Maintenant, on sait. Pour espérer remporter le dixième trophée Webb-Ellis dans deux mois, mieux vaut miser sur la conservation que sur la dépossession, jouer des appuis sur les "un contre un" pour éviter l'arrêt-buffet, aligner les temps de jeu pour rebattre la défense et poser le plus rarement possible le ballon au sol. Samedi 15 juillet face aux champions du monde sud-africain, les All Blacks ont donné le ton. Le jeu sera de mouvement ou ne sera pas, ou alors trop peu. Voilà le XV de France prévenu.
dimanche 16 juillet 2023
L'été en pente douce
dimanche 9 juillet 2023
Ce jeu de Barrett
Nous voilà réfugiés sous le parasol tandis que le groupe France, au banc d'essai mais ballons remisés, aligne les sprints au rupteur en pleine canicule afin d'atteindre le plein niveau de stress. Les coéquipiers d'Antoine Dupont emmagasinent actuellement à Monaco les toxines tandis que Springboks et All Blacks, eux, additionnent les points avec une facilité déconcertante dans un Rugby Championship aux allures de répétition générale d'avant Mondial. Quels parcours plus contrastés que ce chemin de souffrance et ces voies du grand large...
A ce rugby de défi frontal inscrit à leur patrimoine génétique, les Springboks ont ajouté l'exquise dilution du jeu de passes en recherche d'intervalles, tendance esquissée lors du Mondial 2019 - mais en fin de rencontres - et qui a été samedi à Pretoria exprimée dès les premières minutes, en témoignent le "coup du chapeau" tiré par leur ailier de poche Kurt-Lee Arendse, transfuge du 7 capable de mystifier à trois reprises la défense wallaby, certes poreuse, mais quand même... Ils ont aussi offert à leur trois-quarts centre polyvalent André Esterhuizen toute latitude pour, à 29 ans, s'imposer en leader d'attaque, gabarit de troisième-ligne aile (1,94m, 110 kg) doté d'un jeu au pied subtil propre à semer le trouble dans les rangs adverses.
Quelques heures plus tard, les All Blacks n'ont pas attendu longtemps, eux aussi, pour enclencher leur premier match de l'année face à des Pumas aux griffes trop élimées. Et ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour le XV de France qui sera sur leur route, le 8 septembre prochain. Car on a retrouvé des Néo-Zélandais vifs et inspirés dans le sillage de leurs trois frères qui font du rugby un jeu de Barrett. A toi, à moi, et surtout à la nôtre, semblaient-ils dire en se transmettant le ballon comme un mot de passe. Fidèles en cela à une tradition visiblement remise au goût du jour.
Depuis la parution d'un ouvrage, l'ABC du rugby, dans lequel Charlie Saxton, ancien demi d'ouverture international devenu entraîneur puis manager dans les années 60 concentrait en une formule la méthode de jeu qu'il pensait la meilleure pour les hommes en noir, ceux-ci disposent d'un référent commun qui met en arborescence trois principes-clés : le placement des joueurs, la possession du ballon et le rythme de jeu. Samedi à Mendoza, ils ont de nouveau consacré cette formule. Saxton écrivait en exergue de son ouvrage : "Le rugby est un jeu d'attaque." Bien lu, bien reçu.
Nous avons ensuite savouré la montée du Puy de Dôme, théâtre d'une petite page épique dans le dernier kilomètre entre Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar, nos Anquetil-Poulidor des temps modernes, au milieu desquels n'est pas parvenu à se glisser l'inimitable Julian Alaphilippe. Avant de retrouver les jeunes pousses bleus, ces "fils de" opposés à l'Angleterre, avant-dernier obstacle sur la route d'un sacre promis en finale face à l'Irlande, vendredi prochain en apéritif propre à calmer notre appétit le temps d'un été qui monte en température.