Après avoir été mis comme jamais dans des conditions idéales pour décrocher le titre mondial, le XV de France va devoir réapprendre l'humilité en évitant de répéter le chapelet d'erreurs - préparation physique déficiente, compositions d'équipes discutables, stratégie indécise - qui lui a tenu lieu de viatique, l'année dernière. Se débarrasser aussi des chiffres et des statistiques dont on sait qu'il est possible de leur faire dire tout et son contraire.
Espérons que le rugby français n'aura plus à fréquenter les tribunaux et que le prochain champion de France saura, comme le Stade Toulousain, extraire le meilleur de son jeu et ses plus belles inspirations. Qu'avant cela, le 2 février, le match d'ouverture du Tournoi des Six Nations face à l'Irlande à Marseille nous permettra d'admirer une jeune génération, celle qui sait gagner, dont les fleurons ont pour noms Tuilagi, Gazzotti, Gailleton et Depoortere, promesse d'un renouveau à condition que le staff tricolore veuille bien transformer l'équipe de façon conséquente. On attend de Fabien Galthié et de son nouveau staff qu'ils arment la flèche du temps à laquelle ils tiennent tant, pourquoi pas, mais alors qu'ils visent juste, cette fois-ci.
Réjouissons-nous, le Top 14 rebondit jusqu'au 7 janvier. Ce Championnat, qui est depuis toujours le point fort du rugby français, est aussi depuis au moins deux décennies son point faible, si l'on regarde à travers la focale tricolore : saison très (trop) longue et donc phases de régénération et d'athlétisation réduites d'autant, jeu presque partout stéréotypé, rythme peu élevé loin des canons du genre, recrutement intense d'internationaux étrangers limitant les places offertes aux jeunes pousses capables d'enrichir le XV de France...
Mais ne sommes-nous pas tous Basques et Catalans ? J'ai aimé, samedi et dimanche dernier pour fermer 2023 la force et la furia symbolisées par l'Aviron bayonnais et l'USAP, que ce soit à domicile dans un stade Jean-Dauger chauffé par le chœur des supporteurs ou à l'extérieur sous la pluie froide tarnaise qui doucha le public de Pierre-Fabre. Parvenir à se sublimer, faire corps, fendre l'adversité, s'unir pour une cause plus grande que la seule victoire, croire en soi et aussi en ses coéquipiers, ne jamais rien lâcher, c'est donc à ça, si nous le voulons, que ressemblera 2024 !