"Il n'y a aucune amertume. Vraiment. La plupart des supporteurs écossais aurait aimé que le match se dispute, dimanche, ne serait-ce que parce que le XV de France n'allait pas aligner sa meilleure équipe (sourire). Nous n'aurons pas de sitôt semblable opportunité de l'emporter (re-sourire). Mais tout le monde sait que nous vivons actuellement une drôle d'époque avec ce Covid. Alors, oui, nous sommes déçus que le match soit reporté mais il n'y a, en Ecosse, aucune aigreur à ce sujet. Je n'ai pas entendu un seul de mes amis, de mes proches, de mes voisins, se plaindre et ne pas comprendre les raisons qui font que ce match ne pouvait pas être joué.
"Aucun commentaire désobligeant ou ironique n'a été publié au sujet du XV de France ; je n'ai lu aucun article, et je lis presque toute la presse écossaise, qui critique Fabien Galthié ou qui que ce soit d'autre. Cela dit, personne en Ecosse n'a la moindre idée de ce qui s'est passé pour que les joueurs français soient ainsi touchés par la Covid. En revanche, si l'Angleterre avait dû reporter un match contre nous dans le Tournoi à cause d'une contamination à ce virus, ça aurait été très différent (rires). Mais venant des Français, nous l'acceptons.
"Vous le savez, un profond sentiment de respect lie les Français et les Ecossais à travers le rugby. Les Français savent que nous sommes capables de réaliser de grandes choses avec un tout petit effectif de joueurs, et les Ecossais admirent les Français quand ils pratiquent leur meilleur rugby, quand ils se laissent aller à être eux-mêmes. Nous aimons le jeu "à la Française". C'est du respect mutuel.
"Si le match de dimanche s'était tenu, le résultat aurait été très serré. Notre XV d'Ecosse est vraiment très performant, en ce moment. Avant d'être en infériorité numérique après la sortie de Fagerson un peu avant l'heure de jeu, nous avons mené 17-3 face au pays de Galles, qui vient de remporter la Triple Couronne ! Alors ce dimanche, j'imaginais un match très ouvert, avec beaucoup d'essais car il ne faut pas négliger la qualité de nos avants, qui ont étouffé les Anglais et les Gallois, et l'inventivité de nos attaquants, des joueurs du talent de Stuart Hogg, Finn Russell, Darcy Graham...
"J'aurais regardé ce match, dimanche, avec mon épouse Alison, dans notre salon. Sachez que je n'invite jamais d'amis quand il y a un match de rugby à la télévision, car j'aime rester concentré, je regarde le match attentivement, je ne veux rien manquer. Je veux pouvoir l'analyser sans être dérangé, sans avoir à faire la conversation ou servir à boire... Je suis vraiment plongé dans les actions. Et non, je ne me verse pas de whisky, mais plutôt un bon Bordeaux. J'adore le vin français.
"Il semblerait que le match contre la France soit disputé plus tard, en semaine ou je ne sais quand. Mais je suis certain d'une chose, c'est que le Comité des Six Nations fera tout son possible pour que l'Ecosse puisse s'aligner avec sa meilleure équipe en mettant, s'il le faut, la pression sur les clubs anglais pour qu'ils libèrent nos internationaux. Sinon, ce ne serait pas équitable.
"J'ai suivi le match qui opposait les deux prochains adversaires de la France. Les Gallois ont été très malins et très efficaces : ils ont marqué dès qu'ils étaient à proximité de l'en-but anglais. Quant aux Anglais, ils ont été d'une indiscipline crasse. Incroyable d'encaisser autant de pénalités. Ils ont aussi été très malheureux sur leurs deux premiers essais encaissés. Sur le premier, l'arbitre demande au capitaine anglais de parler à ses joueurs et du coup, ils se regroupent autour de lui, ce dont a bien profité Dan Biggar pour alerter Liam Williams. Et sur l'autre, il y a en-avant. Franchement, en Ecosse, cet arbitre français, on l'aime ! (rires).
"Ce sera difficile pour les Français de l'emporter à Twickenham. L'Angleterre dispose d'une équipe très puissante, bien organisée, irrésistible quand elle se met à jouer. Ce qui est rare, en ce moment, je l'avoue. Mais il suffit qu'elle se ressaisisse et ce sera vraiment dur de la battre. Quant aux Gallois, ils n'ont pas assez d'atouts pour s'imposer au Stade de France. D'autant que la France est particulièrement disciplinée, et que sa défense est absolument remarquable. C'est le socle sur lequel elle construit son jeu, et c'est la patte de Shaun Edwards.
"Ce dimanche, sans France-Ecosse, je suivrai la Premier League. Quand il n'y a pas de rugby, je regarde le football anglais, que j'apprécie beaucoup. Je suis devenu un supporteur de Fullham. A l'époque, je travaillais souvent à Londres et un de mes collègues disposait de places, alors j'ai assisté à de nombreux matches en semaine à Craven Cottage. Je m'intéresse aussi au PSG, qui est managé par l'ancien coach de Tottenham Hotspur : j'aime la façon dont il construit le jeu. Du coup, je ne suis pas étonné que le PSG ait battu Barcelone, 4-1, au Camp Nou.
"De la même façon, je suis accro toutes les semaines aux meilleurs moments du Top 14. Sincérement, je suis enchanté par le jeu que produisent Clermont et le Stade Toulousain. By the way, Philippe Sella est toujours président d'Agen ? Et que deviennent Denis Charvet et Didier Codorniou ? Pourras-tu, s'il te plaît, leur transmettre mes amitiés ?" Ce sera fait.