Ne jamais oublier que le jeu de football tel que pratiqué à Rugby fut développé par des étudiants de Cambridge et d'Oxford après avoir été "inventé" ou plutôt légendé au sein du fameux College qui a fait de William Webb Ellis son messie. Quant à la passe, longtemps ignorée, elle provient de la modélisation du jeu d'échecs à l'initiative d'un dénommé Vassal, soucieux d'éclairer une pratique au sein de laquelle l'affrontement et le déplacement du ballon au pied étaient devenus trop prégnants, ouvrant ainsi le débat qui continue d'animer nos discussions sur la définition de ce sport qui mêle, et c'est heureux, combat et évitement.
dimanche 11 mai 2025
D'un même élan
lundi 23 septembre 2024
Spectacle sportif
Les actes du colloque organisé en mai 1980 à Limoges et intitulé Le spectacle sportif ont, certes, pris quelques rides mais leur introduction, signée par Antoine Blondin, reste toujours d'actualité. En voici quelques extraits choisis, avant Stade Toulousain - Union Bordeaux-Bègles, dimanche soir, qui promet d'être très show.
samedi 7 septembre 2024
Eclats et lumière
J'ai les doigts gourds et l'azerty bancal, l'esprit tourné ailleurs et l'humeur sans rebond. Pas sûr que le Top 14, qui débute ce jour, soit l'oasis idéale - même en situation de reformation - pour que je me reconstitue. Entre Buenos Aires et Le Cap, cet été alourdit nos pensées. Il nous faut panser et les mots sur les maux ne sont pas suffisants. Si la récupération est une des constituantes essentielles du haut niveau, elle peut aussi s'avérer toxique quand elle sert de bouclier à ceux qui feignent de maîtriser les événements alors qu'ils nous dépassent.
Nous reste, fort heureusement, le gout des livres. En 2002, pour conclure la préface de l'ouvrage de Jacky Adole intitulé "Mon sac de rugby" dont je vous conseille de nouveau la lecture, si ce n'est déjà fait, l'immense Pierre Albaladejo, véritable sage d'Ovalie aujourd'hui retiré des tribunes, écrivait cette phrase qui ne cesse de résonner en moi depuis deux mois au fil d'une actualité qui a fini par nous déciller : "Et si le rugby a emboité le pas de la vie, qu'il nous soit permis de regretter que ce ne fût point le contraire."
vendredi 23 août 2024
A l'un, de loin
Bien sûr, Le Samouraï, ne serait-ce que pour la séquence animalière. En présence du canari, le silence, comme avec Mozart, est d'abord celui de Delon, sa marque de fabrique. Chez lui, pas besoin de dialogues pour nourrir l'intrigue : elle avance de son pas faussement nerveux. Mais surtout, pour les cinéphiles, il y a Le Guépard, inoubliable monument du septième art dans lequel l'apprenti-charcutier de Bourg-la-Reine interprète le magnétique Tancrède. Quant à ses sentiments personnels, l'acteur plaçait Rocco et ses frères sur la première marche de son podium.
mercredi 24 janvier 2024
Un rugby hors du temps
Carte blanche est donnée au Toulousain Jacques Labadie alias Pipiou, membre des Quinconces, ce groupe des historiques du blog depuis 2015, acteur des rendez-vous annuels de Treignac puis d'Uzerche, et fidèle commentateur. Cadrage-Debord où il est question, entre autres, de l'amour que nous portons à ce jeu de balle devenu économie ovale.
Le sport en général, et le sport professionnel en particulier, gagnerait peut-être à sortir lui aussi des chiffres. Il est de plain-pied dans une logique capitaliste : qui n'avance pas recule. Plus on a de chiffres, plus on fait du chiffre. Le rugby n'échappe pas à la règle : après les premiers tâtonnements, son économie s'est fixée par le haut, où tout converge par nécessité et mimétisme.
Le jeu est devenu spectacle, un spectacle surtout télévisuel qui génère du chiffre puisqu'il nous abreuve de chiffres. Le chiffre des droits TV d'abord, du salary cap et, sur la pelouse, les chiffres des statistiques, pourcentages, performances individuelles, taux de réussite, distances de tir, nombre d'essais marqués - et à quel moment -, de temps qui reste à jouer, de capes internationales, de matches joués, de minutes passées sur le terrain, de mois de rééducation, n'en jetez plus.
On finit presque par être heureux que les dimensions du terrain restent les mêmes, et derrière les jingles de la retransmission et de la sono du stade, on entend en sourdine "puisque le sens profond de ce spectacle nous échappe encore, feignons d'en être l'organisateur", quitte à verser dans le voyeurisme. Cette gabegie de chiffres, mais aussi de signes et d'images, a imprégné notre jeu dans son tourbillon. Les comportements aussi puisque tout spectacle est prétexte, il appelle le défoulement.
Là où il y avait auparavant le second degré de la moquerie, et aussi de la bêtise crasse mais qui n'allait pas plus loin que le moulinet devant témoins rigolards, il y a maintenant le premier degré du commentaire haineux, d la violence pure et de la bassesse anonyme. Un certain sens du sacré disparaît donc, de la matrice du vestiaire au respect de l'arbitre. Mais, the show must go on, nous sommes encore tiraillés entre la dernière défaite cuisante - dont il faudra bien faire enfin le deuil - et la prochaine échéance à venir dont on fait déjà un tournant décisif.
On n'échappe pas à la marche du monde ; même un ermite retiré dans ses confins en fait partie. Mais une pause - un pas de côté dans son mouvement toujours accéléré - ne serait-elle pas souhaitable ? Pour retrouver un peu de son âme (un peu : ne soyons pas trop ambitieux), le rugby gagnerait à sortir quelques fois de son temps, de ses chiffres et de sa compétition. Ce ne serait pas gagner une Coupe du monde, bien sûr, mais qui sait, peut-être quelques chose de plus important encore : se retrouver seuls mais ensemble, avec un ballon au milieu et, plus tard, s'en souvenir."