Personne n'a jamais osé affirmer que pratiquer le rugby proposait le plus court chemin vers la béatitude ou la canonisation. Il aura donc fallu attendre une tournée bidon en Argentine avec un contingent de Marie-Louise encadré par un quarteron de fêtards en guise de staff technique pour que trente ans après l'avènement du professionnalisme le rugby d'élite s'inquiète du rugby des litres au point d'interdire la troisième mi-temps pour ce qu'elle a de fatalement dionysiaque.
Il aura donc fallu qu'en tournée trois ou quatre représentants post-pubères de la bite-génération, le nez gonflé aux lignes de coke et la gosier étanché au gin-tonic, tombent dans l'excès, fassent les gros titres et animent l'été de faits divers pour que, soudain, s'impose à tous la diète d'après-match. In Vino Veritas. Il faut quand même méconnaitre ce jeu pour ne pas savoir que les boissons partagées jusqu'au bout de la nuit n'ont pas d'équivalent pour forger un groupe.
Depuis l'Antiquité, les agapes n'ont pas d'autres vertus que de resserrer les liens. A partir de l'ère victorienne, elles ont permis aux joueurs d'une même formation de devenir des coéquipiers. Si depuis la création de ce jeu, le terrain permet de lier les partenaires, en mêlée, en touche, dans les regroupements et les ballons portés, il ne suffit pas à les fusionner. "Sans la troisième mi-temps, je ne vois pas beaucoup d'intérêt à disputer les deux premières", m'avait un jour assuré Jean-Pierre Rives, l'incomparable blond. Ironie, ce dompteur de caractères n'a jamais bu une goutte d'alcool.
De la même façon que des journalistes tempérants évitaient de remettre leur tournée au bar de l'hôtel où ils logeaient la veille de test-match afin, disaient-ils, de sauvegarder l'énergie utile le lendemain après-midi pour rédiger du mieux possible leur compte-rendu, la prétention des plumitifs de concours a fait davantage de dégâts au sein de la profession que n'en a causée la consommation d'alcool. Au coup d'envoi de ce France-Japon, j'ai levé ainsi mon verre de Zagat - un excellent whisky d'Auvergne artisanal - avec une pensée pour les ébranleurs de zincs qui, s'ils étaient encore avec nous, regretteraient le puritanisme hypocrite dans lequel vient de se fourvoyer le XV de France.
Après une Coupe du monde 2023 foirée dans les grandes largeurs, un Tournoi 2024 mal embouché et cette tournée dans la pampa qui n'a apporté que des tracas, je n'attendais pas grand chose des Tricolores nouvelle cuvée de Fabien Galthié, et je n'ai donc pas été déçu : ils n'ont apporté ni grâce ni liant face à une médiocre sélection japonaise qui méritait d'encaisser soixante points hors taxes. Je préférerais vraiment évoquer les Australiens, magnifiques de culot, d'ivresse offensive et de talent face à l'Angleterre quelques heures plus tôt, tandis que s'avancent les All Blacks, victorieux de l'Irlande à Dublin, samedi prochain.
En guise de post-scriptum, sachez qu'il vous reste un peu moins de trois semaines pour découvrir les sept ouvrages choisis pour concourir au prix La Biblioteca du meilleur livre de l'année 2024, à savoir Jour de match (roman de Sophie Frajaville), Antoine Dupont hors-norme (album de Grégory Letort), Légende bretonne (saga vannetaise de Laurent Frétigné), Conquérantes (roman de Serge Collinet), L'essai d'un autre monde (récit de Pierre Michel Bonnot), Les vents Ovales (BD du trio Horne-Mermilliod-Tripp) et l'Histoire illustrée du XV de France (album de Ludovic Ninet).
Un authentique exploit a été accompli par Richard. Il a évité de mentionner que l'EdF était donc en mode préparation de la coupe du monde 2027, où tous les matchs d'ici là, tournois, tournées ne servent qu'à préparer ce moment ultime dixit peu prou le moustachu à lunettes. Et tout ça sans alcool, quelle tristesse même si Jean Pierre Rives serait utile à un très très grand nombre de personnes pour expliquer qu'on peut s'amuser et passer de bons moments fraternels sans le besoin d'aucune substance pour se desinhiber.
RépondreSupprimerDéjà vérifier lors des tournois à venir qu'on est bien capables de battre les plus sérieux prétendants de l'hémisphère nord, toujours bloqués aux quarts.
Battons les Irlandais et les Anglais chez eux, gagnons le tournoi et on discutera de la future coupe du monde que les SudAfs sont déjà en train de préparer pour faire une passe de 3 quand les Blacks aimeraient y regoûter.
Et d'ici que l'Australie se refasse une santé pour sa coupe à la maison.
On l'a perdue en 2023 et si on n'en parlait plus au moins jusqu'au début du tournoi 2027?
Hé, hé. Si je comprends bien, avant de penser à la coupe du monde - le graal - il faut d'abord gagner le grand chelem 2025 - version face nord du K2 pour la France cette année. Mais pour gagner ce Tournoi, même sans grand chelem, ne faut-il pas placer la barre haut, se donner comme ambition d'être champion du monde en 27 ?
SupprimerQuant à l'extase soudaine à l'égard de l'Australie, qui a fini dernière du Quatre Nations de cette année, rêve-t-on pour l'équipe de France de finir dernière du prochain Tournoi mais de nous offrir un coup d'éclat lors d'un test-match ?
Il faudrait que les penseurs de ce blog se montrent un peu plus cohérents.
😉
SupprimerBonjour Patrice,
Supprimerla barre 2027 est trop lointaine - et je ne parle même pas de hauteur...
Quant à l'Australie, je me dis que développer un tel rugby face à l'Angleterre est un pur régal. Rien de moins et rien de plus. J'ai pris beaucoup de plaisir à voir jouer les Wallabies face au XV de la Rose, alors que le France-Japon m'a rapidement fatigué. Sans doute l'absence de suspense.
Votre sens de la logique est bien trop sec pour moi car s'il s'agissait, en sport, de se projeter ainsi, il y a longtemps que Paris aurait été mis en bouteille.
Bien à vous
Et sinon je suis cohérent avec moi même, ce qui est déjà pas si mal. J'aime pas que tout le rugby international soit rivé sur l'objectif de la coupe du monde. C'est pas nouveau, même si ça peut sembler incohérent.
SupprimerCe que j'aime dans la CdM par contre cest de permettre à des pays "émergents" de se rassembler et de se confronter à des equipes de même niveau ou de niveau largement supérieur.
En 2011 je suis allé soutenir mon équipe préférée en finale et c'était les Blacks. En 2023 c'était donc le pays organisateur que je soutenais et en 2027, si c'est les Blacks ou les Australiens (oui j'ai compris, c'est improbable) ça me déplaira pas.
Je me fous complètement que l'EdF de rugby gagne la coupe du monde en 2027, je l'ai déjà dit.
Je préférerais deux ou trois grands chelems à la place, ou une tournée à l'ancienne, victorieuse en Afrique du Sud. Et pas une série de trois lourdes défaites comme en 2017.
Bien plus facile de gagner une CdM même si ni la France ni l'Irlande ont réussi dans cette entreprise où il faut juste gagner trois matchs de suite à élimination directe.
Je ne crois pas plus à cette histoire de placer la barre haute 4 ans à l'avance.
Les Sudafs sont 8ème début 2018, se trouvent l'entraîneur qu'il leur faut et depuis ils font en sorte d'être prêts pour la coupe du monde.
https://www.20minutes.fr/sport/2642463-20191102-coupe-monde-rugby-comment-springboks-revenus-sommet
Et depuis en 2024 ils confirment dans le Rugbychampionship.
In vino, in fine, après des périodes plus ou moins heureuses ils ont marché sur les rayons du soleil levant avec des imperfections, mais le rdv reste le nuage noir à venir. Orage, oh rage de victoire.
RépondreSupprimerFallait pas s'attendre à un match solaire, sur une période où ça court encore après sa forme du moment. Et pis il y a les argentins pour la cerise sur le gâteau, ou ailleurs, c'est selon.
Allez, le Book sur Dupont devrait performer.
Sinon, JPR touchait bien aux petites pilules avant match, améliorant la forme du moment...
et oui il y a toujours des pardessus pour essayer de brimer la jeunesse...
RépondreSupprimerJe viens de voir les Fidji, contre une équipe galloise de deuxième niveau, match assez télé génique, avec un 10 de très haut niveau, (Muntz ascendants fidjien et maoris) pour lequel je paye ma place...
Cet entraînement " à haute intensité "était une super idée, le plastron parfait.
RépondreSupprimerBon, on va y aller , non, fait pas chô et pis on est mal garés, juste devant l'entrée d'EDF.
Si on veut passer par la rue Princesse,fô pas traîner, hein.
Ah bon ça se fait pas, pourtant je peux vous dire 2x50 ça va faire un bon quintal pis c'est tout, on perd du temps !
On est restés, pas de quintal, loin de là ,et même quelques interrogations, pas d'inquiétude ,pas encore, mais le soupçon qu'il reste du taf, on s'est fait yech après les citrons non ?
Allez, finalement la rue Princesse ça faisait pas un gros détour.
Qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, la Coupe du Monde rythme maintenant le rugby mondial.
RépondreSupprimerUn Grand Chelem n'éveille pas d'écho particulier chez l'amateur sud-africain ou néo-zélandais, comme une victoire dans le Four Nations ne soulève pas non plus l'enthousiasme des foules chez nous, surtout si elles sont à la plage.
Il suffit de demander à un supporter sud-af ce qu'il pense de la première place de l'Irlande au classement mondial, eux qui n'ont jamais dépassé les quarts de finale d'une Coupe du Monde...
Il n'empêche qu'avec la (re)montée en puissance du rugby européen coïncidant avec un coup de moins bien post-Covid du rugby sudiste, le match Nord-Sud est devenu bien plus équilibré, même si lors de la dernière Coupe du Monde les pendules ont été un peu remises à l'heure de l'hémisphère sud.
Les tournées d'automne n'en sont que plus intéressantes, même si on aimerait voir meilleur accueil aux petites nations émergentes qui le méritent, et pas seulement tous les 4 ans.
Ne boudons donc pas notre plaisir à voir les Australiens battre à la dernière minute les Anglais (à notre place), les Japonais relancer sans cesse même avec la besace alourdie de 40 pions, en attendant samedi prochain la vérité sur le niveau actuel de notre équipe remaniée qui intègre les futurs cadres au gré des états de forme et des blessures: comme sur un tableau de Soulages, le noir est toujours révélateur de la lumière qui le frappe selon les angles.
En plaignant ces pauvres gars qui ne pourront même pas fêter leur victoire ou pleurer leur défaite entre eux autour d'un verre (ou d'un rêve) et les dirigeants du rugby français devenus plus prudes que prudes, comme ces anciennes péripatéticiennes qui en se rangeant après carrière découvrent la religion et deviennent les plus bigotes des paroissiennes de Msieur l'Curé.
les nippons sans samourais furent vite debordes eurent pourtant l envie de produire du jeu plus de mouvements enchaines de leurs parts par contre la prestation des Francais bien morose un jeu monotoneun spectacle sans emotions sauve par l electron Bieille l explosivite de Mauvaka la justesse de Roumat l mnipresence de DUPONT et DUPONT tant il a la la facilite de se montrer efficace de partout
RépondreSupprimerLES Blacks souvent malmenes ont ce pouvoir de faire du jeu ils ont toujours l initiative et ont de bons piliers
Quant aux futures troisieme mi temps la prohibition va voir eclore des tavernes rebelles
Vive les verres
Cher Pipiou, qu'on le veuille ou pas les coupes du monde seront un lointain souvenir dans 50 ans, car les hommes ne sont pas raisonnables.
RépondreSupprimerMais nous ne serons plus là pour les regretter.
Car le rugby ne sera plus mondial, même si quelques fous nous feront croire qu'on pourra aller y jouer sur la lune à coup de navette spaciale😉
Ben moi je veux pas trop Pipiou !
RépondreSupprimerLe match le plus important pour une sélection c'est le suivant, toujours .
De longues séries de victoires c'est encore le meilleur moyen d'arriver lancé sur un gros objectif.
Et puis la coupe du monde c'est du bonus, tout bien, mais les tournées, le tournoi surtout ne doivent pas s' en sentir deconsidérés .
Allez, Angleterre/ Australie, mazette !!
Me faites pas dire ce que j'avions pas dit, ohého !
SupprimerJ'ai dit que c'était maintenant la Coupe du Monde qui rythmait le rugby mondial et qui l'étalonnait.
Pas que tout ce qui se passe dans l'intervalle n'a aucun intérêt.
En tous cas Coupe du Monde ou pas, y'a des matchs qui comptent; enfin, tant qu'on ne prendra pas le chemin du foot à multiplier les compétitions tiroirs-caisse auxquelles on ne comprend plus rien.
Sans parler de prochaine coupe du monde, surtout quand rien n'est moins sûr même si impossible n'est pas français, il n'en demeure pas moins de s'accorder déjà pour de bons moments, avec un staff efficient, les meilleurs joueurs du moment, du crû ou l'eusse tu cru du Castro Ferreira plutôt que de l'âle dritt et pas nous servir du Ramos à l'ouverture au lieu du Jaminet toujours en carafe, par exemple...
RépondreSupprimerAprès tu vois venir quand le clocher se rapproche. Pas là peine de bader à le regarder en photo, de faire un crédit pour spéculer, de jouer à l'architecte devant les tableaux et écrans d'ordinateurs pour faire sonner les cloches des vêpres.
Mais avoir les bons moyens et exploiter au mieux l'instant présent pour améliorer l'avenir. Quand tu as la vue de près du clocher, là tu peux idéaliser le final en V et préparer les blouses pour les agapes.
Jaminet est en effet toujours en carafe, je confirme 🤣🤣
RépondreSupprimerC'était pas Jaminet que je voulais citer mais bien Jalibert qui décolle tjrs pas en EDF et qui risque de n'être même pas sur le banc pour les blacks
SupprimerJalibert n'est pas mis en confiance car il me semble quand même que c'est un super joueur ; mais comme dans la vie , si tu n'es pas désiré , tu reste en dedans de tes possibilités , que ce soit en sport , professionnellement ou en amour ...galthié le prend parce qu'il ne peut faire autrement mais le laisse sur le banc ; quand à ramos a part ses coups de pieds il ne m'as jamais impressionné;
RépondreSupprimerUn super joueur du top 14, oui, qui sa place dans le groupe bleu mais pas forcément dans l'équipe.
RépondreSupprimerFace à Ramos qui a du poids dans le vestiaire et qui est leader sur le terrain ça devient compliqué pour lui.
Et dans le cadre d'un 6/2 c'est mort.
Il n'est même probablement pas le second choix a l'ouverture, et si Le Garrec revient en forme on pourrait bien voir une fin de match avec le dénommé Toto a l'ouverture.
M'étonnerait pas que le boss remise par devers lui un truc comme ça derrières ses grosses lunettes.
Allez, la confiance ça se gagne, aussi(surtout ?).