Pianiste virtuose éclectique, il était inclassable tant il embrassait tous les styles et toutes les formes. En trio - avec basse et batterie-, il ne demandait rien d'autre que de la fusion. Il n'effectuait aucune annonce, pas même le titre du morceau qu'il souhaitait interpréter. Ses "coéquipiers" devaient posséder l'oreille absolue et le rythme dans la peau (de leurs caisses claires). Une fois lancé, il changeait de thème et passait à un autre standard, choisissait une tonalité différente, modifiait le rythme, ajoutait ou retranchait des mesures. Ses solos s'étiraient jusqu'à ce qu'ils aient tout livré.
vendredi 13 décembre 2024
Martial et solaire
dimanche 1 décembre 2024
Lignes de rupture
Alors que le feuilleton du Top 14 reprenait vie après la parenthèse des tests de novembre, voilà qu'il nous faut basculer d'un seul coup sur la Coupe d'Europe et de l'Afrique du Sud, dont on se demande encore quel sens géographique il faut lui donner, si ce n'est l'aligner sur un fuseau horaire pour trouver un peu de cohérence. Bien marri après sa défaite à domicile face à Vannes, lanterne rouge du Championnat, le Stade Rochelais a domestiqué cette rupture en remportant les deux éditions charnière, preuve qu'une compétition même réaménagée reste un défi à relever.
J'aurais aimé ne pas vous parler d'arbitrage dans cette chronique, grand sujet de la semaine passée, débat qui comme le tonneau des Danaïdes, est sans fond, plutôt sans fondement au sens où il n'a pas lieu d'être. Certifier que l'arbitre a tort, c'est comme regretter que le ballon soit ovale et qu'il ne rebondisse pas toujours là où on l'attend. Il faut croire que les entraîneurs qui fulminent sur le bord de touche dans leur petit rectangle collé au grand trouve le défouloir avantageux. C'est en tout cas le bouc-émissaire idéal. Et ça ne date pas de hier.
Surpris aussi qu'un joueur important du XV de France décide de quitter le rassemblement de l'automne et Marcoussis pour rentrer chez lui, saturé, miné par l'impression d'être incompris ou mal compris. Les malentendus se transforment souvent en sous-entendus, à moins que ce ne soit l'inverse. Et voici la Ferrari tricolore qui rentre au garage. Que dit du groupe France ce mal-être du talentueux Matthieu Jalibert, préférant hypothéquer sa carrière plutôt que de souffrir sous la férule de Fabien Galthié ?
Si l'on écoute bien ce qu'a déclaré Ronan O'Gara à l'issue de la défaite de son équipe à Marcel-Deflandre face à Vannes, samedi dernier, le rugby est d'abord une histoire de "bonne attitude, d'engagement, d'agressivité et de volonté..." De confiance, aussi. Et de rythme. Certains équipes, comme Toulon et Clermont, y ajoutent de la précision technique pour faire bonne mesure, et beaucoup de liberté dans la prise d'initiatives. On ne parlera pas de Toulouse, qui a compris cela depuis plus de quarante saisons. Pas étonnant que ces trois clubs occupent à l'heure actuelle les premières places.
Le jury du prix La Biblioteca s'est réuni jeudi dernier à l'heure du déjeuner dans une agréable auberge parisienne feutrée pour désigner le meilleur ouvrage de rugby de l'année 2024. Une œuvre a été plébiscitée mais les deux autres ouvrages restés en lice jusqu'à la fin n'ont pas démérité, loin s'en faut. Le choix du jury - qui devrait être annoncé au Sénat mi-janvier 2025 - fera un beau vainqueur, qui ne manquera pas d'ouvrir de nouvelles perspectives. Elles ont nourri nos échanges, elles devraient ravir les amoureux de ce jeu.
Sous la présidence avisée du sénateur Philippe Folliot, ce fut un réel plaisir d'écouter l'ami Benoît Jeantet - lauréat 2023 - défendre le style à fond la forme, de profiter de la verve de Pierre Berbizier, de l'engouement de Laura di Muzio et de la malice de Jean-Christophe Buisson. Les mots choisis de Max Armengaud ont pesé dans les débats. Même absent, Jean Colombier a su faire entendre sa voix. Emmanuel Massicard (Midi-Olympique), David Reyrat (Le Figaro) et moi avons choisi le diapason pour nous accorder. Ces moments chaleureux pimentés d'opinions disputées ne seraient rien sans l'efficacité de Marie-Dominique Hérail, bienveillante secrétaire.
On l'a vu, on l'a lu, la multiplication des prix littéraires consacrant les meilleurs livres de sport a donné lieu cette année à un embouteillage, le Jules-Rimet et le Grand Prix Sport et Littéraire choisissant Andrea Marcolongo. Du coup, l'unification s'impose. Mais pas pour le rugby. Le prix La Biblioteca est unique dans son genre, le premier et à ce jour le seul. Qui récompense d'authentiques auteurs et pas des porte-plumes... Créé il y a quatre ans dans le sillage de Jeux de Lignes pour récompenser le rugby à l'ouvrage, il ne s'arrêtera pas en si bon chemin.
En parcourant l'éventail des sites rugbystiques anglais, j'ai appris que la fédération sud-africaine préparait activement ses futurs arbitres internationaux, et que cet objectif était même une priorité. Non contents d'avoir décroché consécutivement deux trophées Webb Ellis, les Springboks vont aussi essaimer au sifflet, sous la responsabilité de Marius Jonker. Pendant qu'en France, consultants, techniciens et anciennes gloires s'opposent au sujet de la probité de nos directeurs de jeu, l'Afrique du Sud fait l'union sacrée autour de ses arbitres. On ne s'étonnera donc pas d'avoir un peu de retard à l'allumage...