je ne m'énerve pas 😉 c'est juste un peu de surprise 😵 devant la résistance générale à des concepts assez basiques de psychologie . C'est d'ailleurs -ironiquement - une illustration parfaite de ce qu'explique Jean Trillo "Les mots n'ont pas le même sens au fur et à mesure des cycles d'utilisation qu'on en fait. Au bout d'un moment, on ne partage plus les mêmes choses et c'est une source de malentendus, phénomène humain normal et traditionnel dans tous les domaines." Voilà quand j'entends "esprit, mental, psychologie" d'autres ici entendent "corps, sport, physique" ... Or, comme tu le dis si bien ; le corps n'est qu'un support ...

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    11. Sauf qu'à certains moments, c'est le support qui "commande".

      Il n'y a pas l'un (l'esprit, le "mental") et l'autre (le corps) séparément; il y a toujours les deux en même temps, qui interagissent constamment.

      Et il me semble que la (bonne) proprioception, c'est celle qui accepte le corps et sa vie propre ; en s'en détachant ainsi, on peut l'observer, mieux le comprendre et mieux inter-agir, mieux le maîtriser.


      (J'suis têtu, hein...)

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    12. Très intéressant, Pipiou. Je crois aussi à la vie propre du corps. Pour peu qu'on sache l'écouter, ce qui n'est pas donné à tout le monde.

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    13. Et moi je crois exactement l'inverse ! C'est ça qui est rigolo ! Parlons alors de Stephen Hawking, quelle(s) interaction(s) corps/ mental vois-tu ? Sa zone de confort il l'a pourtant allègrement dépassée mais SANS le corps, qui était là mais plus une charge qu'une aide . Il ne s'agit pas pour moi de parler de l'excellence de la performance sportive, la mise en danger était purement mentale et quel mental . Inversement lorsqu'un champion comme Schummi perd ses capacités motrices et mentales - pour autant qu'on sache quelque chose - la "vie propre du corps' c'est d'en devenir prisonnier .
      On a réussi à inventer des exosquelettes pour pallier certaines déficiences physiques, mais pour l'esprit, que peut on faire ? Je ne suis absolument pas d'accord avec ta phrase sur "le support commande" pour moi, c'est niet à part pour les niaiseries de développement personnel ou le tout psychosomatique des années 50 . Lire ici c'est très intéressant https://www.migrosmagazine.ch/soigner-le-corps-passe-aussi-par-la-tete

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    14. Je ne fais pas un principe absolu de ce que je crois intuitivement.
      J'ai bien dit "à certains moments", c'est donc que c'est une variable qui est justement...variable. Selon les personnes, le moment, l'humeur, l'âge, le temps, que sais-je: cette inter-action est un équilibre permanent, et autant que la tête, le "coeur" a ses raisons, que la raison ignore, mais avec lesquelles elle doit composer...

      Ainsi donc à certains moments le "support commande", tout cycliste qui a connu une belle fringale te le confirmera (demande à André), tout vétéran qui se maintient en pleine forme mais ne rattrapera pourtant jamais le petit jeune qui galope à peine 2 mètres devant lui te le dira: quel que soit ton mental de fer, ta volonté absolue, tu te traîneras sur ton fier coursier, tu ne rattrapera jamais le (petit jeune) temps qui s'enfuit...

      Mais l'inverse est vrai, et souvent: le corps ne veut pas, voudrait s'arrêter, et le mental lui dit non, qu'il faut encore y aller, courir, marcher, pousser sur les pédales, laisser le palpitant cogner là-dedans à haut rythme, surmonter la douleur, etc...

      Ce rapport entre la tête et le corps est ainsi permanent, même en-dehors du sport, et plus tu vieillis, plus tu touches de près les composantes de l'équilibre. Si tu ne peux pas (toujours) interférer sur les tenants, au moins tu sais quels peuvent être les aboutissants.

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  14. Pour Régis, après les cadets de Blagnac je le verrai bien, et je le souhaite, qu'on lui donne les U20 nationaux!

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  15. ah j'oubliai, C'est un autre de la même trempe qui s'occupe de Blagnac, un certain Fred Michalak

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    1. Oui enfin, il est actionnaire majoritaire, déjà... Mais de quoi s'occupe t'il ? Je sais pas s'il en est à "se hisser toujours plus haut" pour l'instant, vis-à-vis de Blagnac. Par contre 1 certain Deylaud s'en occupe également depuis 2015 déjà... Déjà dans les 4 pour la montée l'année dernière (perdu en 1/2 finale), là ils attendaient les phases "Jean Prat", 2e de poule derrière Albi pour caresser l'ascension Ventouxienne de la Pro D 2. Mais chopé le virus... de l'arrêt, malheureusement.
      A revoir l'année prochaine.

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    2. Michalak est plutôt dans le sponsoring pour aider Blagnac

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  16. Il y a quelques jours, j'ai lu cet article https://www.lepoint.fr/postillon/pascal-bruckner-la-societe-du-metre-et-demi-29-04-2020-2373436_3961.php
    J'ai trouvé que les constats étaient plutôt frappants, peu d'allusions aux sports - sauf la suggestion de supprimer les JO de 2024 - mais une analyse assez complète des changements induits par la distanciation sociale dans notre rapport à l'autre, aux autres . Avec ce titre déstabilisant "la société du mètre et demi" . " Mais chez nous, en terre latine, que vaut une vie où l'on ne se touche pas, où l'on ne se serre pas dans les bras, une vie sans effusions chaleureuses ? Nous vivons en Europe dans une civilisation urbaine et l'art de la ville est par excellence l'art du théâtre, l'art de se donner en spectacle et d'apprécier le spectacle offert par les autres. .. Un jour – dans un an, dans deux ans ? – sortir de convalescence, revenir à la normale semblera le comble du luxe. L'épreuve nous aura révélé à quel point nous étions heureux sans le savoir, à quel point l'ordinaire était extraordinaire."
    Que vaut une vie de rugby si l'on doit se tenir à 1mètre et demi les uns des autres ? Peut on imaginer des joueurs gantés et masqués- voire en combinaison de labo type P4 - se passer le ballon, sauter en touche, tenir une mêlée ? Il faudra aussi désinfecter le public, les gradins, la pelouse . Ne plus servir de bière à la mi temps consacrée essentiellement à des tâches de nettoyage par nébulisation de produits désinfectants sur les joueurs, les arbitres, les commentateurs tv ... Rappelez vous autrefois, il y a deux mois, on craignait les dangers des commotions, des impacts trop violents pour la santé des joueurs ; certains nostalgiques déploraient en même temps que le rugby devenu professionnel soit trop aseptisé et voilà que la santé de tous est menacée, et que l'asepsie, la vraie, est au centre des débats .
    Et pourtant il faut que la planète ovale tourne, comme notre société déjà bien mise à mal par le confinement . Alors va-t-on choisir l'économie des clubs ou la santé des joueurs ? Votre rugby vous le voyez pasteurisé, stérilisé ou bien ... ?
    J'apprends que l'Australie, la Nouvelle Zélande ainsi que les Fidji semblent relativement épargnées par le virus, peut être un espoir de voir quelques matches Down Under . C'est déjà ça .

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  17. Ne jamais faire aujourd'hui ce quin peux être fait par un autre demain !
    Je m'étais laissé le temps de répondre à Gariguette , Pipiou a tout dit .
    Élargir la zone de confort ou ses compétences,c'est pareil, ça vaut tout autant pour le corps que l'esprit.
    Et le mental ne s' en porte que mieux !
    Allez Chevreuse

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  18. Si l’on considère la peur pour l’un, l’on peut aisément considérer l’amour pour l’autre. Il amène aussi son lot d’émotions qu’il va falloir apprendre à apprivoiser si l’on veut échapper à certaines déconvenues en la matière. De cet apprentissage naît, comme pour la peur, une immunité que nous avons pour habitude d’exprimer : « Oh lui(elle), il est vacciné(e) » lorsqu’il est fait référence à ce domaine pour quelqu’un.
    Cependant, comme pour la première fois que l’on dispute un match international, la première fois que l’on tombe amoureux, mieux vaut avoir les cartes en mains pour bien négocier son entrée ; dans le cas contraire, le risque est qu’un amour obsessionnel puisse s’installer s’il venait à être unilatéral.
    C’est ce qui est probablement arrivé à Petrarque et ce qui l’a conduit en haut du mont Ventoux. Les hauteurs lui ont ainsi montré qu’il pouvait avoir d’autres centres d’intérêt que ses souffrances d’homme éconduit.
    Petrarque a choisi ceux qui l’accompagnerait dans son voyage avec son frère pour entraîneur. Une différence notable avec Jean Thrillo qui a priori n’a eu le choix ni de ses coéquipiers, ni de son coach. L’on peut se demander alors en quoi cette différence peut porter à conséquences.

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    1. Pimprenelle, tu apportes un complément qui peut nous mener loin. Jean Trillo a toujours recherché l'autre, le frère, le complément. Il l'avait en Jo Maso à un point qui dépasse l'amitié et pour lequel je n'ai pas trouvé le mot. "Relation fusionnelle", peut être. Un jour je vous raconterai une histoire épidermique vécue si l'on parle de gémellité au poste de trois-quarts centre.
      Comme Pétrarque, Jean Trillo a choisi qui l'accompagnerait dans son voyage ovale et ce serait Jo Maso, à tel point qu'il refusa une sélection parce que Maso n'était pas du voyage, justement.

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    2. J'aime beaucoup ce qu'a écrit Pimprenelle on est à fond dans le mental ! Le corps n'a qu'à suivre bon sang de bois ! Ritchie que dirais tu d'Ames soeurs ? ( en anglais soul mates ça passe mieux ) . sinon il y a frères d'armes ou d'âmes mais bon le contexte est différent ...

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    3. Ames sœurs, c'est indiqué...

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  19. Par ailleurs, petit extrait de lecture. "Parlons sport", de Benoît Heimermann.
    "La perfection n'est pas affaire d'apprentissage mais de connaissance de soi-même ! Pour passer du doute à la réussite, il faut atteindre une totale neutralité et "s'oublier soi-même". Personnellement, c'est ce à quoi j'aspire lorsque j'écris un poème. Et un grand sportif doit ressentir la même chose. C'est la spontanéité "seconde" qui importe. Celle, totalement naturelle et inconsciente, qui renaît sur les cendres de la "première" détruite parce que son bénéficiaire a , précisément, cherché à comprendre ses tenants et aboutissants."
    Extraits d'une conversation avec Charles Juliet, rugbyman, poète et écrivain.
    Je vous conseille "Lambeaux" et "Au pays du long nuage blanc"

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    1. Toute façon renoncer à soi-même, c'est soit écrire ou monastère. Sur que tu es plus prêt du long nuage blanc, mais pas forcément en lambeaux... Sound of silence. Confiné, ou expérimenter le silence.

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  20. Charles Juliet
    Ancien trois quart centre

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  21. Lequel n'a absolument pas réagi à cette chronique... par pudeur ? Ou parce que la photo le dérange ?

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