dimanche 23 avril 2023
La rate au court-bouillon
lundi 10 avril 2023
Jaune et rouge
L'actualité dominante n'incite pas à la franche rigolade en ce lundi de pack. Déréglé, le climat drague le mercure et promet sur les bords de la Manche des étés à cinquante degrés. Alors que l'Ukraine assaillie n'est finit pas de serrer sa défense, Taïwan est menacé d'invasion par ses frères chinois à l'horizon 2025. Pendant ce temps-là, les banques centrales remontent les taux d'intérêts ce qui a pour effet, entre autres, de casser le cycle financier, en témoignent les faillites d'une poignée de banques, dont le Crédit Suisse, série en cours...
La course erratique du temps n'épargne pas le rugby. Aux chocs répétés dans le périmètre des rucks, aux plaquages désintégrants, aux gestes mal maîtrisés dans le feu de l'action, le directeur de jeu n'offre que sa bonne foi, épaulés d'assesseurs et d'arbitres vidéo, et dispose d'un arsenal qu'on jugeait naguère trop contraignant et qui semble aujourd'hui sinon dépassé du moins sujet inadapté à la violence conjoncturelle liée à l'engagement physique mis dans l'affrontement de colosses préparés à ce type de combat défensif.
Ainsi a-t-on vu M. Brace, déjugé par ses instances après avoir décidé d'infliger un carton rouge à Zach Mercer, condamnant ainsi en grande partie Montpellier à la défaite en quarts de finale de la Coupe des champions, hésiter au moment de sanctionner un Saracens dont la victime, Will Skelton, sortait sur civière après avoir été percuté à la carotide. Au plus haut niveau, la cohérence arbitrale fait défaut et c'est d'autant plus criant que les images des accidents de jeu son diffusées sous tous les angles à de multiples reprises, faisant de chacun d'entre nous un censeur impuissant.
Seraient envisagées - notez le conditionnel - de nouvelles armes dissuasives : le carton rouge décalé de quelques jours après visionnage vidéo intensif une fois le match terminé, et le carton orange qui permettrait au staff de remplacer le joueur fautif - lequel ne serait plus autorisé à revenir sur le terrain - au bout de vingt minutes. Tout cela pour éviter que déséquilibrer un match en distribuant un carton rouge. De quoi malheureusement compliquer davantage des situations qui le sont déjà par la nature complexe du rugby.
Alambiquée, cette Coupe intercontinentale des champions a vu, en quarts de finale, le meilleur du rugby français prendre le dessus sur les élites anglaises et sud-africaines de manière spectaculaire. La désormais fameuse "attaque verticale" couplée à la précision du grattage au sol ont mis, le week-end dernier, Toulouse et La Rochelle sur orbite, et je ne vois que les Irlandais du Leinster pour éviter qu'une finale franco-française trouve refuge à l'Aviva Stadium avant de déborder sur Temple Bar pour une troisième mi-temps à la hauteur des deux premières.
En attendant, après nous avoir nourris de derbies, le Top 14 remonte en scène. Ne restent plus désormais que quatre journées pour élire les six clubs qui disputeront la phase finale. Resserrés entre la cinquième et la huitième place, Bordeaux, Toulon, le Racing et Bayonne se tiennent en quatre points. Là aussi, frotter tension et pression comme deux silex ne peut déboucher que sur des étincelles qui risquent d'enflammer la toile à chaque décision d'arbitrage. Cette année, nous fêtons le cinquantième anniversaire de la disparition de Picasso. Si le peintre malaguène œuvrait en rose et en bleu, les traits du rugby, eux, sont aujourd'hui jaune et rouge.