mardi 31 décembre 2024

2025 : que le jeu demeure

 

La vieille année s'en va, vive 2025, donc. Le temps s'écoule et ce n'est souvent qu'au moment où il atteint sa butée que nous percevons la vitesse à laquelle il file et, surtout, nous glisse entre les doigts. Quel est donc, à ce titre, le chemin parcouru par le rugby depuis qu'il a quitté sa gangue amateur en 1995 ? Trente ans, déjà. Est-ce un autre jeu ? Sans aucun doute. L'activité économique qu'il génère a-t-elle dépassé la pratique sportive ? On peut sincèrement en douter quand se mesure en dizaines de millions d'euros le déficit financier qui plombe son bilan.
Reste des douze mois écoulés le reflet d'une médaille d'or olympique décrochée par l'équipe de France à 7, et il faut la placer en regard des "affaires" qui polluèrent l'été dernier pour tenter d'apporter un peu de lumière quand les zones d'ombre voudraient nous happer. Heureusement, le jeu de mains nous éclaire lorsqu'on se tourne vers le terrain, jeu de Toulousains que subirent les Irlandais du Leinster en finale de Coupe des Champions et les Bordelais surclassés à Saint-Denis en quête du Brennus.
Je vous souhaite avec le plus de force possible que quelque chose puisse vous effleurer, du sentiment particulier dont une seule passe détachée, venant devant nos yeux d'un match auquel nous assistons, un mouvement offensif qui ne peut surgir que du tréfonds d'une relance inspirée, nous touche comme un rayon de soleil et nous tient liés, quelque chose du doux plaisir que nous éprouvons quand nous sommes au stade et que ce ballon passe de mains en mains.
N'en est-il pas déjà ainsi, pour un décalage subtil ou un plaquage appuyé ? Si au cœur d'une rencontre à La Rochelle, Perpignan, Toulouse ou Clermont, à Castres, Pau, Bayonne, Montpellier ou Toulon, à Jean-Bouin, à Chaban ou à l'Arena, Vannes ou Lyon, passe un frisson d'émotion ovale, où donc ce frisson surpasserait-il ou égalerait-il seulement ce qu'éprouvent ces héros modernes que sont les joueurs eux-mêmes ?
Le poète écrit : "L'homme désire et redoute à la fois d'être tiré de lui-même : il sent que l'infini va le toucher, qui contracte sa poitrine en voulant l'élargir, et va ravir son esprit. A cela vient s'ajouter le respect de la perfection de l'art : l'idée de la jouissance permise d'une merveille qu'il va recevoir en lui comme s'il avait avec elle des affinités, entraîne une sorte d'émotion et même d'orgueil, l'orgueil le plus heureux et le plus pur peut-être dont nous soyons capables."
Ainsi s'exprimait Eduard Mörike relatant de Mozart le voyage à Prague. Alors ravissons nos esprits, touchons l'infini, respectons la perfection de l'art, jouissons de toutes les émotions, recevons le meilleur des affinités. Et comme les vibrations sublimes des accords du maître s'écoutent au-delà de la coda posée au bout de l'ultime portée, j'aimerais vous offrir en guise de cadeau à l'occasion de cet instant charnière de joyeuse intimité un peu du silence qui prolonge l'œuvre. Elle est descente en chacun de nous, avant que nous remontions goûter ensemble la nouvelle année.

6 commentaires:

  1. "L'équipe lourdaise se mettait en route comme un orchestre s'élance pour interpréter une œuvre. Les lignes mélodiques s'ajoutaient les unes aux autres avec précision, belle exécution associant le talent de chacun avec l'ingénieuse harmonie collective. Et si cela ne suffisait pas, il y avait l'essentiel, à savoir le respect et l'amitié, ciment des hommes du rugby".

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  2. Je ne sais si notre rugby pro est celui que nous attendions , mais je sais simplement que ce que j'attends soit une belle santé pour tous ceux du blog et leur famille ; car sans sa famille et ses amis , le monde est un peu vide ..alors que 2025 vous comble , ce sera déjà bien et si nous voyons de beaux matchs , on ne s'en plaindra pas !
    Pace e Salute

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  3. Merci Marc pour tes vœux à la suite de cette belle chronique de l'année.
    Une petite question pour Richard.
    As tu une idée de pourquoi tu as choisi de désigner le lieu de rencontre de trois clubs, dont les deux parisiens, par le nom de leur stade?
    Est-ce que ça aurait un rapport avec la dimension de spectacle initiée par Max Guazzini, déclinée autrement à l'avenant (salle fermée) et de Chaban et ses chambrées de plus de 30000 spectateurs qui deviennent de plus en plus des supporters et connaisseurs?

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  4. Et bien sûr que chaque "Je" continue à demeurer, sans faire plus qu'il ne faut, utiliser juste l'eau pour les besoins courants, brûler juste l'énergie nécessaire pour avancer.
    Eviter de passer à côté des choses, juste un cadrage débord de plus au temps.
    Bref éviter les en-avants, les passes mal assurées, les feintes de passes inappropriées bouffant l'occaze d'essais...
    Et on sera pas mal.

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  5. Oh zut, trente ans !
    Bien sur que le jeu a évolué, encore heureux, c'est leur métier à plein temps.
    Et même notre bon vieux Rugby des modestes talenquéres, pour le peu que j'en vois semble plus aéré, plus sain surtout.
    Ce n'est pas, j'espère seulement une impression ?
    Ce qui ne bouge pas c'est la galère des Préz, des trésoriers, des éducateurs, tous bénévoles et toujours obligés des faire des miracles avec des bouts de ficelle.
    Je leurs souhaite une fédération enfin à leur chevet.
    Et à vous tous que nos épistolaires relations ne meurent jamais.
    Allez nous

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  6. Hello les plumes 2025,
    Tous nos Voeux de bons marins, une table, des verres et des rires, du vent et la vie devant vous ! Car pour la routine, on est servi ! Le stade toulousain écrase tout le monde comme le PSG ou comme Verstapen ! La morosité finalement est implicite car le rugby est au creux de la vague. Heureusement le Vendée Globe est là pour nous tenir en haleine, du moins nous ! Les terriens, viticulteur, conteur, barman, écrivain and Co, allez aux Sables d'Olonne pour les arrivées, un moment unique à vivre, loin d'une enceinte avec du gazon synthétique ! Cherchons, les affinités, l'émotion, les vibrations et le silence du vent dans les voiles et du clapot contre l'étrave du bateau. Ave Moussaillons, l'embrun nous chatouille les narines.

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