Au bon rebond de la
formation, le
ballon est maintenant entre les mains de ceux dont la vocation est d'offrir
assez d'outils aux éducateurs pour que nos jeunes talents puissent éclore et
profiter. Après avoir posé nos questions à Eric Laylavoix, CTR du
Limousin, notre intervenant es-qualités à Treignac, et obtenu des
réponses dont certaines furent bonifiées dans l'intervalle par Christian, j'ai
eu l'occasion de m'entretenir avec le DTN, Didier Retière, au sujet de
la formation «à la française» qui nous parle tant ici. Je vous les
livre sur Côté Ouvert en
direct du producteur au consommateur.
Première confidence : «Elle est dans la philosophie de la formation des cadres, dans ce qui est apporté aux jeunes et dans la filière du haut niveau. Mais rien n’est complétement écrit et défini ; les gens ont du mal à se l’approprier. On a été pillé par les Néo-Zélandais, les Anglais et les Irlandais. Elle existe, cette formation à la française, mais en filigrane. Il n'y a jamais eu une réelle volonté de la FFR et des cadres à l'imposer. Ca aurait été trop dictatorial», avoue Didier Retière.
Pourquoi la France n’est-elle pas fière de son savoir-faire en termes de formation ? «Ne pas être fier de ce qu’on sait faire, c’est lié à notre caractère latin, note Retière. Il y a vingt ans, nous avions les grands débats des spécificités régionales. Basques, catalans, alpins, toulousains, tous voulaient pratiquer leur style de jeu… La baisse du niveau de l’équipe de France a fait comprendre récemment à tout le monde qu’il était nécessaire de remettre en avant, ensemble, une formation qui nous soit propre. Maintenant, plus que par le passé, les éducateurs et les formateurs sont plus enclins à suivre ces préconisations.»
De quelles préconisations parle-t-on ? «De manipulation de balle, de directions de course, de capacité à bien sauter, chuter au sol et maîtriser les postures de contact, et ce à partir de six ans jusqu’à vingt-deux ans, c'est-à-dire en sortie de centre de formation dans les clubs.» Visiblement, tant de simplicité est compliquée à transmettre. Retière explique pourquoi : «Les écoles de rugby sont dirigées par des bénévoles qui doivent permettre à leurs meilleurs jeunes d’être mis en situation pour progresser correctement pour devenir des joueurs capables de bien lire le jeu, de prendre les bonnes décisions, en ayant le bagage technique adéquat, c’est-à-dire réaliser les bons gestes en étant en sécurité.»
A Treignac, les Quinconces ont évoqué les penseurs, techniciens de hauts vols capables de faire progresser la formation française. Parmi eux, Pierre Villepreux, qui fut DTN, suivi de son complice Jean-Claude Skrela. N’ont-ils pas insufflé depuis Marcoussis une méthode dite «toulousaine» ? «Si, bien sûr, reconnait Retière, qui a succédé à ce duo. Mais on est passé du mouvement général à fond en oubliant d’être précis sur d’autres parties du jeu, sur d’autres ressources qu’il faut mobiliser chez les joueurs. On parle maintenant de retour à la technique mais c'est un effet de balancier.»
J'entends les bloggeurs de Côté Ouvert demander au DTN, qu'ils ont sous la main : "Mais où en est-on, aujourd’hui ?" C'était pour cela que nous étions réunis à Treignac. Pas seulement, bien sûr, mais pendant quelques heures nous avons tenté de creuser le sujet. L'ancien entraîneur national répond : «Le modèle de formation, on le veut plus pragmatique, davantage lié à l’environnement des joueurs, en équilibre avec les aspects d’analyse et de prise de décision mais aussi de réalisation technique des gestes.»
Retière se place dans le prolongement de l'intervention informelle de Jacky Courrent, nouvel élu fédéral responsable des écoles de rugby à l'échelle nationale, venu spontanément nous rendre visite à l'Hôte du lac. «La présence accrue de cadres de la FFR sur le terrain», les fameux deux cents, «porteurs d’un projet précis et qui auront une formation adaptée, va nous permettre, ce qui n'a jamais été fait avant, de mettre en place, directement et facilement, les bases de la formation dans les écoles de rugby. Auparavant, les documents-supports étaient austères, réservés à des spécialistes de la formation. Là, on va formaliser et vulgariser un référentiel commun», précise Retière.
D'après le Directeur technique national, «une dizaine de personnes travaille sur ces documents», dont «Philippe Rougé-Thomas et Nicolas Leroux. Ce plan de formation» sera d'abord «remis dans les académies et auprès des jeunes du pôle France.» Vont aussi voir le jour «les crampons de bronze, d’argent et d’or pour que les gamins puissent construire leurs apprentissages à l’école de rugby auprès de leurs éducateurs.» Précision : tout cela devrait être finalisé en «septembre 2018».
Quelques informations à partager en prolongement de mes deux précédentes chroniques, nées de notre souhait d'évoquer le présent et l'avenir de la formation française. En partant de nos interrogations, relayées par Christian avec le sens du soutien dans les lignes, puis en passant par l'éclairage apporté par un Conseiller technique régional, nous voici maintenant au plus près des chantiers ouverts en ce moment à Marcoussis. Le sujet est furieusement d'actualité, au cœur de ce qui constitue notre rugby. De jeunes talents inscrivent leurs noms sur les feuilles de match de Top 14. Il me semble d'ailleurs que cette tendance s'installe. Acceptons-en l'augure.
Première confidence : «Elle est dans la philosophie de la formation des cadres, dans ce qui est apporté aux jeunes et dans la filière du haut niveau. Mais rien n’est complétement écrit et défini ; les gens ont du mal à se l’approprier. On a été pillé par les Néo-Zélandais, les Anglais et les Irlandais. Elle existe, cette formation à la française, mais en filigrane. Il n'y a jamais eu une réelle volonté de la FFR et des cadres à l'imposer. Ca aurait été trop dictatorial», avoue Didier Retière.
Pourquoi la France n’est-elle pas fière de son savoir-faire en termes de formation ? «Ne pas être fier de ce qu’on sait faire, c’est lié à notre caractère latin, note Retière. Il y a vingt ans, nous avions les grands débats des spécificités régionales. Basques, catalans, alpins, toulousains, tous voulaient pratiquer leur style de jeu… La baisse du niveau de l’équipe de France a fait comprendre récemment à tout le monde qu’il était nécessaire de remettre en avant, ensemble, une formation qui nous soit propre. Maintenant, plus que par le passé, les éducateurs et les formateurs sont plus enclins à suivre ces préconisations.»
De quelles préconisations parle-t-on ? «De manipulation de balle, de directions de course, de capacité à bien sauter, chuter au sol et maîtriser les postures de contact, et ce à partir de six ans jusqu’à vingt-deux ans, c'est-à-dire en sortie de centre de formation dans les clubs.» Visiblement, tant de simplicité est compliquée à transmettre. Retière explique pourquoi : «Les écoles de rugby sont dirigées par des bénévoles qui doivent permettre à leurs meilleurs jeunes d’être mis en situation pour progresser correctement pour devenir des joueurs capables de bien lire le jeu, de prendre les bonnes décisions, en ayant le bagage technique adéquat, c’est-à-dire réaliser les bons gestes en étant en sécurité.»
A Treignac, les Quinconces ont évoqué les penseurs, techniciens de hauts vols capables de faire progresser la formation française. Parmi eux, Pierre Villepreux, qui fut DTN, suivi de son complice Jean-Claude Skrela. N’ont-ils pas insufflé depuis Marcoussis une méthode dite «toulousaine» ? «Si, bien sûr, reconnait Retière, qui a succédé à ce duo. Mais on est passé du mouvement général à fond en oubliant d’être précis sur d’autres parties du jeu, sur d’autres ressources qu’il faut mobiliser chez les joueurs. On parle maintenant de retour à la technique mais c'est un effet de balancier.»
J'entends les bloggeurs de Côté Ouvert demander au DTN, qu'ils ont sous la main : "Mais où en est-on, aujourd’hui ?" C'était pour cela que nous étions réunis à Treignac. Pas seulement, bien sûr, mais pendant quelques heures nous avons tenté de creuser le sujet. L'ancien entraîneur national répond : «Le modèle de formation, on le veut plus pragmatique, davantage lié à l’environnement des joueurs, en équilibre avec les aspects d’analyse et de prise de décision mais aussi de réalisation technique des gestes.»
Retière se place dans le prolongement de l'intervention informelle de Jacky Courrent, nouvel élu fédéral responsable des écoles de rugby à l'échelle nationale, venu spontanément nous rendre visite à l'Hôte du lac. «La présence accrue de cadres de la FFR sur le terrain», les fameux deux cents, «porteurs d’un projet précis et qui auront une formation adaptée, va nous permettre, ce qui n'a jamais été fait avant, de mettre en place, directement et facilement, les bases de la formation dans les écoles de rugby. Auparavant, les documents-supports étaient austères, réservés à des spécialistes de la formation. Là, on va formaliser et vulgariser un référentiel commun», précise Retière.
D'après le Directeur technique national, «une dizaine de personnes travaille sur ces documents», dont «Philippe Rougé-Thomas et Nicolas Leroux. Ce plan de formation» sera d'abord «remis dans les académies et auprès des jeunes du pôle France.» Vont aussi voir le jour «les crampons de bronze, d’argent et d’or pour que les gamins puissent construire leurs apprentissages à l’école de rugby auprès de leurs éducateurs.» Précision : tout cela devrait être finalisé en «septembre 2018».
Quelques informations à partager en prolongement de mes deux précédentes chroniques, nées de notre souhait d'évoquer le présent et l'avenir de la formation française. En partant de nos interrogations, relayées par Christian avec le sens du soutien dans les lignes, puis en passant par l'éclairage apporté par un Conseiller technique régional, nous voici maintenant au plus près des chantiers ouverts en ce moment à Marcoussis. Le sujet est furieusement d'actualité, au cœur de ce qui constitue notre rugby. De jeunes talents inscrivent leurs noms sur les feuilles de match de Top 14. Il me semble d'ailleurs que cette tendance s'installe. Acceptons-en l'augure.