mardi 30 juin 2020

Béziers clair obscur

Parmi les légendes de vestiaires qui alimentent les fantasmes et racontent en creux l'histoire d'une équipe, d'un club ou d'un sport, les tensions biterroises appartiennent à cette Iliade en temps de paix que l'on nomme aussi Championnat de France, qu'il soit à quatre-vingt ou quatorze clubs. Les témoins de cette époque mythique qui vit Béziers se muer en armée cathare rouge et bleue derrière Raoul Barrière dans le rôle de Ménélas et Richard Astre dans celui d'Achille racontent facilement à quel point de solides inimitiés - mais jamais d'indifférence - s'évanouissaient une fois la tunique enfilée, les intérêts individuels faisant alors cause commune.
A l'heure où les mythologies ovales s'évanouissent les unes après les autres, atteintes par la limite d'âge ou ensevelies par l'actualité abondante, l'histoire de Béziers, l'un des trois clubs phares du rugby français avec le FC Lourdes et le Stade Toulousain, nous revient éclairée sous contraste par la bonne affaire Dominici, ce rachat d'un pan de gloire éteinte par un investisseur dont la manne trouve sa source dans les champs de pétrole émiriens.
La fortune ne souriant pas toujours de façon continue, comme Lourdes et Toulouse, Béziers s'inscrit de façon indélébile dans notre saga par le jeu, ce qu'on appelle une empreinte et qui dépasse les titres. Evoquer ce que Béziers apporta de relief au rugby pendant plus de deux décennies, c'est convoquer la guerre des styles et les postures tactico-techniques ; c'est se signer en entrant dans une chapelle dont les saints s'appellent Barthez, Danos, Barrière et Astre dans une liturgie remarquablement dessinée par un enlumineur nommé Pierre Conquet, auteur des Fondamentaux du rugby, bible des convertis à la ligne d'avantage.
Enlevez les présidents-propriétaires-mécènes du Top 14 et de la Pro D2, ainsi que les clubs adossés à de grandes entreprises, que reste-t-il ? Comme le Racing 92, Bordeaux-Bègles, Toulon et les Stade Français avant lui, Béziers troué de déficit va éviter la descente en Fédérale 3 amateur par la grâce d'un nouveau repreneur. Lourdes n'a pas eu cette chance. Quant à Toulouse, son modèle économique indépendant le place pour l'instant, comme La Rochelle, au-dessus des nuages qui s'accumulent partout ailleurs.
L'argent peut tout s'offrir ? Joueurs, entraîneurs, raison sociale, stade, renommée ? Peut-être. Demain les transferts d'internationaux, comme au football, enrichiront les clubs formateurs, les agents, les joueurs eux-mêmes et leurs conseils, constituant ainsi une bourse des ventes, un marché autoalimenté en vase-clos. C'est un Spanghero, Philippe, qui le souhaite et l'annonce, interrogé par mon excellent confrère David Reyrat dans Le Figaro, étonnant renversement des valeurs, preuve s'il en fallait de cette évolution que certains nomment progrès. 
Invité par Jean-Paul Jorge à évoquer mon meilleur souvenir de journaliste, m'est spontanément venue à l'esprit la finale de Coupe du monde 1995 à Johannesburg et l'entrée sur la pelouse de l'Ellis Park de Nelson Mandela revêtu du maillot n°6 du capitaine des Springboks, Francois Pienaar. Certaines choses ne s'achètent pas. Elles appartiennent au patrimoine incompressible qu'est notre mémoire individuelle et collective que seuls l'art et le sport peuvent produire.
En inaugurant le square Joseph Navarro lundi à Béziers, les anciennes gloires de ce club ont certainement pensé très fort - et pour certaines la larme au coin de l'œil - à l'ironie du sort, l'iniquité du destin, l'inanité des honneurs, en souvenir de ce Pepito éruptif (cf photo), petit gabarit courageux, sec et souple comme un roseau d'acier, qui débarqua un jour à Sauclières transi et affamé, et que le concierge du stade recueillit après l'avoir trouvé endormi dans le vestiaire. Arrivé d'Espagne et passé gamin par le XIII  à Lézignan, il n'avait nulle part ailleurs où aller.
Il est mort en 2011, à 65 ans, presque abandonné, en tout cas miséreux et malade. Trois fois champion de France (1971, 1972, 1974), cet ailier sans peur demeure dans les mémoires comme celui qui offrit en 1975 sa place de titulaire en finale à Claude Casamitjana au motif qu'il avait déjà trois titres de champion de France, que ça lui suffisait amplement et qu'il fallait faire place aux jeunes. C'est de cela dont est tissé le sport en général et le rugby en particulier. Cette étoffe, qui n'est pas celle du maillot mais du cœur, tout l'or du monde ne peut l'acheter.

72 commentaires:

  1. Très belle histoire que celle de Navarro, c'est en cela ou le sport rejoint les légendes et leurs chevaliers glorieux...Je ne sais ce qui adviendra de l'ASB mais peut être qu'en passant par Lourdes, il y aura un miracle ...et il en faudra un autre pour que la trinité ST ASB Lourdes se reforme...peut etre le pape François pourrait supporter un plus la cité mariale ...il est riche le Papé

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  2. Merci Ritchie pour cette aquarelle magnifique aux couleurs biterroise. Merci également de rappeler à nos mémoires ce sacré bonhomme qu'était Joseph Navarro. Concernant l'affaire Dominici (désolé je n'ai pas pu m'en empêcher) le temps nous dira si, non pas le progrès, mais l'évolution de notre sport mérite d'être vécu. savoir si l'évolution de notre sport sera toujours oval et non rond comme la forme du ballon du système sportif professionnel dominant, le football. A ce propos, je précise, en toute humilité, que les transferts en rugby on toujours existé, mais par pudeur, on appelle cela des indemnités de mutation. Les us et coutumes sont très loin de ceux pratiqués dans le football - au rugby le club recevant paie un montant indexé sur la valeur du contrat restant dû par le joueur au club quitté - Il est vrai que l'économie du football repose sur deux piliers essentiels à sa survie, les droits TV et les transferts. Au rugby, les droits TV représentent 20% d'un budget d'un club pro contre 60% minimum au foot. Concernant les transferts, la différence fondamentale est qu'au foot les joueurs sont des actifs comptable de la société sportive ce qui permet d'en évalué l'assise financière. Au rugby, les joueurs sont juste des joueurs et c'est déjà pas mal...

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    2. Merci cher Anderson pour cet éclairage... lumineux

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    3. Pardon pour les fautes de français, un en-avant grammatical bien regrettable...

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    4. Bah cest moins grave que de garder David Gerard à Béziers alors qu'il oeuvre a Lyon. Le journaliste qui écrit ça mérite un tampon à la samoanne

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    5. Valeurs financières ou capitalistique..... EN Tchéquie, très grand pays de sports en tous genre(excusez moi) , Les joueurs de foot et surement de hockey, ont pou la plupart le statut d'auto-entrepreneur, ça doit changer beaucoup d'approches. Pourquoi pas en France?

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  3. L'étoffe, le coeur, et le rêve dont nous parlait notre ami biterrois dans la précédente chronique, ça me fait penser au grand William:
    “We are such stuff as dreams are made on, and our little life is rounded with a sleep”...

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    1. ah Prospero The tempest, j'aime bien aussi les vers qui précèdent ( je mets la traduction )
      "Un jour..., de même que l'édifice sans base de cette vision, les tours coiffées de nuées, les magnifiques palais, les temples solennels, ce globe immense lui-même, et tout ce qu'il contient, se dissoudront, sans laisser plus de brume à l'horizon que la fête immatérielle qui vient de s'évanouir ! Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est enveloppée dans un somme..."
      Et donc si tout s'évanouit ainsi, carpe diem !!

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  4. Alors là franchement le blog part sur des bases olympiennes

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  5. veni vidi domi nici, quel parallèle entre cette époque glorieuse et "le projet" pharaonique (meme si ça vient de l'autre coté de la mer Rouge) de notre ailier danseur favori.
    notre rugby est si nul que le gage est de faire venir des anciennes gloires prendre un peu de tunes pour assurer les arrières-saisons.
    on est loin de Sauclières où La Palme arrivait dans sa R5 pourrie, assis sur le siège arrière pour avoir un peu d'aisance, qui te signait vite fait un autographe, de peur d'être en retard à l'entrainement.
    et là, loin dans ma mémoire, l'organisation Caterpillar des avants laisse la place à la gestuelle symphonique des cuivres de l'arrière. Les courses, en position départ d'un 100 m, les bras tendus vers le trésor, tout le monde veut bouffer du ballon et stop ! on recommence, dit Raoul en passant une avoinée à Estève, défendu par Saysset.
    Demain, des noms imprononçables vont faire des skills avec 14 membres du staff, avec des boudins, des boucliers, des plots, des cerceaux, des flèches pour indiquer le chemin, (il existe encore le parcours des pneus en portes de saloon ?) et le chrono pour la récup, les gps pour le corps, manque l'analyse de sang en temps réel
    Sans doute que ces joueurs sauront se rappeler que le rugby moderne a été inventé ici, à quelques centaines de mètres, et surtout, ils sauront se rappeler alors le respect des gestes Barrières

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    1. Ah les gestes Barriere... Philippe tu es un génie. Vindiou la belle formule. Gagnante.

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    2. " derrière Raoul Barrière dans le rôle de Ménélas et Richard Astre dans celui d'Achille "... la geste Barrière aussi ...

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    3. Ah ah ah... ah Troie alors...

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  6. Ah cette fameuse Coupe de Jo'Burg!
    Voila bien l'objet d'un grand désordre dans mon pauvre coco de talon banlieusard.
    Plus encore depuis que j'aime ce pays d'amour je n'ai trouvé l'apaisement du convaincu, la foi du charbonnier , le seigneur en serait-il Madiba lui même.
    L'enjeu, si important, capital peut-être , pouvait il dicter le résultat d'une compétition sportive.
    Allez, qui peut me dire ?

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    1. Mais oui, pour des semblants d'unité nationale, le résultat, avec de la chance(voir les 5cms de Benazzi)peut aider une Nation arc en ciel....

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    2. Georges ne dis pas n'importe quoi. Il y a eu unité nationale sous Mandela. Cest après sa mort que les choses se sont gâtées

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    3. En 1995 j'étais en Afrique du sud. J'ai vu ce qui sest passé. Tout le monde dansait dans les rues. Partout.

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    4. La Coupe du monde a unifié le pays pendant dix ans.

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    5. Le pb cest que les successeurs de Mandela n'ont pas été et ne sont pas à la hauteur. Mais qui peut-être a la hauteur dun tel homme ?

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    6. Unifié est sûrement un peu fort,mais les conséquences positives ont été considérables comme le sont pour d'autres raisons le nouveau titre.
      Je peux en témoigner et c'est pour ça que je m'interroge :
      Le sport peut il être instrumentalisé même pour le motif le plus noble ?
      Allez dans l'arc en ciel.

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    7. Le sport est lien. Par essence. De l'individu à lequipe le passage est exemple. Lien social, le sport est une métaphore. Celle du dépassement de soi en groupe. Il n'a pas a être instrumentalisé puisqu'il est déjà par nature exemplaire aussi sens de miroir.

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    8. Il renvoie à un pays un groupe voire un individu une image qui est celle dans laquelle il se fond, se confond ou se trouve sublimé.

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    9. Bien sûr que le sport peut être instrumentalisé demande à Néron, Ou plus près de nous à Adolf JO de Berlin, Leni machinchouette qui fait les photos des bons aryens pour servir la cause de son Fuhrer ... quoi pas un motif très noble ? Ben ça dépend de quel point de vue on se place, les nazis trouvaient les motifs de leur chef très nobles .

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    10. J'ai aussi quelques notions d'histoire, merci.
      On ne parle pas de dictateurs sanguinaires là,mais d'un homme qui avait plutôt tendance a les harmoniser les points de vue.
      Pourtant dans ce cas précis que je soumets a votre sagacité et dont les résultats furent probants, je ne peux m'empêcher de sentir une ombre.
      Bref, le jeu vaut il d' être faussé même si la chandelle est bonne ?
      Allez Chevreuse

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    11. Vu comme tu poses la question, et aussi parce que tu la poses assez souvent, la réponse est clairement "non" . Parce que tu as une vision romantique et du sport, et de la politique . Avec le recul, et aussi considérant les dérives actuelles en Afsud Mandela aurait dû laisser les choses se faire ... ou pas . Après tout certes, il a harmonisé les différents points de vue mais c'était une harmonie superficielle, de circonstance, et ça a tenu l'espace d'un rêve ... "de même que l'édifice sans base de cette vision, les tours coiffées de nuées, les magnifiques palais, les temples solennels, ce globe immense lui-même, et tout ce qu'il contient, se dissoudront, sans laisser plus de brume à l'horizon que la fête immatérielle qui vient de s'évanouir ! " il savait tout Willy . Toi tu parles d'une ombre, c'est joli comme un rêve .

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    12. La clé cest cette demi finale à Durban. Contre la France. Laquelle na pas bien joué tactiquement sous la pluie. Le coach kitch Kristie (un super mec) était surpris que les Francais ne tiennent pas compte des conditions atmosphériques.

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    13. Si la France l'emporte ce jour la et bien lAfrique du Sud aurait quand même chanté. Ne serait ce que pour avoir organisé un formidable Mondial.

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    14. Ce nest pas tant les victoires de Afrique du Sud que le bonheur de recevoir le monde qui comptait durant cette compétition. Jy étais je peux vous l'affirmer. Le titre e nest que la cerise sur le gâteau.

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  7. Pépito, je l'ai connu jeune, avant le titre de 71, il venait manger au resto de mes parents. Très gentil, discret. Je l'ai revu plus tard lors d'une petite cérémonie au stade, il avait beaucoup changé, déjà malade. J'ai été très peiné...

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  8. Tout ce que tu dis, Richard, je l'entends. Cependant, de ma position, et juste à propos du sacre des Springboks, j'ai quelques questions sans réponses.

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  9. le sport est en général un vecteur de propagande tel qu'on le voit à chaque JO, l'hégémonie est-allemande, russe, américaine, kenyane, etc...qui montre autant la réussite d'une éducation que les progrès de la médecine sportive (hum.
    En Afsud, en 1995, nous n'étions pas dans cette démarche mais dans la construction d'un pays, au même titre quasiment qu'en NZ, en 2011, après le tremblement de terre dans l'ile du sud.
    la gastro des Blacks de 1995 est peut-être à ranger au même rang que les absences de l'arbitre Joubert, mais il s'agissait surtout de consolider le pays.
    Je pense qu'aujourd'hui Jacinda Ardern fait plus pour le rayonnement de son pays que l'équipe des Blacks, en tant que première ministre et la conduite politique d'un pays est sans doute plus importante que le palmarès sportif.
    les Est-allemands ont tout raflé dans de nombreux sports dans les années 70 et 80, cela n'a pas empêché le régime de sombrer et de mettre à jour les odieuses expériences médicales sur les cobayes sportifs.
    Maintenant, en Afsud, les décès prématurés des joueurs de 1995 gardent une part d'ombre sur cette victoire, est-ce un sacrifice à la cause ?
    Enfin, l'exemple de Kolisi, capitaine des Boks peut-il avoir un impact sur la paix en Afsud ?

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    1. Kolisi, bien sûr, et tous les jours. Et il le prouve en permanence en s'impliquant autrement que par des mots et des discours. En allant sur le terrain. En n'oubliant pas d'où il vient.

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  10. Tout-à-fait d'accord.
    Tu exprimes mieux en détail ce que j'ai juste suggéré. Mon meilleur ami, avec qui nous avons, depuis l'enfance, des discussions variées et, en particulier, sportives, est profondément révolté par ces deux cas que tu soulignes: 1995 et 2011. Il n'admet pas le poids de l'Histoire: il le reconnait, mais considère "qu'arranger" un résultat est un scandale. C'est un phénomène assez classique en cyclisme, mais en ce cas, il est possible d'y mettre quelques bémols car les ressorts, les tenants et les aboutissants de ce sport ne sont pas tout-à-fait les même que pour un sport collectif.
    Pour en revenir aux deux dates qui nous intéressent, j'avoue, de mon côté, avoir accepté le triomphe Sud Africain, comme une reconnaissance de sa puissance de jeu dans l'histoire du rugby. Et, de la même façon, malgré la défaite française, heureux pour les AllBlacks qui validaient là, leur extrême domination dans le temps depuis les origines. Jean-Yves, lui, me dit:
    -"En 1995, les AllBlacks devaient gagner et sur la qualité de leur tournoi et parce qu'ils étaient les plus forts et, en 2011, malgré un faible tournoi, les français étaient bien les meilleurs en finale. Les circonstances entourant ces matches n'auraient pas dû intervenir dans le résultat final".
    On pourrait souvent retrouver ce genre de situations dans lesquelles l'Histoire générale et les évènements sportifs se rencontrent et croisent le fer. Comme pour le "miracle de Berne" et la victoire de l'équipe de foot d'Allemagne en finale de la Coupe du Monde de foot 1954. Là, cependant, malgré le fait que cette victoire soulignait le renouveau de l'Allemagne d'une part, et qu'on y retrouvait l'opposition de deux blocs politiques opposés d'autre part, aucune suspicion de tricherie à ma connaissance: juste un jeu d'échec gagné par l'Allemagne face à la Hongrie.

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    1. J'aime assez peu les gens qui refont l'Histoire. Souvent, ils ont peu de recul d'analyse au moment des faits, à chaud. Mais bon, comme c'est un ami à toi, André, je vais rester poli...
      1995 : qu'est-ce qui est arrangé ? L'arbitre refuse un essai particulièrement valable aux Springboks et le score est nul à la fin du temps réglementaire. Les All Blacks ne sont pas malades sur le terrain et le match est serré. Il se joue sur un drop. Mais surtout, le plan tactique des Boks pour bloquer Lomu est somptueux. J'ai eu la chance qu'il me soit expliqué par le coach des Boks lui-même. Cette victoire, ils sont allés se la chercher. Jamais aucune équipe, mis à part les Français, n'avait bloqué les All Blacks de cette façon.
      2011, oui, il y a dix pénalités que l'arbitre peut siffler dans les vingt dernières minutes, mais jamais les Français ne sont en position de marquer quoi que ce soit, ni drop, ni but, ni essai. Ils sont trop loin de l'en-but et des poteaux, dans la zone des quarante mètres néo-zélandais. Ils franchissent une fois par Dusautoir. Une fois. Le rideau black est solide. Et quand le XV de France s'avance et peut parvenir à marquer, Doussain (préféré par Lièvremont à Michalak) commet un en-avant qui redonne la balle aux All Blacks dans les cinq dernières minutes. Fin de l'histoire.

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    2. Juste pour Richard.
      Non, pas d'histoire de recul ou de la refaire, l'histoire. Juste cette sensation de quelque chose de "presque" obligé: et sur le moment et aujourd'hui encore. Et sans avancer quelques arguments contraires...Le fait d'être poli ou pas n'étant pas le propos. D'ailleurs, de mon côté, je ne pense pas tout-à-fait comme lui. C'est tout

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  11. L'unité de l'Afrique du Sud derrière la Coupe du Monde était une symbolique utile pour l'image internationale du pays. La liesse durant la compétition était aussi la marque d'un soulagement après des années d'opprobre, et pas seulement sportive.
    Mais elle n'a que très peu changé la donne économiquement et socialement.
    Les townships sont toujours là, les inégalités raciales et sociales également; sans doute y'a-t-il eu une amorce, en ce sens que plus de noirs peuvent maintenant accéder à la classe moyenne, voire quelques-uns devenir riches et faire fortune. Donc en restant dans le modèle actuel. Mais ça ne change pas le modèle économique lui-même, celui qui discrimine une part importante de la population, et qui reste noire: l'économie du pays était, et reste trop, partie prenante de la politique d'apartheid mise en place depuis l'après-guerre (le nationalisme afrikaner étant bien antérieur).
    En ce sens, l'unité du pays est un leurre; ses structures profondes sont restées identiques, l'insécurité et la criminalité sont grandissantes, les grèves nombreuses (et réprimées), les réactions "racistes" et violentes entre population noire locale et noire "immigrée" en augmentation, etc...
    Et en parallèle, la culture raciste ancrée ontologiquement dans la population blanche ne va pas disparaître en seulement 3 décennies. C'est la jeunesse qui pourra, avec le temps, changer ça; encore faut-il lui en donner les moyens, et notamment éducatifs...

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    1. Ce n'est pas tant le modèle économique qui devait changer que les mentalités et le modèle politique. En passant du régime d'apartheid à celui de démocratie (une personne, une voix), l'Afrique du Sud est certainement le pays qui a le plus évolué au monde en si peu de temps sans révolution, sans guerre civile. C'est un exploit que l'on doit à Mandela.
      L'économie, c'est encore autre chose. On le voit bien en France : un système économique ne change pas du jour au lendemain. Il est tenu par d'autres ressorts.
      Mais dire que "l'unité de l'Afrique du Sud est un leurre" me choque. Il y a davantage d'unité dans ce pays qu'en France aujourd'hui, par exemple. L'Afrique du Sud est devenue un nation alors qu'elle était la somme de territoire. Voire Mandela le Xhosa tenir un discours d'unité et d'union en terre zoulou l'avant-veille de la demi-finale de Durban, ça, c'était le socle d'une victoire.
      Pour rebondir sur ce débat auquel j'ai réfléchi toute la nuit ou presque en me demandant si ce que j'avais vécu pendant deux mois en 1995 était un leurre ou une réalité tangible, la victoire en finale importe finalement assez peu car le succès était déjà là, dans l'organisation, partout dans le pays, dans le calme, la joie, le partage.
      Si la France avait battu l'Afrique du Sud à Durban, les Sud-Africains auraient célébré leur Mondial lors de la "petite" finale à Pretoria contre l'Angleterre avec ferveur et bonheur. Et Mandela serait de toute façon entré dans l'Ellis Park avec le maillot de Pienaar. Et le public aurait scandé "Nel-Son, Nel-Son" et chanté les chants d'esclaves. Les All Blacks ou les Français seraient devenus champions du monde et le public aurait dansé dans les rues.

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    2. Mais les Français ont perdu logiquement. Ils auraient pu gagner, mais ils ont perdu.

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  12. Un peu en rapport avec ce que tu dis, je pensais que l'Afrique du Sud aurait du mal à remonter la pente: rugbystiquement parlant, je veux dire. Par exemple avec des difficultés à ouvrir ce sport essentiellement blanc et à y intégrer des joueurs africains. Apparemment, et au vu de la dernière coupe du monde, je me trompais. Pourrais-tu en dire un peu plus à ce sujet?
    Et, un peu à l'inverse de ce cas, et pour reprendre le cours de l'Histoire générale et celle du rugby en particulier, j'avoue avoir été un peu déçu par les victoires australiennes -superbes et méritées par ailleurs- au vu de leur apport à cette dite histoire. En regard des créateurs du jeu - 1 seul titre-, des merveilleux Gallois une seule fois sur le podium, comme l'Argentine, de la France... C'est comme les États-Unis battant la France en finale des Jeux Olympiques; presque incongru. Ça fait se poser des questions. Mais, bon, disons que c'est le jeu.
    Mais revenons au grand Béziers.

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    1. Pour l'Australie, le titre de 1999 marque le passage au "vrai" professionnalisme. Avec une qualité de préparation technique et tactique hors du commun, portée par un manager, Rod Macqueen, qui n'a jamais eu de passé rugbystique marqué.
      Quant à 1991, c'est d'une façon plus large l'aboutissement d'une révolution du jeu (mais pas seulement, diététique aussi, sans parler de la détection et la formation) commencée en 1984 par Alan Jones (ah, l'immense tournée en Grande Bretagne) et conclue en 1991 par Bob Dwyer. Donc David Campese est le joueur emblématique (avec Michael Lynagh, Tim Horan, Jason Little, Nick Farr-Jones, Simon Poidevin)...
      Je pourrai écrire un livre là-dessus.

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    2. Ah, la tournée 84 des Australiens...
      Des années que je cherche sur le net à retrouver les 4 tests en entier sans y arriver.
      Ils ont pourtant du être télévisés chez les britanniques.
      Si tu as des billes là-dessus Ritchie, je suis preneur pour ma vidéothèque.

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  13. Je pense qu'en fait on tourne autour d'une problématique de morale, la victoire de l'Afsud est elle morale sportivement et éthiquement ? Le Grand Béziers probablement ressuscité avec de l'argent de provenance controversée est ce moral ? Doit on faire passer ses désirs avant la morale etc etc
    C'est bien, ça prouve qu'on réfléchit et qu'on a des valeurs ; mais le monde avance aussi alors qu'en est il de nos valeurs ? Doivent elles évoluer avec le monde ? Est ce une trahison de notre idéal ? Nous voilà comme Faust à devoir peut être vendre notre âme au Diable ... Et alors on devient pragmatique ... après tout Henri IV qui devient catholique parce que Paris vaut bien une messe, cet Henri là a mis fin aux Guerres de religion, donc parfois le pragmatisme est un bien .
    Pour Mandela, je pense qu'il a été pragmatique et a su utiliser le contexte particulier de la CDM; pour Béziers quelle serait la solution pragmatique ?

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    1. Il faut pour cela valider la traçabilité des fonds émiriens dont M. Samir Ben Romdhane est porteur. Et pour l'instant, on attend toujours. La clef est là. Pas ailleurs.

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  14. Le sport est lien nous propose Ritchie, oh combien!
    Mais je crains que ce soient les conséquences du sport qui posent problème , rattrapées par les communautarismes, la voracité de ses décideurs, leur mégalomanie parfois, et il faut malheureusement l'admettre la passivité bovine du plus grand nombre.
    Et s'il n'est plus que le "vecteur de propagande"si justement évoqué par Philippe, ce n'est plus un lien mais un carcan, l'exact contraire de son objectif initial.
    Allez, a d'taleur, j'ai des trucs à dire à Pipiou

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  15. Ah les blessures toujours pas cicatrisées de 1995 et de 2011. Il faudra que le XV de France soit champion du monde en 2023 pour qu'enfin on passe à autre chose. Faug pas gratter les cicatrices elles se reouvrent

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  16. Beziers, j'ai pas connu, mais lorsque je discute avec les copains Biterrois, je ressens une réelle passion, et une grande fierté. Je ne peux donc que me réjouir de l'hypothétique retour de Beziers. Hypothétique car une armée de mercenaires ne fait pas encore une équipe. Et revenir dans l'élite, y rester, c'est une autre histoire.
    L'argent dans le rugby ne me dérange pas, si ce n'est sa répartition, et surtout sa provenance. L'argent du pétrole certes, mais quid de la vente d'armes ou de la drogue. Les Émirats achètent nos clubs, mais aussi notre silence. Alors attention aux chants des sirènes si on veut pas se brûler les ailes

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  17. Belle écriture que ce rappel aux sources de cette souveraineté biterroise identique à celle de Lourdes ou du Stade Toulousain. Et humilité craquante et délicieusement chocolatée sur "Pépito", dont je me rappelle mais ne m'avait pas laissé grand souvenir. Derrière, la star c'était Canto(ni) et Astre à la mélée. Devant, des cuirs durs, pour sur, dans une région où il a souvent fallu lutter pour gagner sa croûte, une ville toujours compliquée socialement, où l'ombre des chateaux Cathare plane pas loin sur l'immigration. Un style de jeu où les gestes barrières étaient de rigueur pour faire reculer l'adversaire. On ne refait pas l'histoire, mais sortir la Biterre de l'enfouissement sous le sable de Valras. Une terre bis du rugby à sauver pour une nouvelle histoire dans un sablier émirati, il faudra faire avec si aucune autre alternative se présente. Mais Dominici en Aladin et la lampe merveilleuse m'interroge... Quant au grand Vizir, quid de sa véritable bonté pour une nouvelle omnipotence rouge et bleue...

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    1. Dominici en Aladin : byelle image... Photo hygiénique

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  18. au passage, vous voyez la passion inhabituelle que vous mettez dans votre discussion ? Hé bien c'est la même que celle des supporters biterrois quand on a commencé à évoquer le possible renouveau du Grand Béziers . On dirait que cette passion ne meurt jamais et qu'au premier souffle de vent sur les braises ...

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  19. « Années 80 : Perdu équipe de rugby.
    Récompense »
    Objets perdus, réparations de dommages lors de procès, l’argent est souvent la monnaie d’échange de la perte.
    Mais passé la satisfaction des retrouvailles ou autres sentiments que justice ait été rendue, les choses ne sont jamais plus tout à fait ou plus jamais comme avant.
    Accepter la perte rend moins vulnérable et plus serein à terme face à toute forme « d’émulation »

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  20. béziers, ce n'est pas un certain Andrew MERTENS qui était venu faire une pige il y a quelques années, alors en Fédérale 1 et qui était venu à Tyrosse pour nous souffler la montée en proD2, sur une pénalité retournée à la 82ème.
    pensez donc, on est mené de 2 points, on est à 30 m face aux poteaux biterrois, mêlée spontanée, un biterrois se laisse tomber pour effondrer le maul. Pénalité pour Tyrosse
    Tout le monde connaît la suite, une formalité pour Dubert, fin du match et accès au paradis
    sauf que, l'arbitre de touche lève son drapeau, un joueur tyrossais est venu s'essuyer les chaussures sur le contrevenant biterrois, retournement de la pénalité, coup de sifflet droit vers l'enfer.
    un seul homme est parvenu à calmer les esprits, les gendarmes présents pour emmener le corps arbitral (comme au bon vieux temps) étaient dépassés, mais Andrew MERTENS est venu dans le vestiaire des Tyrossais, quelques mots ont suffi pour rappeler l'esprit de ce sport et finalement, la soirée fut sans doute amère mais sonnait le point d'orgue d'une belle saison et à la réflexion, Tyrosse avait-il sa place en pro D2, avec un budget riquiqui ?
    donc si Dominici doit s'inspirer de l'esprit du jeu professionnel, en voilà un bel exemple.

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  21. Mytho ou Mythologie ?

    Raoul Barrière en "Ménélas" symbolise à lui tout seul le mythe biterrois comme le fut celui de Sparte malgré la belle "Hélène". La force, la ruse, s'éteignirent naturellement avec la mort et Sparte ne ressuscita jamais de ces cendres. Chacun peut croire et savourer cette diabolique mythologie grecque, guerrière, intrigante voir amoureuse mais point philanthrope. Que dire d'Achille "Dominici", embrasé dans une histoire d'amour, non point comme la belle Hélène épousée dans "l'île des Bienheureux" mais marié avec l'"Emir", Prince du sable et du désert. Peut-on raisonnablement reconstruire une cité mythique alors que les ruines ne sont point consumées et que le passé demeure présent ? Vision mytho et moderne d'un joueur, écorché vif, qui aurait besoin de reconnaissance ? Aller chercher le mirage dans l'or noir quand les pinardiers ont su faire rayonner le syrah sur la terre d'Ovalie est un challenge qui divisera les plus avertis. En fait, je me pose la question de savoir pourquoi toujours ce besoin cocardier d'aller chercher ailleurs ce que l'on a sous la semelle ? L'or noir c'est une question de truffe et nous avons tous les ingrédients suffit de se pencher sur le problème ! N'oublions pas qu'avant CD il y a eu 'Tintin au pays de l'or noir"! Se pose le problème bien plus singulier de celui de la souveraineté de notre rugby français. Pas besoin de pétrodollars, de tapis volants, d'émirs, encores moins de princes pour vivre un conte de "Mille et une nuits". Aller chercher la lampe magique et son génie afin d'exaucer tous les voeux de Dominici est une vision mytho ou pas d'un rugby des sables. En effet, les Emirats ont besoin d'une porte d'entrée en vue de 2023 et BL et son génie financier "Atchoum" ne vont pas cracher dans la soupe aux truffes. Homère disait "La persuasion repose sur les lèvres d'un ami fidèle". Rien de plus Clair Obscur !

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  23. Pinardiers (pinot noir) peuvent ils faire bon ménage avec l'or noir comme les Dupont et dupont ? Je dirais même plus... Laissons enquêter Tintin pour un scrip enHergéhic... La parole Emirati relayée par celle dominicienne ne fait que surfer sur la parabole biterroise, faire croire à la lune pour un nouveau testament mais à peine croissant de lune à ce jour. Le dessaim d'une ellipse qui peine dans ce clair-obscur, plutôt éclipse de documents pour l'instant, justifiant qu'il y a bien de l'essence dans le réservoir pour un tigre dans le moteur, et pas un génie sans bouillir...

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  24. Sans remonter aux Grecs comme Tautor, on pourrait relire La Fontaine:

    -"Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage
    Que nous ont laissé nos parents.
    Un trésor est caché dedans".

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    1. Entre secrets d'héritage d'anciens et ménage des jeunes, des trésors ont disparu. Inconscience, inconséquence. Toujours ces gestes barrières...
      Alors que l'esprit appellerait à la curiosité, la découverte. Racines secrètes et vertueuses.

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  25. https://www.facebook.com/1653367805/posts/10221346794373356/
    Régalez vous 😉

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  26. https://twitter.com/chcalifano/status/1278388173094223873?s=19

    Entretien très récent avec JPR, d'une beauté digne du joueur. A écouter.

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  27. Je me m'intéresses pas spécialement aux problèmes financiers mais, quand même.
    Je me souviens, il y a longtemps, c'est vrai, de l'époque où la fédération de rugby était particulièrement riche...Et puis le professionnalisme est passée par là...
    Aujourd'hui, que des problèmes! Budget prévisionnel déficitaire...Obligation de remboursement des communes lésées par la non construction d'un stage...Paiement de Novès après procès aux Prud'hommes...A l'image de l'époque, je suppose.

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