Les chercheurs en nutrition n'en finissent pas de lancer des alertes au sujet d'aliments ultra-transformés regroupés sous l'appellation fake food. Au lieu de nous nourrir, ces fausses denrées nous remplissent. Notre corps n'y trouve donc pas ce dont il a besoin. Après une cinquième journée polluée d'additifs industriels - pick and go, ballons portés, temps de jeu stériles, mêlées à refaire, jeu au pied dévissé, passes trop hautes, compositions d'équipe dans l'impasse - le rugby d'élite français me parait entrer dans cette catégorie. On le maquille en y ajoutant du gras et son emballage coloré trompe le consommateur pour lui rappeler le goût «valeur terroir».
Lundi, la Ligue Nationale du Rugby assurera comme tous les ans son autopromotion à l'Olympia, vous savez, cette fameuse salle de spectacle des grands boulevards qui se vend aujourd'hui à n'importe quelle société qui souhaite fêter ses anniversaires... Un type de marketing qui entre lui aussi dans l'hyper-industrialisation. Petit à petit, «l'effet matrice» disparait : nous sommes passés en vingt ans du rugby entier au rugby en poudre. Aux yeux. Il s'agit bien désormais d'un sport fractionné.
Ce «cracking», comme disent les chercheurs, consiste à casser un concept en plusieurs éléments. A l'image d'un grain de blé craqué en farine blanche, elle-même craquée en gluten et en amidon, qui sera ensuite craqué en dextrose et en molécule de glucose, puis en polyols, avec lequel sont fabriqués, par exemple, les chewing-gums. Ce que dénonce le docteur Anthony Fardet, chercheur en nutrition préventive à l'INRA dans son livre, Mangeons vrai (2017, Editions Thierry Souccar).
Tout est affaire de rentabilité. Le rugby complet, celui que nous imaginons voir en regardant Top 14 et ProD2, n'existe plus sous sa forme initiale. Il est plus avantageux de le décomposer puis de le combiner. Visiblement, seuls les All Blacks, les Irlandais et les Ecossais privilégient une approche «holistique» du jeu (du grec holos, qui signifie entier) en tant qu'ensemble indivisible, supérieur à la sommes des parties.
Car le rugby élève l'homme en lui permettant de grandir. Il s'ancre dans une pratique composée de transmission, d'éducation, d'altruisme, de convivialité, de technique, de tradition, d'ouverture d'esprit, d'acceptation, et non de pesticides, d'engrais chimiques et de corticoïdes. Il en est de même avec le cinéma. Réalisateur du touchant Les Frères Sisters qui vient de sortir en salles, Jacques Audiard dit : «Depuis le début des années 1990, il y a eu un changement crucial, dont on n'a pas tiré toutes les conséquences : l'arrivée du numérique. Celui-ci a modifié notre représentation du réel, et notre croyance dans cette représentation.»
Il vient de diriger Joaquin Phoenix et Jake Gyllenhaal, et ajoute : «Avec la caméra classique, j'avais un cadre, un découpage, une lumière et une durée. A partir du moment où la lumière est calculée par un algorithme, c'est fini : il n'y a plus de rapport au naturel. On peut mettre dans l'image n'importe quoi, et une dose de soupçon se glisse.» Audiard de poursuivre : «On continue à utiliser le mot "cinéma" inventé en 1895, mais désormais, on est ailleurs. Il faudrait un nouveau mot.» L'ancien éducateur du Stade Rochelais, Jacky Adole, nous avait déjà alerté d'une semblable transformation de l'ovale dans son ouvrage Mon sac de sport (2002, Editions Atlantica), à relire de toute urgence.
Rugby-cinéma-nutrition, mêmes combats. Si Peter Pan, aka Jean Gachassin, nous avouait la semaine dernière : «Je déteste que l'argent achète notre sport et occulte tout le reste», Jacques Audiard ne dit pas autre chose : «Les gens d'argent inventent des sièges qui tremblent, des spectacles en immersion, mais ce n'est plus du cinéma, c'est du Playland. Le cinéma occidental s'est industrialisé à outrance, son objectif est de donner à manger aux spectateurs, et non de les aider à s'identifier. Le terme de «consommateur» a remplacé celui de «spectateur». La vérité de la réalité s'est diluée.»
Mais tout n'est pas liquide. En ce début de saison chaotique, Gaël Fickou s'inscrit, à 24 ans, dans la lignée de ces grands attaquants, athlétiques et ondulants, que furent Jean Dauger, André Boniface, Jo Maso et Yannick Jauzion. Et l'arrière irlandais Simon Zebo, à 29 ans, démontre qu'il est possible d'intervenir hors cadre. Ces deux joueurs tranchent car ils s'extraient des consignes du jeu rectiligne, axial et percussif. A mes yeux, ils symbolisent ce que le rugby conserve de meilleur depuis William Webb Ellis par delà les générations et les modifications, ce magnifique «avec un beau mépris pour les règles pratiquées à son époque...» gravé dans le marbre.
dimanche 23 septembre 2018
lundi 17 septembre 2018
Le frère ou l'épouse ?
Alors comme ça, madame Savea n'est pas contente ? Toulon proposerait donc une bouillie de rugby et les coéquipiers de Julian ne sauraient pas se faire de passes? Pas moyen de faire chanter le ballon pour donner du plein emploi à son ailier de mari qui a signé dans ce club réputé du Top 14 afin de ne pas rester en rade au Pays du Long Nuage Blanc ? Ah, il faut toujours chercher la femme derrière chaque grand homme. Nous, on a trouvé Fatima Savea. Mais si les compagnes de joueurs se mettent à commenter les consignes de jeu des équipes où évoluent leurs moitiés, quelle sera la prochain étape ?
C'est un peu comme si Mourad Boudjellal, arroseur arrosé, s'invitait à une conférence de presse pour stigmatiser les présidents-propriétaires d'avoir davantage d'argent à dépenser que lui dans leurs clubs respectifs et regretter que le rugby d'élite français soit devenu une «foire aux bestiaux» depuis l'époque où il s'amusait à prêter sa Ferrari à Tana Umaga pour que l'ancien All Black aille la garer devant les terrasses du Mourillon, et surtout après avoir recruté - pour le plaisir, s'entend, et pas à prix d'or - George Gregan, Victor Matfield, Ali Williams, Ma'a Nonu, Bryan Habana, Jonny Wilkinson et autres princes consorts.
Pourtant, des passes, Fatima - vous permettez que je vous appelle Fatima ? - les Toulonnais s'en font, latérales, inutiles, molles et personne pour franchir la ligne d'avantage. Tout fout le camp, valeurs, vertus et coups de casque. Restent les grâces de danseur étoile d'un Malakai Fekitoa pour garder le ballon dans l'aire de jeu et offrir l'essai d'une claquette digne de Fred Astaire, le genre de beauté que n'aurait pas désavoué feu Félix Mayol. Un qui avait un peu moins de grâce et un peu plus de graisse, c'est le frère de Sekou Macalou, entré sur la pelouse de Jean-Bouin, ce même dimanche, pour se mêler au fight qui impliquait Julian Savea, façon Booba-Kaaris mais le flacon de parfum en moins. La prochaine fois, mettons en relation l'épouse du All Black et le frère du flanker tricolore pour voir ce que ça donne.
En attendant ce face-à-face, des passes, il y en aura de plus en plus. D'autant que la FFR vient d'interdire le passage en force dans les catégories de jeu moins de quatorze ans. Mieux vaut une curieuse idée mise rapidement en place pour faire bouger les lignes qu'une très bonne qui serait si trop longtemps discutée qu'elle ne finirait par ne jamais voir le jour. C'est comme pour les choix des ouvreurs : «Je préfère la mauvaise option rapidement jouée que la bonne trop lentement», assurait Bennie Osler, l'ouvreur springbok des années 30.
Je garde le souvenir de tel fils d'entraîneur, du côté de Béziers, placé à l'ouverture en cadets pour transpercer au plus vite la défense adverse, sans qu'aucun de ses partenaires de la ligne de trois-quarts ne touche le ballon. Ou telle autre progéniture d'un collègue de bureau, gamin plus gros, plus grand et plus lourd que partenaires et adversaires, foncer droit dans le tas, ballon sous le bras, encouragé et filmé par son père depuis la touche jusqu'à ce qu'il tombe et que l'action s'arrête avec lui. Si les nouvelles directives de la DTN dont Laporte s'est fait le héraut permettent d'éviter ce gâchis, j'adhère.
Sauf que j'apprends que cette idée, qui consiste à fermer les stands d'auto-tamponneuses, devrait être présentée à World Rugby à la fin de sa période d'essai, c'est-à-dire d'ici juin. Et pas seulement pour être validée chez les moins de quatorze ans mais pour être étendue à toutes et à tous. Ce qui en ferait le plus important changement de règlement de l'histoire, à égalité avec la fin du hacking (arrêt du porteur du ballon par coup de pied dans le tibia), la composition à quinze joueurs, la fin du rover (troisième-ligne détaché qui pouvait suivre la progression du ballon sur les phases statiques), l'obligation de trois joueurs en première-ligne et la permission de l'ascenseur en touche, etc.
Le rugby est un sport en perpétuelle évolution, on le sait bien ici à force de le répéter. Depuis l'après-guerre et le drop-goal à quatre points (le demi de mêlée toulousain Yves Bergougnan, dit Le Requin, fut le dernier à en réussir un en match international), l'ovale cherche la quadrature du cercle dans sa quête du Graal, à savoir devenir saison après saison un sport toujours plus spectaculaire et sans danger, transformation clairement accélérée depuis le passage au professionnalisme en 1995 et l'afflux des droits télé qui allait avec dans l'hémisphère sud.
«Ça doit faire rire, cette règle du "passage en force" qui deviendrait bientôt généralisée. Quand ils jouent, je ne vois pas les All Blacks ou les Ecossais passer en force, se marre cet ancien international toulousain à la feinte chaloupée avec lequel j'échangeais sur le sujet. C'est vraiment une problématique franco-française. Quand on fait de Bastareaud capitaine du XV de France le symbole de notre rugby, difficile d'y comprendre quelque chose. "Gardez ça pour vous !" : voilà ce que les Néo-Zélandais ou les Ecossais vont répliquer, et ils auront raison, quand nos dirigeants leur présenteront ce projet. Commençons donc par appliquer la recherche d'intervalles et le jeu de passes en équipe de France avant de vouloir tout changer chez les autres... D'autant que cette règle, si elle est acceptée, modifiera profondément la nature même de notre sport, qui est un sport d'évitement ET de combat.»
C'est un peu comme si Mourad Boudjellal, arroseur arrosé, s'invitait à une conférence de presse pour stigmatiser les présidents-propriétaires d'avoir davantage d'argent à dépenser que lui dans leurs clubs respectifs et regretter que le rugby d'élite français soit devenu une «foire aux bestiaux» depuis l'époque où il s'amusait à prêter sa Ferrari à Tana Umaga pour que l'ancien All Black aille la garer devant les terrasses du Mourillon, et surtout après avoir recruté - pour le plaisir, s'entend, et pas à prix d'or - George Gregan, Victor Matfield, Ali Williams, Ma'a Nonu, Bryan Habana, Jonny Wilkinson et autres princes consorts.
Pourtant, des passes, Fatima - vous permettez que je vous appelle Fatima ? - les Toulonnais s'en font, latérales, inutiles, molles et personne pour franchir la ligne d'avantage. Tout fout le camp, valeurs, vertus et coups de casque. Restent les grâces de danseur étoile d'un Malakai Fekitoa pour garder le ballon dans l'aire de jeu et offrir l'essai d'une claquette digne de Fred Astaire, le genre de beauté que n'aurait pas désavoué feu Félix Mayol. Un qui avait un peu moins de grâce et un peu plus de graisse, c'est le frère de Sekou Macalou, entré sur la pelouse de Jean-Bouin, ce même dimanche, pour se mêler au fight qui impliquait Julian Savea, façon Booba-Kaaris mais le flacon de parfum en moins. La prochaine fois, mettons en relation l'épouse du All Black et le frère du flanker tricolore pour voir ce que ça donne.
En attendant ce face-à-face, des passes, il y en aura de plus en plus. D'autant que la FFR vient d'interdire le passage en force dans les catégories de jeu moins de quatorze ans. Mieux vaut une curieuse idée mise rapidement en place pour faire bouger les lignes qu'une très bonne qui serait si trop longtemps discutée qu'elle ne finirait par ne jamais voir le jour. C'est comme pour les choix des ouvreurs : «Je préfère la mauvaise option rapidement jouée que la bonne trop lentement», assurait Bennie Osler, l'ouvreur springbok des années 30.
Je garde le souvenir de tel fils d'entraîneur, du côté de Béziers, placé à l'ouverture en cadets pour transpercer au plus vite la défense adverse, sans qu'aucun de ses partenaires de la ligne de trois-quarts ne touche le ballon. Ou telle autre progéniture d'un collègue de bureau, gamin plus gros, plus grand et plus lourd que partenaires et adversaires, foncer droit dans le tas, ballon sous le bras, encouragé et filmé par son père depuis la touche jusqu'à ce qu'il tombe et que l'action s'arrête avec lui. Si les nouvelles directives de la DTN dont Laporte s'est fait le héraut permettent d'éviter ce gâchis, j'adhère.
Sauf que j'apprends que cette idée, qui consiste à fermer les stands d'auto-tamponneuses, devrait être présentée à World Rugby à la fin de sa période d'essai, c'est-à-dire d'ici juin. Et pas seulement pour être validée chez les moins de quatorze ans mais pour être étendue à toutes et à tous. Ce qui en ferait le plus important changement de règlement de l'histoire, à égalité avec la fin du hacking (arrêt du porteur du ballon par coup de pied dans le tibia), la composition à quinze joueurs, la fin du rover (troisième-ligne détaché qui pouvait suivre la progression du ballon sur les phases statiques), l'obligation de trois joueurs en première-ligne et la permission de l'ascenseur en touche, etc.
Le rugby est un sport en perpétuelle évolution, on le sait bien ici à force de le répéter. Depuis l'après-guerre et le drop-goal à quatre points (le demi de mêlée toulousain Yves Bergougnan, dit Le Requin, fut le dernier à en réussir un en match international), l'ovale cherche la quadrature du cercle dans sa quête du Graal, à savoir devenir saison après saison un sport toujours plus spectaculaire et sans danger, transformation clairement accélérée depuis le passage au professionnalisme en 1995 et l'afflux des droits télé qui allait avec dans l'hémisphère sud.
«Ça doit faire rire, cette règle du "passage en force" qui deviendrait bientôt généralisée. Quand ils jouent, je ne vois pas les All Blacks ou les Ecossais passer en force, se marre cet ancien international toulousain à la feinte chaloupée avec lequel j'échangeais sur le sujet. C'est vraiment une problématique franco-française. Quand on fait de Bastareaud capitaine du XV de France le symbole de notre rugby, difficile d'y comprendre quelque chose. "Gardez ça pour vous !" : voilà ce que les Néo-Zélandais ou les Ecossais vont répliquer, et ils auront raison, quand nos dirigeants leur présenteront ce projet. Commençons donc par appliquer la recherche d'intervalles et le jeu de passes en équipe de France avant de vouloir tout changer chez les autres... D'autant que cette règle, si elle est acceptée, modifiera profondément la nature même de notre sport, qui est un sport d'évitement ET de combat.»
mercredi 12 septembre 2018
Signé Furax
A l'heure où l'exclusion devient règle, cartons rouges et fièvre jaune, frontières fermées en Europe et tribune de presse interdite à Biarritz, il convient de malaxer tout ça pour s'apercevoir à quel point il est plus constructif d'assembler ce qui nous réunit plutôt que de stigmatiser ce qui nous sépare. Et me revient une anecdote pour illustrer ce Clochemerle qu'est le rugby de chez nous où s'opposent régulièrement les avis contraires sur fond de règlement de compte.
A l'époque - 1986 - le XV de France s'entraînait à Clairefontaine en lisière de forêt sur un joli domaine, propriété de la maison Ricard tenue par cet immense joueur qu'est Benoît Dauga. A cette époque aussi, outre une naïade dévêtue au point d'afficher généreusement ses attributs les plus oblongs pour le plus grand bénéfice de jeunes générations de lecteurs s'éveillant au plaisir du sport en solitaire, L'Equipe Magazine distribuait chaque samedi son carton rouge et son carton jaune.
L'un d'eux, adressé à Jacques Fouroux pour la non-sélection de je ne sais plus quel troisième-ligne aile, provoqua l'ire du Gascon. Toujours prêt à ferrailler mais non dénué d'humour, il fit imprimer une poignée de cartons, roses et jaunes, et planta son factotum, Henri Fourès, à l'entrée du château, qui hébergeait les joueurs mais aussi le staff, et dont la grande pièce à gauche en entrant faisait office de salle de vie, de réunion, de massage et de presse. Tout le monde s'y croisait en permanence durant la journée.
Ce matin-là, gêné aux entournures, Fourès, ancien deuxième-ligne international, distribua donc les cartons: roses pour les journalistes de L'Equipe, jaunes pour les reporters des autres médias. Les roses, évidemment, n'avaient pas le droit de pénétrer au château, dont l'entrée était autorisée pour les jaunes. Que croyez-vous qu'il arriva au sein de cette belle corporation qui est la mienne ? Et bien les journalistes de L'Equipe restèrent sur le perron et les autres se mirent vite au chaud sans un regard ni un commentaire.
J'ai les noms. Mais je ne vous les livrerai pas. Par charité. Il y avait quelques prix Nobel de lâcheté et un quarteron de lèche-bottes prêts à toutes les compromissions pour un écho à glaner. Seul Jean-Pierre Mogui, du Figaro, s'était solidarisé en jouant à mes côtés l'extérieur. Sa cigarette consumée, nous avons forcé gentiment le barrage goguenard du néanmoins conciliant Fourès pour nous réchauffer d'un café au comptoir - parce qu'il y avait un comptoir au château, Ricard oblige - tandis que Francis Delteral, d'un coup de téléphone remonté au président Albert Ferrasse, accélérait la fin à cet épisode.
Les relations entre acteurs du sport et médias sont parfois conflictuelles à la lumière du distinguo qui ne l'est pas toujours entre information et communication. Sans parler des reportages sponsorisés par telle ou telle marque, et des obligations contractuelles qui font des joueurs des sandwiches. Tous les jours, depuis cette cocasserie signée Furax, j'apprécie de pouvoir échanger sans contrainte ni cadre formel avec ceux qui font le rugby. Quant à Fouroux, si nous avons ensuite bataillé à fleurets plus ou moins mouchetés, c'était toujours au nom du jeu. Pour finir par nous estimer.
Le jeu, parlons-en : parfois dévoyé, et délibérément. Au point d'accoucher du match le plus nul de l'histoire du rugby, cet UBB-MHR de samedi dernier que l'on peut considérer comme une vraie faute professionnelle partagée par une quarantaine de salariés et deux staffs cyniques, ceux de Vern Cotter et de Rory Teague. Pendant ce temps-là, Thomas Lièvremont s'exporte aux Carpates entraîner l'équipe nationale de Roumanie. Faudra-t-il instaurer un jour les CIFF (coach issu de la filière française) ?
S'il était resté parmi nous au lieu de quitter le terrain en 2005, Fouroux aurait certainement, comme ces bateleurs que sont Bernard Laporte, Daniel Herrero et Mourad Boudjellal, son émission de télé ou de radio, voire une chronique régulière dans la presse nationale. Et il n'aurait pas manqué de relever la composition d'équipe de Clermont avec ses cinq trois-quarts centres. Lui qui rêvait de physico-techniques, il serait servi, aujourd'hui : Toeava, Penaud, Lamerat, Fofana, Moala, pour un rugby fluide, dans l'espace, en recherche de décalage.
Jean Dauger, le père de tous les centres, a dit : "Il existe une relation directe entre l'allure et la technique. Il faut courir avec le ballon tenu à deux mains. On peut ainsi le passer à toute moment à droite et à gauche. Cette libération est importante. Elle oblige à avoir le buste droit et la tête haute. Ce regard relève tout le corps. Ce n'est pas une recherche esthétique particulière : la technique détermine l'allure, et non l'inverse. Le dépouillement de certains gestes du rugby rejoint l'art dans le sens où la facilité n'est que le fruit d'un long travail."
Nous étions, l'ami Jacques Rivère et moi, assis face à Jean Dauger dans le cagibi qui lui tenait lieu de bureau, dans le gymnase Lauga, en contrebas du stade qui porte désormais, à Bayonne, son nom. "Beaucoup d'écrivains, de peintres, de musiciens, de sculpteurs sont venus vers moi, nous avoua-t-il. Ils étaient, pour la plupart, supérieurement intelligents, et découvraient l'homme en mouvement à travers le sportif. Grâce à ce rapprochement, j'ai pu comprendre que le joueur de rugby était aussi un artiste. Sa création à lui est instantanée, imprévisible. Le centre, son art consiste à créer des espaces, à faire marquer les autres." Nous y voilà. Clermont ? Dix-huit essais en trois matches.
Et Dauger, visionnaire, de conclure * : "En fait, tout le monde devrait savoir passer le ballon dans le bon temps, au milieu de la défense, redresser une course, rester lucide. Tous les joueurs devraient être des centres. Surtout les avants. C'est la clé du rugby de demain", prophétisait-il en 1983. "Trop souvent, on va chercher le plaquage. En fait, il suffit d'arrêter l'adversaire à deux mètres pour qu'il soit battu. D'ailleurs, les plus beaux essais sont marqués lorsque les joueurs passent cette balle avant d'être plaqués." On pense à l'essai du bout du monde de 1994, de la relance de Saint-André à la dernière passe d'Accoceberry. Toujours d'actualité, sauf que maintenant c'est en regardant évoluer les All Blacks qu'on s'extasie.
* Le Rugby au Centre (Editions Jean Lacoste, 2003)
A l'époque - 1986 - le XV de France s'entraînait à Clairefontaine en lisière de forêt sur un joli domaine, propriété de la maison Ricard tenue par cet immense joueur qu'est Benoît Dauga. A cette époque aussi, outre une naïade dévêtue au point d'afficher généreusement ses attributs les plus oblongs pour le plus grand bénéfice de jeunes générations de lecteurs s'éveillant au plaisir du sport en solitaire, L'Equipe Magazine distribuait chaque samedi son carton rouge et son carton jaune.
L'un d'eux, adressé à Jacques Fouroux pour la non-sélection de je ne sais plus quel troisième-ligne aile, provoqua l'ire du Gascon. Toujours prêt à ferrailler mais non dénué d'humour, il fit imprimer une poignée de cartons, roses et jaunes, et planta son factotum, Henri Fourès, à l'entrée du château, qui hébergeait les joueurs mais aussi le staff, et dont la grande pièce à gauche en entrant faisait office de salle de vie, de réunion, de massage et de presse. Tout le monde s'y croisait en permanence durant la journée.
Ce matin-là, gêné aux entournures, Fourès, ancien deuxième-ligne international, distribua donc les cartons: roses pour les journalistes de L'Equipe, jaunes pour les reporters des autres médias. Les roses, évidemment, n'avaient pas le droit de pénétrer au château, dont l'entrée était autorisée pour les jaunes. Que croyez-vous qu'il arriva au sein de cette belle corporation qui est la mienne ? Et bien les journalistes de L'Equipe restèrent sur le perron et les autres se mirent vite au chaud sans un regard ni un commentaire.
J'ai les noms. Mais je ne vous les livrerai pas. Par charité. Il y avait quelques prix Nobel de lâcheté et un quarteron de lèche-bottes prêts à toutes les compromissions pour un écho à glaner. Seul Jean-Pierre Mogui, du Figaro, s'était solidarisé en jouant à mes côtés l'extérieur. Sa cigarette consumée, nous avons forcé gentiment le barrage goguenard du néanmoins conciliant Fourès pour nous réchauffer d'un café au comptoir - parce qu'il y avait un comptoir au château, Ricard oblige - tandis que Francis Delteral, d'un coup de téléphone remonté au président Albert Ferrasse, accélérait la fin à cet épisode.
Les relations entre acteurs du sport et médias sont parfois conflictuelles à la lumière du distinguo qui ne l'est pas toujours entre information et communication. Sans parler des reportages sponsorisés par telle ou telle marque, et des obligations contractuelles qui font des joueurs des sandwiches. Tous les jours, depuis cette cocasserie signée Furax, j'apprécie de pouvoir échanger sans contrainte ni cadre formel avec ceux qui font le rugby. Quant à Fouroux, si nous avons ensuite bataillé à fleurets plus ou moins mouchetés, c'était toujours au nom du jeu. Pour finir par nous estimer.
Le jeu, parlons-en : parfois dévoyé, et délibérément. Au point d'accoucher du match le plus nul de l'histoire du rugby, cet UBB-MHR de samedi dernier que l'on peut considérer comme une vraie faute professionnelle partagée par une quarantaine de salariés et deux staffs cyniques, ceux de Vern Cotter et de Rory Teague. Pendant ce temps-là, Thomas Lièvremont s'exporte aux Carpates entraîner l'équipe nationale de Roumanie. Faudra-t-il instaurer un jour les CIFF (coach issu de la filière française) ?
S'il était resté parmi nous au lieu de quitter le terrain en 2005, Fouroux aurait certainement, comme ces bateleurs que sont Bernard Laporte, Daniel Herrero et Mourad Boudjellal, son émission de télé ou de radio, voire une chronique régulière dans la presse nationale. Et il n'aurait pas manqué de relever la composition d'équipe de Clermont avec ses cinq trois-quarts centres. Lui qui rêvait de physico-techniques, il serait servi, aujourd'hui : Toeava, Penaud, Lamerat, Fofana, Moala, pour un rugby fluide, dans l'espace, en recherche de décalage.
Jean Dauger, le père de tous les centres, a dit : "Il existe une relation directe entre l'allure et la technique. Il faut courir avec le ballon tenu à deux mains. On peut ainsi le passer à toute moment à droite et à gauche. Cette libération est importante. Elle oblige à avoir le buste droit et la tête haute. Ce regard relève tout le corps. Ce n'est pas une recherche esthétique particulière : la technique détermine l'allure, et non l'inverse. Le dépouillement de certains gestes du rugby rejoint l'art dans le sens où la facilité n'est que le fruit d'un long travail."
Nous étions, l'ami Jacques Rivère et moi, assis face à Jean Dauger dans le cagibi qui lui tenait lieu de bureau, dans le gymnase Lauga, en contrebas du stade qui porte désormais, à Bayonne, son nom. "Beaucoup d'écrivains, de peintres, de musiciens, de sculpteurs sont venus vers moi, nous avoua-t-il. Ils étaient, pour la plupart, supérieurement intelligents, et découvraient l'homme en mouvement à travers le sportif. Grâce à ce rapprochement, j'ai pu comprendre que le joueur de rugby était aussi un artiste. Sa création à lui est instantanée, imprévisible. Le centre, son art consiste à créer des espaces, à faire marquer les autres." Nous y voilà. Clermont ? Dix-huit essais en trois matches.
Et Dauger, visionnaire, de conclure * : "En fait, tout le monde devrait savoir passer le ballon dans le bon temps, au milieu de la défense, redresser une course, rester lucide. Tous les joueurs devraient être des centres. Surtout les avants. C'est la clé du rugby de demain", prophétisait-il en 1983. "Trop souvent, on va chercher le plaquage. En fait, il suffit d'arrêter l'adversaire à deux mètres pour qu'il soit battu. D'ailleurs, les plus beaux essais sont marqués lorsque les joueurs passent cette balle avant d'être plaqués." On pense à l'essai du bout du monde de 1994, de la relance de Saint-André à la dernière passe d'Accoceberry. Toujours d'actualité, sauf que maintenant c'est en regardant évoluer les All Blacks qu'on s'extasie.
* Le Rugby au Centre (Editions Jean Lacoste, 2003)
mardi 4 septembre 2018
Avancer à tétons
«Couvrez ce sein que je ne saurais voir», écrivait Molière. Que le président de la FFR, égérie des combines, préfère sécher une réunion fédérale pour participer à la séance photo d'Hanouna, c'est un peu comme si nos Académiciens cooptaient Nabila sous la Coupole. «Non mais allô quoi !» Connue autant pour ses avantages que pour ses saillies, l'égérie des combinés préfigurait l'intérêt que le rugby porte désormais aux tétons. De coupables pensées viennent titiller nos azerty puisque tout est dans le style.
En rédigeant cette chronique, me voilà torse nu. Et vous vous en foutez. Vous avez raison. Mais c'est désormais à la mode. D'où l'avantage d'être Constance... On peut néanmoins croire que pour d'évidentes raisons, montrer ses seins à la radio n'a que peu d'intérêt et ne touche pas le bon sens. Mais non. Sachez-le, tout est filmé : nos rues, certains ébats et donc les débats radiodiffusés. L'aphoriste Jean-Pierre Rives reconnaissait pour sa part trois choses inutiles : «Les seins d'une nonne, les couilles du Pape et les questions posées à l'arbitre à la fin d'un match.» Il pourrait y ajouter les modifications au règlement pour rendre le rugby moins traumatisant.
Interrogé récemment par Carole Gomez, chercheuse à l'IRIS, au sujet de l'évolution de notre sport, j'ai bien été obligé de lui avouer que depuis 1995 que le rugby était devenu open, la courbe exponentielle des changements de règles, aussi vertueux soient-ils, avaient radicalement transformé un sport d'évitement et de contact en sport d'empêchement et de destruction. Nous nous trouvons aujourd'hui à un moment charnière : la pratique de notre sport deviendra universelle ou ne sera plus.
Il y a vingt ans, le rugby français basculait à son tour : après trois ans de réflexion, la FFR, sous la présidence de Bernard Lapasset, choisissait de quitter la gangue amateur. Naissait aussi la LNR, égrenant ses clubs pros. Ce changement de paradigme paraissait vital à l'époque, et il l'était. Pour en finir avec l'amateurisme marron, les contournements fiscaux et les dessous de table. Mais personne n'imaginait à quoi ressemblerait le jeu. Vingt ans après ce choix, seules les fédérations anglaises et françaises sont dans le vert, seuls les championnats de clubs français et anglais sont solvables.
Comme l'axe franco-allemand construisit l'Europe d'aujourd'hui, le duo franco-anglais mène l'ovale dans tous les domaines. Sauf dans celui de la pratique, dominée par les idées du sud. Mêlée redressée, touche élaguée, ruck nettoyé, passe «légèrement» en-avant acceptée sous conditions, arbitrage vidéo modèle court métrage, remplacements démultipliés : jamais sport n'a autant tordu son ADN en voulant le fluidifier. Sans y parvenir.
Le rugby a longtemps été considéré comme viril mais correct, sport de voyous pratiqué par des gentlemen, et la loi du talion une façon consensuelle de régler à l'amiable les litiges. On recevait autant qu'on donnait, on prenait parfois cher mais en y apprenant autant. L'esprit plutôt que la lettre, en somme. On montrait son cul sur les quais de gare ou à l'arrière de l'autocar, et ça ne tournait pas en boucle comme est devenue virale la vidéo de cette humoriste qui avança dans sa chronique à tétons.
Il en existe huit types, si l'on en croit les connaisseurs, et c'est à partir de cette ligne allant d'un point à l'autre que la législateur va tracer la limite au-delà de laquelle le plaqueur ne pourra plus aller. Puis elle descendra année après année jusqu'au bassin. Les âmes ne sont pas blessées dans ces arrêts-buffet mais bien les corps. Et les cœurs à l'arrêt. Cette décision d'abaisser la ligne permettra peut-être d'inclure les nations émergeantes des continents Asie, Amérique du Sud et Afrique au grand concert international ; aussi de rassurer les mères de familles au moment d'inscrire leur progéniture à l'école de rugby.
Dans un riche entretien réalisé par Simon Valzer pour le dernier Midol Mag, à la question "A quoi ressemblera le rugby dans vingt ans ?", Christophe Urios a répondu : «J'espère juste que deux ou trois choses ne seront pas perdues comme l'essence de notre jeu d'abord qui est l'amitié. Je souhaiterais aussi que les entraîneurs gardent leur dimension d'éducateurs, et que leur mission ne se borne pas à la victoire à court terme. Il faudrait mettre les meilleurs entraîneurs auprès des jeunes ainsi que les meilleurs préparateurs physiques, comme réintroduire le rugby à l'école. J'ai été assez impressionné par ce qu'a fait l'équipe de France de football au dernier Mondial. J'ai trouvé que cette équipe avait réussi à donner une dimension humaine à son aventure. Inspirons nous de son exemple.»
J'ai appris ce jour dans une notice nécrologique de Libération le décès de l'ancien grand éditorialiste de L'Equipe, Gérard Edelstein, à 84 ans. Cultivé, intransigeant, entré dans la profession en 1956, il personnifiait l'éthique faite homme aux yeux du jeune journaliste qui passait pour la première fois en 1985 sous l'arche de la rue du Faubourg-Montmartre. Chaque jour ou presque de la semaine, sa chronique sans fard était attendue et scrutée. Toujours stylée, elle donnait le ton et nous réveillait. Personne n'y échappait, pas même ses confrères, enfin ceux qu'il jugeait coupables d'errements. Car il avait le jugement sûr, Gérard Edelstein. Et des convictions. Ses mots pesaient, évalués au trébuchet. Ce point final lui est dédié.
En rédigeant cette chronique, me voilà torse nu. Et vous vous en foutez. Vous avez raison. Mais c'est désormais à la mode. D'où l'avantage d'être Constance... On peut néanmoins croire que pour d'évidentes raisons, montrer ses seins à la radio n'a que peu d'intérêt et ne touche pas le bon sens. Mais non. Sachez-le, tout est filmé : nos rues, certains ébats et donc les débats radiodiffusés. L'aphoriste Jean-Pierre Rives reconnaissait pour sa part trois choses inutiles : «Les seins d'une nonne, les couilles du Pape et les questions posées à l'arbitre à la fin d'un match.» Il pourrait y ajouter les modifications au règlement pour rendre le rugby moins traumatisant.
Interrogé récemment par Carole Gomez, chercheuse à l'IRIS, au sujet de l'évolution de notre sport, j'ai bien été obligé de lui avouer que depuis 1995 que le rugby était devenu open, la courbe exponentielle des changements de règles, aussi vertueux soient-ils, avaient radicalement transformé un sport d'évitement et de contact en sport d'empêchement et de destruction. Nous nous trouvons aujourd'hui à un moment charnière : la pratique de notre sport deviendra universelle ou ne sera plus.
Il y a vingt ans, le rugby français basculait à son tour : après trois ans de réflexion, la FFR, sous la présidence de Bernard Lapasset, choisissait de quitter la gangue amateur. Naissait aussi la LNR, égrenant ses clubs pros. Ce changement de paradigme paraissait vital à l'époque, et il l'était. Pour en finir avec l'amateurisme marron, les contournements fiscaux et les dessous de table. Mais personne n'imaginait à quoi ressemblerait le jeu. Vingt ans après ce choix, seules les fédérations anglaises et françaises sont dans le vert, seuls les championnats de clubs français et anglais sont solvables.
Comme l'axe franco-allemand construisit l'Europe d'aujourd'hui, le duo franco-anglais mène l'ovale dans tous les domaines. Sauf dans celui de la pratique, dominée par les idées du sud. Mêlée redressée, touche élaguée, ruck nettoyé, passe «légèrement» en-avant acceptée sous conditions, arbitrage vidéo modèle court métrage, remplacements démultipliés : jamais sport n'a autant tordu son ADN en voulant le fluidifier. Sans y parvenir.
Le rugby a longtemps été considéré comme viril mais correct, sport de voyous pratiqué par des gentlemen, et la loi du talion une façon consensuelle de régler à l'amiable les litiges. On recevait autant qu'on donnait, on prenait parfois cher mais en y apprenant autant. L'esprit plutôt que la lettre, en somme. On montrait son cul sur les quais de gare ou à l'arrière de l'autocar, et ça ne tournait pas en boucle comme est devenue virale la vidéo de cette humoriste qui avança dans sa chronique à tétons.
Il en existe huit types, si l'on en croit les connaisseurs, et c'est à partir de cette ligne allant d'un point à l'autre que la législateur va tracer la limite au-delà de laquelle le plaqueur ne pourra plus aller. Puis elle descendra année après année jusqu'au bassin. Les âmes ne sont pas blessées dans ces arrêts-buffet mais bien les corps. Et les cœurs à l'arrêt. Cette décision d'abaisser la ligne permettra peut-être d'inclure les nations émergeantes des continents Asie, Amérique du Sud et Afrique au grand concert international ; aussi de rassurer les mères de familles au moment d'inscrire leur progéniture à l'école de rugby.
Dans un riche entretien réalisé par Simon Valzer pour le dernier Midol Mag, à la question "A quoi ressemblera le rugby dans vingt ans ?", Christophe Urios a répondu : «J'espère juste que deux ou trois choses ne seront pas perdues comme l'essence de notre jeu d'abord qui est l'amitié. Je souhaiterais aussi que les entraîneurs gardent leur dimension d'éducateurs, et que leur mission ne se borne pas à la victoire à court terme. Il faudrait mettre les meilleurs entraîneurs auprès des jeunes ainsi que les meilleurs préparateurs physiques, comme réintroduire le rugby à l'école. J'ai été assez impressionné par ce qu'a fait l'équipe de France de football au dernier Mondial. J'ai trouvé que cette équipe avait réussi à donner une dimension humaine à son aventure. Inspirons nous de son exemple.»
J'ai appris ce jour dans une notice nécrologique de Libération le décès de l'ancien grand éditorialiste de L'Equipe, Gérard Edelstein, à 84 ans. Cultivé, intransigeant, entré dans la profession en 1956, il personnifiait l'éthique faite homme aux yeux du jeune journaliste qui passait pour la première fois en 1985 sous l'arche de la rue du Faubourg-Montmartre. Chaque jour ou presque de la semaine, sa chronique sans fard était attendue et scrutée. Toujours stylée, elle donnait le ton et nous réveillait. Personne n'y échappait, pas même ses confrères, enfin ceux qu'il jugeait coupables d'errements. Car il avait le jugement sûr, Gérard Edelstein. Et des convictions. Ses mots pesaient, évalués au trébuchet. Ce point final lui est dédié.
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