Il est maintenant temps pour moi de baisser le rideau sur une saison dont la queue de comète éclaire les terres australes, trois tests du XV de France chez les Wallabies à huis-clos et surtout une tournée des Lions britanniques et irlandais en Afrique du Sud qui s'annonce tellurique. Pour les vacances, si vous voulez rester disponible au ras du ruck, je vous conseille Rugby, amour et fantaisie - 50 histoires du monde d'avant, écrit par mon ancien collègue de L'Equipe et toujours voisin dans l'Essonne, Francis Delteral (éditions Solar).
Rugby d'un autre temps ? Pas certain car il y a aujourd'hui Melvyn Jaminet, Gabin Villière, Teddy Iribaren, Brice Dulin, Antoine Dupont et Arthur Retière pour perpétuer l'esprit du jeu tel que magnifié par Antoine Blondin et que l'on retrouve dans l'introduction de ce florilège d'anecdotes pour beaucoup inconnues du grand public. "L'initiative du plus fragile peut abolir un labeur de bâtisseurs de cathédrales. Car il n'existe pas de joueur de rugby, il n'y a que des équipes. Les grands sautent, les petits s'infiltrent, les lourdes s'enfoncent, les légers s'évadent. Et s'il faut de tout pour faire un monde, sur le pré il faut du monde pour faire un tout."
Débordant sur le titre d'une romance de Luigi Comencini, Francis Delteral nous plonge dans la comédie du rugby, avec ses personnages truculents et picaresques, mais aussi quelques figures oubliées, toutes générations confondues. Ainsi André Lannes, Alain Porthault, André Lubrano, Michel Debet, John Noble, Max Godemet, Jérôme Riondet, Philippe Leroy-Beaulieu, Pierre Ramouneda, Charles Rocca, Andy McDonald, Philippe Lebel, Andy Ripley...
De notre côté, Benoit Jeantet et moi affinons notre manuscrit mis en page aux éditions Privat, intitulé Jeux de Lignes - Littérature et rugby, un ouvrage qui sera publié fin août et qui doit beaucoup à notre blog Côté Ouvert puisque le socle de ce livre est construit sur l'idée d'un lien entre les romanciers et la balle ovale qu'il était prévu de développer lors du Quinconces d'avril 2020 à Uzerche reporté pour cause de Covid. Rien ne se perd, tout se transforme...
Avec une sensibilité toute vibratoire, Dimitri Yachvili nous a honoré de sa préface, lui qui s'essaye aussi depuis quelques temps à l'écriture, essai qui se referme sur une interview de Pierre Villepreux, auteur de Intercalé (Hugo et Co, 2011), expérience d'écriture qu'il détaille et associe au tempo d'un match... Avant de nous retrouver début août, voici trois crochets intérieurs qui aiguiseront, je l'imagine, votre curiosité : le regard que Pierre Berbizier porte sur Jack Kerouac, les raisons pour lesquelles Jean Bouilhou a prénommé sa fille Dalva, la rencontre entre Dominique Harize et Kléber Haedens... D'ici là, bonnes vacances !