mardi 1 septembre 2020

Ordre dispersé

Depuis la controverse pied/main qui anime le rugby et rééquilibre en permanence sa pratique, alimentée par la fameuse déclaration du génie gallois Barry John qui assurait que "une bonne attaque à la main se prépare au pied", axiome que tous les ouvreurs du monde valident, les réflexions sur la finalité de ce jeu ne cessent d'enrichir nos réflexions. Décalage versus combat, conquête avant utilisation, contact contre évitement, priorité à l'avancée des avants ou au déploiement des arrières, l'exploitation de la balle ovale par l'homme - et la femme - en short et en crampons recèle des trésors de contradictions et d'antagonismes, et c'est bien tout son charme. 
De la même façon qu'il n'existe pas de démocratie véritable sans liberté d'expression et donc de débat contradictoire, le rugby ne peut vivre, c'est-à-dire aujourd'hui respirer sous masque, sans s'alimenter d'avis contraires. Rien dans sa structure, et c'est son charme si l'on veut bien s'extraire des visions partisanes, ne favorise le conservatisme, né qu'il est d'un profond dédain pour les us et coutumes qui consistaient à frapper du pied dans le ballon et de courir pour le rattraper à la volée, ancêtre du up-and-under si cher à nos adversaires Anglo-Saxons éduqués sous la pluie et dans le vent froid. 
Pour autant, à l'heure où débute les Championnats professionnels après six mois d'arrêt complet pour cause de virus chinois, les clubs de Top 14, principalement, attaquent en ordre dispersé cette première journée alors même que la solidarité s'imposerait ne serait-ce que pour faire face à cette adversité sournoise et destructrice qu'est le Covid-19 et ses effets liberticides, ses craintes sanitaires, son stress environnemental. Au lieu de quoi se multiplient les petites phrases assassines tant elles jettent le doute là où devrait naturellement s'extraire des médias un front commun, un rideau hermétique ou seulement une position soudée, à l'image de ce que dessine une équipe en défense. 
Alors que personne ne sait aujourd'hui quelle sera la réalité du Championnat à la fin de l'année, et que chacun s'interroge sur le nombre de matches reportés à Noël - savoir donc si le Top 14 sentira le sapin -, à l'heure où l'économie du rugby professionnel pourrait souffrir de la jauge imposée aux spectateurs même si certains préfets s'arrangent pour la hausser, l'image renvoyée par le rugby pro français depuis le début de la crise Covid ne s'est pas améliorée. Double langage, interets personnels, critiques incessantes, silences assourdissants, calculs d'apothicaires, menaces de scission : l'arsenal a de quoi faire tout exploser. 
Heureusement, des mains tendues enrichissent la palette. Celles d'Ovale Citoyen, pour ne prendre qu'un exemple, actives malgré la distanciation sociale. Les effets du coronavirus ne sont pas tous néfastes ni anxiogènes. Et si le rugby d'élite a perdu en ce débl'occasion dont'rimer des vertus, à commencer par le devoir d'exemplarité en direction des jeunes générations qui prendront un jour prochain le relais, le monde amateur et associatif reste, silencieux et discret, ce socle sans lequel aucune pratique ne peut se targuer d'exister.

52 commentaires:

  1. Un peu comme au Liban, et juste pour une certaine comparaison, les élites dirigeantes n'ont pas l'air d'avoir compris le message -de la maladie et de la catastrophe- qui serait peut-être de réfléchir et de tenter de passer à autre chose. Non, personne, ici ou ailleurs, ne veut lâcher le morceau. Les puissants veulent rester en place et, tout juste, tout simplement, retrouver le monde d'avant.

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  2. Alors que quelques voix s'autorisent timidement à penser qu'une population plus sportive serait mieux armée face à un virus,fût il chinetoque, je n'ai pas l'impression que nos classes dirigeantes y aient songé l'espace d'un instant.
    Le monde d'avant, celui des ligues, des supers,des tops, des cops et autres mascottes n'a pas tremblé d'un cil, p'tet un peu le comptable mais ça va s' arranger.
    Allez, en doutiez vous ?

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  3. Par ailleurs, je ne pense pas que çà puisse "s'arranger" comme par un coup de baguette magique. Je ne sais pas bien pourquoi...Un certain sentiment: pas réellement étayé.

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    1. Ce n'est pas parti pour effectivement... Cf le Tour de France et Christian Prudhomme

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  4. Entre le socle et le haut de l'arbre, il y a un lien évident, sans les racines obscures invisibles enfouies dans la terre il n'y a pas de belles branches fleuries tout en haut à la lumière et qui profitent de la vue.
    Mais entre le bas et le haut, il y a aussi une entaille dans l'écorce, et cette entaille s'élargit de plus en plus jusqu'à mettre en péril le tronc et l'arbre lui-même. Et quand un coup de foudre "épidémique" tombe soudainement, l'entaille craque et s'écarte encore plus fortement, accentuant d'autant la distance entre le bas et le haut, et le risque de s'abattre.
    Et si l'arbre tombe, les racines continuent leur vie tout en bas, et lentement l'arbre repousse.

    Bon, après cette parabole élégiaque et sylvicole, cette histoire de Stade français me semble aussi symbolique: 9 des 11 joueurs qui seraient positifs jouent en 1ère ligne. S'il y a un poste qui symbolise le collectif, c'est bien la tête de mêlée. Au-delà des bringues communes.
    Par certains côtés, c'est rassurant...

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    1. J'aime bien l'image de l'arbre, mais le deuxième ligne de Montpellier et celui du Rugby Club Bazeillais sont ils toujours rattachés au même tronc ?
      Et lequel mériterait le plus toute l'attention de l'ONF ?
      Allez Chevreuse

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  5. Ouais, au pire on pourrait dire que c'est rassurant. Pros ou amateurs, les intérêts et les enjeux financiers notamment ne sont pas les mêmes, évidemment. Pour autant, pour tous, la gestion de ce jeu reste compliquée au même titre que le hand ou le basket également. Pourquoi les gros se sont il trouvés atteints comme ça au SF ??... Une fiction dont la vraie histoire pourrait avoir différentes versions style Basta. Problème gestion employeur ou problème comportement joueurs salariés ? Où on voit que l'assurance tous risques ne fait pas tout, même en payant les franchises. Faut aussi respecter les autres, par les risques collatéraux. C'est d'autant plus dommageable pour le monde pro qui doit faire absolument avec des recettes d'entrées payantes notamment pour payer des salaires de plus en plus juteux. Dans "l'autre monde du travail", la faute grave est souvent sanctionnée plus durement... Un manque de sérieux et de professionnalisme. Au même que certains joueurs du PSG après coupe d'Europe... Liberticide est le terme exact. Des mains qu'il vaudrait mieux en ordre resserré pour demain, question de pérénité.

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  7. Si çà continue, que vont devenir les "Iliens"?

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  8. A l'heure qu'il est, le calme et l'ordre règnent. Pour la dispersion on attendra encore un peu!

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    1. D'ici que le temps pète... La météo n'est pas une science exacte, pas plus que les canons antigrêle.
      Allez, les 2 pieds les 2 mains dans la... Mettre les mains dans le cambouis, plutôt que le pied pour botter en touche ? 🤔

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  9. Je me demandais .... ce socle silencieux et discret ça serait-y pas le même qui s'apprête à voter de façon massive pour la réélection du Président à vie ? Enfin peut être ... parce que figurez vous que I had a dream ; le voici :

    Bernie est chu ici, le vieil audacieux,
    Qui pour voler toujours eut assez de courage :
    Ici tomba son corps dégarni de plumage,
    Laissant tous braves cœurs de sa chute envieux.

    Ô ingénieux travail d’un esprit industrieux,
    Qui tire de si grands gains d'un si petit ouvrage !
    Ô astucieux malheur, plein de tant d’avantage
    Qu’il rende le vaincu des autres victorieux !

    Un chemin si nouveau n’étonna sa vieillesse,
    Le pouvoir lui faillit, mais non la hardiesse ;
    Il eut, pour le cramer, des astres le plus beau.

    Il tomba poursuivant une haute aventure,
    World Rugby fut son désir, la FFR sa sépulture :
    Est-il plus beau dessein, ou plus riche tombeau ?

    Avec l'aide de Philippe DESPORTES (1546-1606)

    sinon concernant le socle j'ai trouvé une citation intéressante

    "Si vous détruisez les statues, préservez les socles. Ils peuvent toujours servir."

    C'est de Stanislaw Jerzy Lec un auteur polonais dans "Nouvelles pensées échevelées"

    Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit .



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    1. çui qui trouve le vrai titre du poème a gagné un masque du CRC ( Chartreuse Rugby Club), authentique club amateur local ...

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    2. Ah, par chez vous autres on cultive aussi du l'authentique alors ?
      Allez, bas les masques

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    3. Faut bien pasque sinon tout fout l'camp ! Tiens quand tu penses qu'il faut regarder la pétanque pour voir des générales! Si c'est pas malheureux ça !

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    4. Bizarrement peut-être,j'ai immédiatement pensé à "L'Albatros" de Charles Baudelaire...?!

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    5. Effectivement, se regarder voler, majestueux...

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    6. Et oui, Sylvie, tout fout le camp. Des générales à la boule perdue... Nous allons bien voire ce que ça donne ce vendredi soir en ouverture. Normalement, dans une ouverture, tous les thèmes sont présents.

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    7. joli l'Albatros mais regarde les dates André c'est beaucoup plus ancien, bon ok j'ai un peu remis en français plus récent sinon c'était trop compliqué donc de P Desportes c'est "Icare est chu ici ..." pas de titre, c'est le 1er vers qui fait office tiens il est ici : https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/philippe_desportes/icare_est_chu_ici_le_jeune_audacieux
      vous verrez je n'ai pas changé énormément de vers, pour l'anecdote c'est le "dégarni de plumage" qui m'a fait songer à l'illustre Bernie ...

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    8. Comme Icare, Bernie pas le meilleur exemple. Comme le vol de l'albatros. Dégarni du plumage OK, et pas que... Le masque ne cache pas tout🤣🤣

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    9. Ben il se vautre à la fin comme dans mon rêve marrant comme Icare est toujours vu comme un mec sympa alors qu'il a fait rire ...voir " Dédale et Icare, métamorphoses d'un mythe" chapitre V le rabaissement burlesque d'Icare ...

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  10. Un indice: pour le premier match de Pro D2 entre le BO et l'USAP, y'a même pas eu une échauffourée.
    Avec le train de ma fille arrivé hier avec 5 mn d'avance, tout fout l'camp !

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  11. Oui, bien sûr, j'avais vu les dates; mais juste une sensation dans le début du texte qui m'a fait penser à l'Albatros. J'aurais aussi pu penser à Musset et à son allégorie du Pélican dans "Les plus désespérés sont les chants les plus beaux".

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    1. Le Pelican traite plutôt de la paternité et du sacrifice

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    2. Ben c'est à dire que y'avait pas de poème sur les charognards 😂😂

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  12. Le Top 14 plongé dans le noir au bout de trois minutes de match à Montpellier. Le pauvre rugby pro n'avait pas besoin de ça...

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    1. J'adore Garba : "je ne suis pas électricien". Et tout de suite après la langue de bois au deuxième degré : "ça continue à nous faire grandir..." Ah ah, trop drôle...

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  13. Et flûte ! Les pylônes ont chopé le virus !

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    1. Ou alors Altrad a oublié de payer la facture d'électricité

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  14. « l’exploitation de la balle ovale par l’homme « 
    Exploitation, production, profit.
    Des puits de pétrole en passant par les carrières ou l’agriculture, les matières premières qui émanent de ces exploitations semblent vitales pour l’humanité. Quant aux profits qu’elles vont initier en terme de gains, ils ne sont bien souvent que le fruit de leur travail pour les simples exploitants alors qu’elles vont laisser d’autres perspectives financières et économiques jusqu’au plus hauts sommets des états.
    Exploiter un ballon serait alors aussi produire : du jeu. Dans un processus maîtrisé soumis à un travail d’équipe, certains joueurs deviendraient ainsi ces artificiers des carrières de granit, alors que d’autres conduiraient les engins. Le jeu serait ainsi le garant de la survie d’une espère mais aussi des gains de ceux qui le produisent, sans compter sur les répercutions au delà des terrains.
    La dernière mine a fermé en france dans les années 2000.

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    1. Impitoyable Pimprenelle!
      Allez, au boulot

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    2. Merci Primprenelle : en écrivant ce bout de phrase, je m'attendais à ce que quelqu'un reprenne la balle de volée. Bien joué... Les hommes sont ce qu'ils admirent, et les sociétés ce qu'elles laissent à admirer.

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  15. Et, donc, le rugby, quand? Et le sport professionnel, d'ailleurs, en général?

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  16. En attendant jolie victoire de Pau sur le MHR . Ca n'a tenu à pas grand chose, 3 points ... des brouettes comme on dit... oops ! Pardon M Altrad 😉

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  17. Et là, Toulon coule doucement dans le port de La Rochelle, une petite voie d'eau, rien mais le niveau de flottaison descend. "C'est déstructuré, c'est déplaisant", constate M. Poite, l'arbitre, qui a l'air de se faire chier considérant le nombre de joueurs de qualité présents sur la belle pelouse de Marcel-Deflandre.

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    1. au moins un semblant d'affluence et c'est très bien ...comment ensuite gérer les différences de jauges entre les clubs, la Ligue peut elle intervenir pour obtenir un traitement équitable ? ( et plutôt avec une jauge élevée tant qu'à faire)

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  18. Pas pour me la péter mais le vainqueur étape du TDF est isérois, Nans Peters, avec son prénom de berger il a su identifier son adversaire ( Zakarin) comme une authentique chèvre en descente . Ca change des " voila toussa " d'autres sportifs . Car j'aime à respirer l'air pur de nos montâââgnes ... Allez les Allobroges vaillants !

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    1. Belle petite étape sympa aujourdhui dans les Pyrénées. Avant de prendre le Clermont-Toulouse express

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    2. Effectivement très bien ce Peters.

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    3. Roglic favori mais le vrai tueur c'est Pogacar, non ? Sinon en rugby j'ai bien aimé Hastoy de la Section paloise que je ne connaissais pas du tout .

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  19. De la déception avant toute chose, mais ils ont été formidables

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  20. Au passage, je me suis régalé. Je n'ai pas souvenir d'un match de reprise avec une telle intensité

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    1. Moi aussi je me suis régalée 🤩

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    2. Et moi je me suis régalé!
      Bon, on rigole c'est lundi, juste rappeler au stade que prendre les pénalités pour ramener un nul c'est bien aussi, dans les milieux autorisés on dit qu'il faut respecter le jeu.
      Allez, juste l'avis d'un talon de banlieue hein !

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  21. Bof, pas choquant.
    Ils se sentaient sur une bonne dynamique, leur touche marchait bien et ça avançait plutôt bien après pas loin de la ligne.
    Choisir l'espoir de prendre 4 points, plutôt que l'éventualité d'en grappiller un de plus en faisant le nul, ça se conçoit; surtout dans les circonstances du match et en ayant joué une demi-heure à 13 contre 15.
    Après, fallait peut-être réfléchir un peu plus, et se dire qu'un point de plus, ça voulait surtout dire 2 de moins pour Clermont; en fin de championnat, ça peut compter...
    (mais Ntamack m'a semblé sur le moment un peu trop survolté pour réfléchir)

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