dimanche 24 avril 2022
Brennus au deuxième tour
mardi 12 avril 2022
Effet de manche
Alors que la Coupe d'Europe est censée nous apporter un brin d'exotisme, certes tout relatif, en nous offrant un effet de Manche, ces huitièmes de finale en deux sets croupissent dans l'eau des derbys entre régionaux de l'épate et autres rencontres en chien de fusil. Leinster-Connacht, Bristol-Sale, La Rochelle-Bordeaux et Racing 92-Stade Français : quel est l'intérêt de cette première étape de phase finale sinon d'écrémer les représentants irlandais, anglais et français ?
Où sont passés les Gallois et les Ecossais ? C'est bien la limite de cette compétition tronquée dès son entame avec deux poules et des affrontements parcellaires. Mais il faut bien que le spectacle continue, n'est-ce pas, même si l'équité sportive doit en souffrir. A l'heure où le calendrier marque les organismes, il aurait été de bon ton de limiter la phase finale - comme le fait notre Top 14 - à quelques matches de barrages avant de se rendre directement en demi-finales.
Le poussif derby d'Île-de-France en trois manches vire au chemin de croix d'un Stade Français incapable de se réinventer, même fort d'une centaine de millions d'euros. L'argent, et c'est heureux, n'achète pas tout et certainement pas l'esprit rugby. Mais cette implosion pose questions. Qu'est-ce qu'un club ? Qu'est-ce qu'une équipe ? Pourquoi un milliardaire a-t-il soudain envie d'être champion de France ? Quel parallèle tracer avec le Paris Qatar Saint-Germain ?
On constate aussi le coup d'arrêt bordelais. Mauvais récolte ? C'est pourtant la même équipe, ou presque, si l'on retranche une paire de deuxième-lignes et un ouvreur international, deux postes qui racontent le rugby, à savoir le devoir et l'orchestration, l'ombre et la lumière, deux façons d'attaquer la ligne d'avantage : dans l'affrontement et dans l'intervalle. Il y aurait beaucoup à écrire sur cette dichotomie qui est finalement un complément, et toute la richesse de ce jeu.
On suivra néanmoins avec intérêt la remontée de handicap des Toulousains à Belfast et des Clermontois à Leicester, ainsi que la façon dont Montpellier - la petite phalange qui monte, qui monte - va s'y prendre pour faire fructifier son bonus magnifiquement acquis pendant une heure à domicile et malencontreusement dépensé en fin de rencontre... Car si certaines oppositions manquent du charme que procure le mélange de genres, ce n'est pas le cas de ces trois-là, suspense à la clé.
J'ai lu une partie du buzz provoqué par la sortie dans les salles de cinéma du film sur le Stade Toulousain humblement titré Le Stade, comme s'il n'y en avait qu'un, ce que le Stade Rochelais et le Stade Français doivent apprécier, j'en suis persuadé. Historiquement, le stade, soit la distance d'environ 180 mètres, variait d'une cité l'autre. Ce documentaire en noir et rouge vaut surtout, semble-t-il, pour la présence "jeandujardinesque" du coach Mola, et j'offre un exemplaire de mon prochain ouvrage - De Pétrarque à Kerouac sur les pentes du mont Ventoux (éditions les défricheurs) - à celle ou celui qui livrera le décompte exact du nombre de fois où l'expression "putaing" est prononcée...
Cette apologie filmée des doubles champions - d'Europe et de France - en titre n'est pas la première tentative de rendre compte du rugby par un crochet intérieur. Au début de ma carrière de journaliste, en 1985, sortit Le cuir dans la peau, qui était une visite de Graulhet - là-aussi du rouge et du noir, mais en plus abrasif. Le battage médiatique de cette première immersion ovale resta très mesuré. Depuis, les docus filmés plongeant dans la psyché ovale n'ont pas manqué (on en compte 67). De Score (1980) à Ocean Apart (2020) en passant par Beau Joueur (2019) et le corpus de Christophe Vindis, je n'en tiens pas liste exhaustive. Alors je vous invite à déposer votre contribution afin de nourrir de cette chronique la fin.