Il aura fallu l'irruption d'une nouvelle année pour m'inciter à reprendre le chemin du blog après une longue période de carence, de vacance, de détox ovale. Et tout d'abord vous souhaiter de beaux projets pour 2026, des voyages en forme d'odyssées car c'est l'inattendu qui nous nourrit , du lien - dont on sait qu'il est constitutif de notre sport - et du plaisir. Un compère photographe, avec lequel je pérégrinais entre le pays de Galles et l'Angleterre un soir de reportage, me glissa cette phrase que j'ai fait mienne depuis lors : "Le bonheur est un festin de miettes." Comme une balle promise à l'essai, je vous la transmets.
Appelé par l'ami Daniel Gimeno, qui anime les ondes de Ici La Rochelle avec verve et culture, pour commenter coup de gueule et coup de cœur au sortir de 2025, j'ai bien été obligé de creuser la terre - heureusement meuble - de mes dégoûts mais je n'ai pas eu besoin de beaucoup de coups de pelle pour déterrer ce qu'il est convenu d'appeler "l'affaire Jaminet", imbroglio financier comme le rugby français n'en avait jamais entendu parler, montage sordide construit sur le dos d'un joueur, malversation dont on connait la structure mais pas les aboutissants. 450 000 euros se sont volatilisés et coûtent au Stade Toulousain deux points de pénalité au classement actuel.
La honte ne tue pas, j'en veux pour preuve la performance stratosphérique des coéquipiers d'Antoine Dupont face à d'infortunés Rochelais lors de la 13e et dernière journée de la phase aller. Mais la sanction demeure, plaie dont sont aussi marqués Dax, Biarritz et Béziers... Cette bande des quatre jette un voile sombre sur l'idée qu'on se fait de clubs d'élite exemplaires. Leur palmarès et leur rang dans l'histoire du rugby français les obligent. Au lieu de quoi les voilà coupables de du dopage financier et, ce faisant, détériorent l'image d'un sport déjà fortement commotionné par d'autres scandales.
Nous voilà revenus un siècle en arrière, quand quelques clubs - le SBUC et Quillan, entre autres - rêvaient de se faire plus gros qu'ils n'étaient et bafouaient les règles de l'amateurisme pour une poignée de billets. Ce professionnalisme mal maîtrisé coûta en 1931 au XV de France sa place dans le Tournoi des Cinq Nations. Aujourd'hui, ce sont les clubs anglais - naguère tenants de la règle - qui se délitent. Et la pluie de points de pénalité qui tombe drue sur les contrevenants n'augure rien de bon. Comme l'imaginait un jour Georges Pastre, chantre d'Ovalie dans les pages du Midi-Olympique, il serait bon que le classement du championnat de France soit articulé par l'éthique plutôt que déterminé par les budgets.
A ce titre, la Section Paloise ferait un excellent premier. Qu'on s'y penche : depuis trois ans, Sébastien Piqueronies laboure son projet. Suivant en cela le conseil du dramaturge irlandais William Yeats, il a accroché sa charrue à une étoile, ce qui est le meilleur moyen de tracer droit son sillon. Identifiant les talents régionaux - il faut dire que Pau est bien entouré par Oloron, Orthez, Aire, Lourdes et Tarbes -, il leur a proposé de partager une aventure, une idée, un système de jeu. Lentement d'abord, puis désormais à plein régime. Avec Théo Attissogbe, Emilien Gailleton, Fabien Brau-Boirie, Axel Desperes, Clément Mondinat et Grégoire Arfeuil, Pau présente désormais, avec Toulouse et Bordeaux, l'une des plus talentueuses lignes arrière du Top 14.
Pour narrer cette transformation, accompagner cette éclosion, enluminer ce qui déjà éclaire le Hameau, les Béarnais peuvent compter sur un ancien de la maison verte à la langue bien pendue qui désormais œuvre avec la plume dans les colonnes du quotidien Sud-Ouest, maniant franchement l'allitération et le jeu de mots comme naguère il entrait en mêlée et dans les regroupements. Auteur de Nous étions rugbymen, recueil qui plonge dans les tréfonds du rugby des villages et surtout du sien, Pierre Triep-Capdeville moule la gothique chaque semaine avec un plaisir communicatif. Nous ne serions pas surpris si l'enfant de Nay décidait de suivre sa bonne étoile jusqu'à trousser d'ici peu un roman ovale d'éclats picaresques.
Avant de devenir l'écrivain fameux que l'on connait sous le nom de Pierre Mac Orlan et qui, le premier parmi les solides prosateurs français du début du siècle dernier, plaça la pratique de cette discipline sportive héritée des Erastiens comme décor de certains de ses romans - citons La clique du café Brebis -, Pierre Dumarchey écrivit cette phrase que je sélectionne à l'ouverture de la nouvelle année dans l'espoir qu'elle nous irrigue : "Le rugby n'est pas un jeu, c'est une force qui s'offre comme un don, elle est trop puissante pour ne pas être partagée." Tel est le plus sincère de mes vœux pour 2026.

Toujours bien senti ce blog du jour.
RépondreSupprimerLa nouvelle gouvernance de la LNR va nous éclairer sur les sombres manœuvres de certains club et pas des moindres, dont un bénéficiait d’une protection de nature à fausser le championnat.
Plus vertueuse en effet la performance de la Section Paloise.
Que la prochaine année permette de retrouver une saine gestion qui évitera par exemple de pénaliser un joueur, en l’occurrence Melvin Jaminet, d’une double peine.