Après le résultat probant du XV de France face à l'Australie, dimanche (41-17) et puisque les observateurs invoquent la dimension historique de ce tour de chauffe après la défaite (35-7) qu'infligèrent les Springboks aux All Blacks vendredi à Twickenham et l'euphorie fidjienne sur cette même pelouse qui laissa les Anglais battus (22-30), aphones et inquiets, précisons que le Mondial a débuté quinze jours avant le coup d'envoi du match d'ouverture. Une première.
Angleterre, Nouvelle-Zélande... A l'occasion des matches de préparation - qui peuvent être aussi ceux de la déconstruction - nos meilleurs ennemis ont singulièrement perdu de leur superbe, un peu de leur jeu et surtout l'occasion d'enclencher la compétition avec cette confiance qui sied aux grandes équipes. J'écris "meilleurs ennemis" car depuis 1987, Néo-Zélandais et Anglais ont toujours été l'écueil contre lequel se sont brisées les illusions tricolores. Cette fois-ci, ils sont en plein bouillon, ballotés. Faut-il y voir un signe encourageant ?
Privée de son capitaine Owen Farrell pour affronter d'entrée l'Argentine dans une poule qui comprend aussi les Samoa, l'Angleterre est logée - comme la Nouvelle-Zélande - à l'hôtel des joueurs brisés, le staff kiwi devant pour sa part reconstruire une deuxième-ligne après le carton rouge récolté par Scott Barrett et l'absence de Brodie Retallick ; sans parler de la blessure au genou des piliers titulaires, Tyrel Lomax et de Ethan de Roodt.
A contrario, les avants springboks ne souffrent pas d'un manque de puissance. C'est même à grands coups d'épaules qu'ils ont concassé leurs homologues, vendredi soir, et il fallait voir le visage des All Blacks au coup de sifflet final pour mesurer l'intensité des impacts. Fidèles à leur ADN, les Sud-Africains ont ajouté ces appogiatures au large et dans les intervalles qui les rendent actuellement irrésistibles, en tout cas idéalement placés pour un doublé mondial.
Nos blogueurs ont du talent. "Pour une fois, tous d'accord pour expliquer qu'il n'y rien à dire, ce qui devrait quand même prendre un peu de temps !" lâche Jan Lou, habitué des lieux qui ne sont jamais communs. La déconfiture des Kiwis nous interroge, et il n'est pas avisé de s'en réjouir tant que n'aura pas été mesuré sur leur mental l'effet à double tranchant de cette large défaite face au grand rival. Les All Blacks ne perdent jamais longtemps leurs moyens et, même après s'être débarrassés sans coup férir de Wallabies courts sur pattes, les Tricolores s'attendent à une réplique de haute intensité dans deux semaines.
Sortira début novembre aux éditions Passiflore le recueil des meilleures chroniques de ce blog.