Souvent premiers dans de nombreux domaines, les All Blacks s'organisèrent dès les années 80 pour nettoyer leur vestiaire à l'issue des matches internationaux afin de le laisser dans l'état où ils l'avaient trouvé, et parfois plus propre, quand d'autres équipes s'éloignaient après avoir jeté au sol leurs bouteilles en plastique, leurs bandages et les mottes de terre de leurs chaussures à crampons. Récemment, la vidéo montrant le champion du monde springbok Cheslin Kolbe ramassant les bouts de strapping sur la pelouse du Thomond Park de Limerick à l'issue du quart de finale européen du Stade Toulousain contre la province du Munster n'a pas été sans impact.
Cette prise de conscience fait écho au projet de Julien Pierre devenu réalité en février 2020, juste avant le premier confinement. "Quand j'ai arrêté ma carrière à Pau, j'ai repris les études à la Toulouse Business School et mon mémoire, c'était la création d'un label vert pour les clubs de sports. Tout le monde me disait que c'était une bonne idée. J'ai arrêté d'acquiescer et je me suis mis à la créer." Ainsi est né Fair Play For Planet, société engagée dans le monde sportif pour la protection de l'environnement à laquelle s'est associé la Section paloise, le CA Brive-Corrèze et l'Olympique Lyonnais (football), mais aussi d'autres clubs aux échelons inférieurs et bientôt une grande Ligue nationale.
"A travers Fair Play For Planet, nous voulons mettre en lumière et aider à la structuration du sport éco-responsable par des engagements simples et concrets. Par exemple, que les clubs travaillent avec les producteurs locaux sur des produits bio de saison, avec des fournisseurs d'énergie verte, qu'ils refusent les produits phytosanitaires pour l'entretien de leurs pelouse, et fassent bénéficier leurs supporteurs de réductions tarifaires en synergie avec les transports en commun, souligne-t-il. En fait, tout ce qui peut avoir un impact sur l'environnement."
Fair Play For Planet prend sa source aux Sables d'Olonne, en Vendée. "A l'âge de cinq ans, quand je me réveillais le matin, j'entendais le lion rugir dans mon jardin. Nous habitions le zoo créé par mon grand-père Louis, l'un des rares bio-parcs construits en France. J'ai été aussi marqué par l'engagement de mon oncle Pierre pour la protection des espèces et des éco-systèmes à travers le monde en lien avec les populations locales. Le déclic s'est opéré lors de mon voyage à Sumatra en 2009, où j'ai vu des forêts rasées." Le deuxième-ligne international contracta le palu, perdit vingt kilos, faillit arrêter le rugby, mais ramena d'Indonésie des convictions bien chevillées au corps.